Le réchauffement climatique perturbe (aussi) notre sommeil

C’est un mécanisme encore très peu connu : les températures ont des répercussions sur nos nuits, et il en irait de même pour le changement climatique. Le point avec trois études scientifiques.

De Julie Lacaze
Photo issue du magazine National Geographic d’août 2018, dédié au sommeil. Chauffeur routier pendant vingt ans, ...
Photo issue du magazine National Geographic d’août 2018, dédié au sommeil. Chauffeur routier pendant vingt ans, Joe Diemand, 76 ans, a du mal à dormir, à cause des nuits irrégulières vécues dans son ancien métier.
PHOTOGRAPHIE DE Magnus Wennman

On connaît le rôle essentiel que joue la lumière naturelle dans le contrôle et la qualité du sommeil. La surexposition actuelle aux écrans tend d’ailleurs à perturber notre horloge interne. En 2015, des chercheurs ont démontré que la température ambiante était également prise en compte par l’organisme lors de l’endormissement. Un constat établi en étudiant les habitudes de sommeil dans des sociétés préindustrielles, au sein de populations ne bénéficiant pas du confort moderne, comme le chauffage. Chez ces dernières, les scientifiques ont observé que l’envie de dormir apparaissait généralement au moment de la journée où la température diminue.

Mais jusqu’à maintenant, les mécanismes cérébraux en jeu restaient méconnus. Une équipe de biologistes de l’université du Michigan à Ann Arbor a publié le compte rendu de ses expériences sur le cerveau de drosophiles (Drosophila melanogaster) dans la revue Nature, en février 2018.

Leur découverte principale ? Les neurones DN1ps, situés dans le réseau neuronal circadien de la mouche (son horloge interne), surveillent en permanence les modifications de la température ambiante. Plus étonnant, la chaleur inhibe ces neurones (à l’inverse ceux de la détection lumineuse, s’activent en présence de lumière), tandis que le froid les excite. Une température ambiante trop élevée la nuit peut donc perturber le bon fonctionnement des neurones de l’horloge interne de la drosophile.

Chez la petite mouche, la détection du chaud se joue uniquement au niveau du cerveau. Les chemins neuronaux du froid passent par une voie périphérique, via des récepteurs thermosensibles situés dans le derme et les antennes de la mouche.

Dans le contexte du réchauffement climatique, les effets de la chaleur sur l’organisme intéressent de plus en plus les chercheurs. Des scientifiques de plusieurs universités américaines se sont penchés sur le lien entre chaleur nocturne et qualité du sommeil. Leur étude a été publiée dans la revue Science Advances. Entre 2002 et 2011, le sommeil de 765 000 volontaires des États-Unis a été analysé. Résultat : le nombre de nuits marquées par un sommeil insuffisant augmente avec la chaleur nocturne. Ce phénomène touche particulièrement les personnes âgées et les plus démunis, le plus souvent durant la période estivale.

Les auteurs ont effectué des projections sur les carences de sommeil aux États-Unis pour les quatre-vingt-une prochaines années, en se fondant sur les prévisions de températures de la Nasa (modèle NEX-GDDP). Sans surprise, le manque de sommeil risque fortement de s’accentuer avec le changement climatique. Par exemple, dans le nord-est du pays, on passerait de 7 nuits de sommeil insuffisant par mois (pour 100 habitants) à plus de 18 en 2099.

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