Chercheurs fantômes sous les tropiques
Publication 10 mars 2022, 06:30 CET

John Mganga, 67 ans, a été assistant à la station de recherche d’Amani. De 1970 à 1977, il y a travaillé avec l’entomologiste britannique John Raybould, capturant des spécimens au filet à papillons.
PHOTOGRAPHIE DE Evgenia ArbugaevaPrès de la bibliothèque de la station, entretenue avec soin, un panneau en anglais orne encore un mur : « Royaume du savoir et du silence ». Dans l’un des quatre laboratoires, une souris sous cloche appartient à une colonie élevée par un assistant depuis des années, au cas où les activités reprendraient.
PHOTOGRAPHIE DE Evgenia ArbugaevaDans l’un des quatre laboratoires, une souris sous cloche appartient à une colonie élevée par un assistant depuis des années, au cas où les activités reprendraient.
PHOTOGRAPHIE DE Evgenia Arbugaeva John Mganga met de l’ordre dans une étagère. « La population locale pensait que les chercheurs d’ici confectionnaient des potions dans ces bouteilles », explique la photographe Evgenia Arbugaeva. D’autres activités scientifiques étaient aussi considérées comme surnaturelles.
PHOTOGRAPHIE DE Evgenia ArbugaevaEvgenia Arbugaeva raconte que John Mganga aimait lui montrer ses souvenirs d’Amani. Parmi ceux-ci, une collection d’insectes, que John Raybould et lui avaient passé des années à rassembler et à étudier.
PHOTOGRAPHIE DE Evgenia ArbugaevaJohn Mganga est maintenant à la retraite. Il a « vraiment perdu quelque chose quand la station a fermé ses portes, dit Wenzel Geissler, anthropologue à l’université d’Oslo. Il croyait sincèrement en la science et en l’avenir du pays. Il a vécu dans ce rêve. Et il a souffert de le perdre. »
PHOTOGRAPHIE DE Evgenia Arbugaeva