Le vrai T. rex ressemblait-il à celui de Jurassic Park ?

Le vrai Tyrannosaurus Rex était certainement encore plus effrayant que celui du film.

De Brian Switek
Publication 8 juil. 2021, 10:00 CEST
Selon les experts, Jurassic Park offre la meilleure représentation cinématographique du Tyrannosaurus Rex à ce jour. ...

Selon les experts, Jurassic Park offre la meilleure représentation cinématographique du Tyrannosaurus Rex à ce jour. Le vrai T. Rex, était-il plus effrayant qu'on ne l'a imaginé ?

PHOTOGRAPHIE DE JoeLena, istock via getty images

Le Tyrannosaurus Rex est sans aucun doute notre dinosaure préféré. Le roi des tyrans du crétacé incarne parfaitement la taille, la férocité et l’étrange nature des dinosaures qui ne cessent de nous fasciner. Nous nous sommes tellement entichés du T. Rex que nous lui redonnons vie régulièrement à travers l’art et le cinéma.

Aucune reconstitution du géant carnivore n’a été plus influente et plus acclamée que celle du tyrannosaure génétiquement modifié qui donne la chair de poule dans le film Jurassic Park de Steven Spielberg. Savant mélange d’effets spéciaux numériques et de marionnettes, le T. Rex du film est un prédateur colossal et agile, bien plus imposant que les spécimens qui traînaient leur queue en titubant sur nos écrans jusque-là. Vingt ans après la sortie originale de Jurassic Park, nos connaissances sur le T. Rex se sont approfondies, et le dinosaure est devenu encore plus effrayant.

« Il est difficile de choisir laquelle des découvertes faites à propos du Tyrannosaurus Rex au cours des vingt dernières années est la plus formidable », commente Thomas R. Holtz Jr, spécialiste du tyrannosaure à l’université du Maryland. Il ajoute que les paléontologues commencent à comprendre la transformation radicale subie par le T. Rex avant d’atteindre l’âge adulte, ainsi que son « processeur central [neurologique] et ses capteurs dignes d’une machine à tuer » qui le rendaient si redoutable.

 

QUOI, MA GUEULE

De toutes les caractéristiques du tyrannosaure, c’est probablement sa gueule qui a inspiré le plus de cauchemars… et de technologies de pointe. Le crâne profond et renforcé du prédateur comportait une rangée de dents épaisses disposées en dents de scie ayant évoluée pour lui permettre de percer et couper simultanément.

Le T. Rex de Jurassic Park a mis son impressionnant service de coutellerie dentaire au travail sur le malheureux avocat Donald Gennaro, un Gallimimus en pleine fuite, ainsi qu’un duo de vélociraptors au climax du film. Mais la mâchoire du prédateur était en fait encore plus puissante que dans le film. L’année dernière, les chercheurs Karl Bates et Peter Falkingham ont annoncé que la mâchoire d’un T. Rex adulte pouvait exercer une pression de près de 5,8 tonnes, soit plus que tout autre prédateur terrestre. Quand on sait les dégâts qu’aurait dû causer une morsure de T. Rex de pleine force, on est amenés à penser que le tyrannosaure de Jurassic Park a fait preuve de douceur avec ses proies.

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Jurassic Park se contente d’imaginer la façon dont le T. Rex se servait de tout cet arsenal, mais on a retrouvé la preuve réelle de ses techniques de morsure dans un fossile. Après avoir tué une proie ou trouvé une carcasse à récupérer, il pouvait être un charognard délicat. L’automne dernier, Denver Fowler et son équipe ont présenté au congrès annuel de la Société de paléontologie des vertébrés des marques de dents retrouvées sur des crânes de triceratops indiquant que le T. Rex suivait une méthode par étapes pour décapiter ces spécimens.

La puissance destructrice du T. rex ne résidait pas seulement dans sa mâchoire. Les muscles de son cou jouaient aussi un rôle majeur dans sa façon de tuer et de consommer ses proies. Dans leur étude de 2007 sur les techniques d’alimentation du T. rex, Eric Snively et Anthony Russell décrivent que les muscles du cou du tyrannosaure étaient si puissants qu’il aurait été capable de lancer un morceau de viande de 50 kilogrammes à plus de 4 mètres de haut pour le rattraper dans sa chute. Cette effrayante technique est connue sous le nom d’ « alimentation par inertie ». Ainsi, au lieu de secouer Gennaro de gauche à droite à la manière d’un chien comme dans le film, un vrai T. rex aurait plutôt lancé l’avocat en l’air par un mouvement de son cou avant de le rattraper dans sa chute vers sa ribambelle de dents.

