Un photographe capture d’incroyables images de baleines franches australes
Publication 10 mars 2022, 06:30 CET

Cette photo donnant l’impression qu’il y en a deux distinctes a captivé la toile, avec sa juxtaposition de l’énorme masse de la baleine franche et d’un petit bateau, a captivé les imaginations.
Ironiquement, les baleines figurent parmi les créatures les plus gentilles de la planète et sont pourtant menacées du fait des activités de l’Homme.
Récemment parti en expédition à bord du National Geographic Explorer, Hofman a quitté Buenos Aires et les côtes patagoniennes d’Argentine pour naviguer vers Ushuaia, où il a pu photographier ces baleines franches australes.
Avec son appareil photo reflex numérique et une caméra sous-marine, il s’est approché le plus possible de ces animaux curieux et discrets.
« Toutes les photos ont été prises à moins de deux mètres », déclare Hofman dans une interview.
De tels résultats ont demandé une bonne préparation.
« Je me représentais cet événement presque tous les soirs avant d’aller me coucher », explique Hofman, ajoutant que son permis de plongée ne permettait à son groupe de ne rester qu’une journée sur place. « Les baleines franches australes étaient presque devenues une obsession pour moi, tellement je savais que je n’aurai pas d’autre chance de les voir. »
« Valdes Peninsula [au large des côtes argentines, où les photos ont été prises] est un endroit extrêmement exposé aux vents. Les autorités pouvant à tout moment en interdire l’accès, avoir un permis pour une seule journée était pour nous une sacrée prise de risque. »
Alors que cette photo faisait le tour d’Internet, certains ont mis en doute son authenticité.
« J’ai reçu de nombreux emails et commentaires avançant que ce cliché dessus/dessous était un faux », déclare Hofman. « Je vous promets qu’il ne s’agit pas d’une composition de deux photos et que cela n’a été rendu possible qu’avec l’aide d’un capitaine très expérimenté qui a su placer son bateau dans la position parfaite. »
PHOTOGRAPHIE DE Photo de Justin HofmanLa baleine franche est une des espèces les plus rares de la planète. En anglais, elles tirent leur nom « right whale » du fait que leurs premiers chasseurs marquaient les « bonnes » baleines à tuer.
Les baleines franches australes viennent des eaux tempérées de l’hémisphère sud. Elles migrent vers Valdes Peninsula tous les ans à cette époque pour y élever leur progéniture.
Toutefois, les baleines franches n’ont pas eu la vie facile récemment.
Ces dernières années, les animaux ont connu une série de décès, touchant des baleineaux dans près de 90% des cas. Les hypothèses vont bon train, de la pénurie de nourriture aux toxines contenues dans ce que les baleineaux ingèrent.
Mais tout espoir n’est pas perdu pour les baleines, qui font l’objet de nombreux efforts en matière de protection et dont la démographie semble être repartie à la hausse, d’après certaines études.
Sur cette photo, on voit Max Westman, chef à bord du National Geographic Explorer, également ami et compagnon de plongée d’Hofman, approcher une baleine franche.
« Il n’était pas complètement rassuré à l’idée de plonger avec les baleines », reconnaît Hofman. « Mais je lui ai demandé de me faire confiance et il m’a suivi. Il s’en est brillamment sorti. »
PHOTOGRAPHIE DE Photo de Justin HofmanBien qu’Hofman suive les baleines franches depuis des années, elles continuent de le surprendre.
« Une fois, nous plongions en SCUBA [scaphandre autonome], assis au fond à côté d’une maman baleine. Elle était comme un trépied bleu sur fond de sable », raconte Hofman.
« Nous nous sommes assis là et l’avons observée pendant plusieurs minutes afin de nous assurer qu’elle n’était pas perturbée par notre présence. Ensuite, nous avons nagé vers elle pour prendre des photos », continue-t-il. « Du fait du manque de visibilité, nous nous sommes beaucoup rapproché d’elle.
J’étais assis au fond de l’eau, à peine quelques mètres d’une énorme maman baleine que je regardais droit dans les yeux. Et elle me rendait ce regard.
Elle a ensuite fermé les yeux, et nous a complètement oubliés. Je n’arrivais pas à croire qu’une mère avec son baleineau puissent avoir confiance au point de piquer un petit somme devant nous. »
PHOTOGRAPHIE DE Photo de Justin HofmanHofman n’est pas photographe de formation, mais il a développé un don pour la composition. Animé par un véritable amour pour les voyages et la vie sauvage, il a su transcender les standards en matière d’image pour produire des clichés perçus comme à la fois provocants et éblouissants.
Ce voyage a donné à Hofman l’occasion de se perfectionner et d’entrer en contact avec les baleines franches qu’il affectionne tant.
« Je sais comment interagir avec les animaux sauvages, je l’ai fait durant toute ma vie professionnelle », explique-t-il. « Mais c’était la première fois que j’avais cette opportunité de photographier des baleines. »
Cette passion pour les baleines franches lui est venue de ses expéditions avec Lindblad Expeditions.
« Nous croisions des baleines sur presque tous nos itinéraires », raconte-t-il. « Je crois qu’on peut dire qu’une histoire d’amour s’est construite au fil du temps ; désormais, je saisis toutes les occasions de photographier ces créatures charismatiques, la plupart du temps depuis la proue du navire. »
La photo ci-dessus est l'exemple même d'une occasion unique : une maman baleine retournée, se reposant à la surface de l’océan, survolée par des goélands dominicains. Ces derniers peuvent sembler inoffensifs, mais ils attaquent les baleines à grands coups de bec, laissant des blessures béantes qui peuvent avoir raison des baleineaux.
PHOTOGRAPHIE DE Photo de Justin Hofman