La consommation d'aliments ultra-transformés pourrait augmenter les risques de cancers

Une nouvelle étude suggère pour la première fois un lien entre la consommation d’aliments ultra-transformés et le sur-risque de développer un cancer au cours de sa vie.

De Romy Roynard
Publication 16 févr. 2018, 12:57 CET

Une nouvelle étude publiée le 15 février 2018 dans le British Medical Journal associant des chercheurs de l’Inserm, de l’Inra et de l’Université Paris 13 (Centre de recherche épidémiologie et statistique Sorbonne Paris Cité, équipe EREN) suggère pour la première fois un lien entre la consommation d’aliments ultra-transformés et le sur-risque de développer un cancer au cours de sa vie.

L'étude a considéré 104 980 participants au total. Parmi ces participants, 2 228 cas de cancers ont été diagnostiqués et validés. Sur ce panel d'étude, une augmentation de 10 % de la proportion d'aliments ultra-transformés a eu pour corollaire l'augmentation de 10 % de risques de développer un cancer et plus spécifiquement un cancer du sein.

Parmi les différentes hypothèses qui pourraient expliquer ces résultats, les chercheurs retiennent la moins bonne qualité nutritionnelle des aliments ultra-transformés, mais également leur composition : additifs, substances artificielles, matériaux en contact des aliments, etc. Si ces résultats étaient confirmés, reste à savoir si certains composants de ces aliments ultra-transformés ne joueraient pas directement un rôle dans l'augmentation des risques de développer un cancer.

 

QU'EST-CE QU'UN ALIMENT « ULTRA-TRANSFORMÉ » ?

Contrairement aux aliments transformés, qui sont des produits relativement simples, fabriqués avec des aliments naturels ou peu transformés auxquels on a ajouté du sel, du sucre ou d’autres substances comme l’huile ou le vinaigre, les aliments ultra-transformés sont des produits alimentaires et des boissons dont la fabrication comporte plusieurs étapes et techniques de transformation grâce à une variété d’ingrédients, dont beaucoup sont utilisés exclusivement par l'industrie agro-alimentaire.

« Ils se caractérisent souvent par une qualité nutritionnelle faible, mais aussi par la présence d'additifs alimentaires, de composés néoformés et de composés provenant des emballages et autres matériaux de contact » écrit l'Inserm dans un communiqué de presse.

Les produits ultra-transformés sont généralement pensés pour être consommés sous forme d'en-cas, d'apéritifs, de desserts ou de repas rapides, qui remplacent les plats préparés à base d'ingrédients naturels.

Ces aliments représentent 80 % de l'offre alimentaire en supermarchés, y compris dans les rayons diététiques où beaucoup de produits végétariens ou sans gluten, entre autres, sont ultra-transformés.

La notion d'aliment ultra-transformé est récente. Elle a été popularisée par les chercheurs de l’université de Sao Paulo au Brésil, et en France par Anthony Fardet, chercheur à l'Institut national de la recherche agronomique (INRA). Plusieurs études récentes ont démontré la corrélation entre la consommation d'aliments ultra-transformés et le risque accru de dyslipidémies, de surpoids, d’obésité, et d’hypertension artérielle. 

Un réfrigérateur qui déborde de barquettes de restes à emporter (à gauche) rend difficile le suivi des aliments avant qu’ils ne deviennent impropres à la consommation. Utiliser des légumes locaux (à droite) alors qu’ils sont encore frais requiert une planification rigoureuse des repas et un stockage approprié.
Photo de Mark Menjivar

 

ASSOCIATION NE SIGNIFIE PAS CAUSE À EFFET

Les résultats de l'étude sont jugés « significatifs » après la prise en compte d’un grand nombre de facteurs socio-démographiques et le suivi du régime alimentaire lors de plusieurs enregistrements de 24h, conçus pour reproduire la consommation habituelle des participants à qui plus de 3 300 aliments étaient présentés. 

Toutefois, si les chercheurs parlent d'« association », il n'est pas question ici de relation de cause à effet directe entre la consommation d'aliments ultra-transformés et le développement d'un cancer. D'autres paramètres peuvent également rentrer en ligne de compte, comme le tabagisme, la consommation d'alcool, le manque d'activité physique sans oublier les antécédents génétiques et la qualité de l'air. L'Inserm relève ainsi que 25 % des participants ayant la plus forte consommation d'aliments ultra-transformés « avaient tendance à être plus jeunes, fumeurs, moins instruits, à avoir moins d'antécédents familiaux de cancer et faire moins d'activité physique. » 

Les résultats préliminaires de cette étude devront être confirmés avec l'observation d'autres populations d'étude. 

L'équipe de recherche lance par ailleurs un nouveau programme sur les additifs alimentaires, ayant pour objectif de déterminer leurs effets sur la santé et la survenue de maladies chroniques. 

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