Le carnaval des Amériques
Animaux mythiques et diables facétieux : les costumes du carnaval honorent les racines africaines et indigènes et raillent au passage les anciens oppresseurs.

Les participants au carnaval de Guadeloupe frappent leurs tambours, les boulas, avant le Mercredi des Cendres, au cours de marches spontanées destinées à éveiller le public. Ces jeunes hommes ont le corps peint pour représenter, d’un côté, leurs ancêtres indigènes, de l’autre, leurs ancêtres marrons. Ils se tiennent dans l’eau, près de Baie-Mahault, afin de symboliser la traversée de l’Atlantique des plus de 12 millions d’Africains réduits en esclavage par les Européens entre les XVIe et XIXe siècles.
PHOTOGRAPHIE DE Charles FrégerDans tout le Brésil et à Boa Hora, une petite ville sucrière de l’État du Piauí, l’Épiphanie est célébrée la première semaine de l’année. Cet homme, déguisé en roi mage, participe à un reisado – une fête lors de laquelle des groupes de chanteurs, de danseurs et de musiciens se produisent dans les villages et reçoivent en retour nourriture et boissons.
PHOTOGRAPHIE DE Charles FrégerLa ville de Jacmel (Haïti) accueille l’un des carnavals les plus créatifs des Antilles. Selon le photographe français Charles Fréger, certains participants choisissent une approche rudimentaire, en utilisant des peintures corporelles colorées et d’autres matériaux aisément disponibles. Le premier carnaval organisé à Haïti eut lieu en 1927, quand les États-Unis occupaient le pays. Aujourd’hui, les Haïtiens se déguisent pour faire valoir les luttes sociales passées et présentes.
PHOTOGRAPHIE DE Charles FrégerSur l'île Sainte-Croix, comme dans l’ensemble des Antilles colonisées par les Britanniques, le carnaval accueille un personnage nommé John Bull, symbole de la prospérité et de la gloutonnerie de l’empire. Avant la vente de certaines îles Vierges aux États-Unis, l’effigie était souvent à base de fibres naturelles comme le raphia; de nos jours, elle est surtout composée de filaments de sacs en plastique. Parmi les variantes de John Bull, on compte Red Bull à Saint-Kitts-et-Nevis et Jonkonnu à la Jamaïque.
PHOTOGRAPHIE DE Charles FrégerLes Indiens du Mardi gras sont typiques du carnaval de La Nouvelle-Orléans ( États-Unis) : des Afro-Américains revêtent des costumes cérémoniaux pour honorer les Amérindiens qui aidèrent les Noirs à fuir l’esclavage aux États-Unis. Plusieurs semaines avant Mardi gras, des groupes paradent dans les rues, chacun avec son chef et ses porte-drapeaux. Ici, Travis Carter porte le drapeau du krewe des Uptown Warriors – un bâton richement orné.
PHOTOGRAPHIE DE Charles FrégerLe diable est un personnage-clé du carnaval dominicain. Celui-ci, nommé Tifuá, porte un masque pouvant notamment être confectionné à partir d’un crâne de bœuf, de cheval ou de vache. Quand les Tifuás envahissent les rues de San Juan de la Maguana (République dominicaine, leur mauvaise conduite effraie les enfants. Naguère, tout ce qui n’était pas de tradition catholique était qualifié de «diabolique», contraignant de nombreuses traditions africaines et indigènes à se fondre dans la culture des colons.
PHOTOGRAPHIE DE Charles FrégerVous aimerez aussi
Photographie
Célèbes, l'île où la mort n'est pas un adieu
Photographie
2021 en images : une nouvelle année sous le sceau du COVID
Photographie
2021 en images : le changement climatique ne peut plus être ignoré
Photographie
Vingt-huit jours sous la mer en images
Photographie
En images : la nature française vue du ciel