 

MORSURE MORTELLE

Le T. Rex ne se servait pas de ses dents et de sa mâchoire uniquement pour transpercer la chair et écraser les os de ses proies. Les tyrannosaures se mordaient aussi entre eux. Des plaies guéries retrouvées sur le crâne de plusieurs tyrannosaures, tels que l’individu adolescent surnommé Jane, indiquent que ces théropodes se bagarraient en se mordant le visage. Le bras de fer n’était pas une option, apparemment, même si les courts bras du T. Rex étaient très musclés et puissants pour leur petite taille.

Ce comportement préhistorique pourrait expliquer pourquoi les plus grands carnivores de tous les temps furent terrassés par des organismes bien plus petits. De nombreux tyrannosaures ont la mâchoire inférieure criblée de petits trous aux bords lisses. D’après certains chercheurs, ses plaies seraient des traces de morsures reçues lors de combats mortels entre rivaux. Cependant, en 2009, Ewan Wolff et ses collègues ont suggéré que ces blessures avaient en fait été causées par de minuscules micro-organismes qui laissent des traces similaires chez les rapaces. Ces protozoaires infestent l’appareil digestif supérieur des oiseaux, et provoquent des ulcères et des lésions avant de creuser l’os. Les rapaces attrapent ces petits parasites en dévorant des pigeons infestés.

Selon RJ Palmer et les scientifiques ayant colaboré avec lui, le T-Rex était plutôt lourd et aurait eu une couleur très neutre.

PHOTOGRAPHIE DE RJ Palmer

Le T. Rex aurait pu attraper des micro-organismes similaires par transmission de dinosaure à dinosaure. Le fait de se mordre le visage offre une opportunité directe à ces micro-organismes nuisibles de sauter d’un tyrannosaure à l’autre. Des traces de dents observées sur des os ont également permis aux chercheurs de conclure que le tyrannosaure avait un comportement cannibale et aurait donc pu attraper les parasites par cette pratique. Quoiqu’il en soit, il semblerait que la morsure du tyrannosaure était mortelle pour ses proies, mais aussi pour les membres de son espèce.

 

PEUREUX, LENT ET... À PLUMES ?

Même lorsque les paléontologues réduisent ses capacités, le T. Rex reste effrayant. L’une des scènes emblématiques de Jurassic Park montre la Jeep se faisant courser par un T. rex énervé qui manque de peu d’avaler Ian Malcolm. Un T. rex pourrait-il courir aussi vite qu’une voiture en pleine course ? Impossible, répondent les travaux du chercheur John Hutchinson.

Déjà, le T. Rex du film ne court pas très vite. La Jeep semble s’échapper à 65 km/h, voire plus, explique Hutchinson sur le site Internet de son laboratoire, mais le mouvement du dinosaure, qui a toujours un pied au sol, indique qu’il n’avance qu’à une vingtaine de kilomètres heure. Cette description concorde avec ce que suggère le squelette du dinosaure. Selon les calculs de Hutchinson, le T. rex marchait à une dizaine de kilomètres par heure et courrait à une vitesse de 25 à 40 km/h. Cette vitesse de pointe à 40 km/h semble peu de chose, pourtant les seuls hommes capables de faire mieux sont les athlètes olympiques surentraînés. Si par malheur vous vous retrouviez nez-à-nez avec ce dinosaure dans la nature, vous n’auriez aucune chance d’échapper au carnivore.

Imaginer le tyrannosaure avec un manteau de plume (ce qui n’est pas improbable étant donné que deux tyrannosaures ont été retrouvés couverts d’un léger duvet) pourrait contribuer à changer un peu son image. En découvrant de nouveaux chapitres de la longue histoire du dinosaure, les scientifiques déterminent que les premiers tyrannosaures du Jurassique étaient « petits, rapides et duveteux… rien à voir avec le T. rex géant de Jurassic Park », décrit Holtz.

À ce jour, le T. Rex de Jurassic Park reste malgré tout ce qui a été fait de mieux au cinéma. « Je trouve que le film l’a vraiment bien réussi », reconnaît Hutchinson, « enfin, autant que possible compte tenu des incertitudes ». Holtz est du même avis : « Le film a rendu le Tyrannosaure encore plus génial qu’il ne l’était, mais c’est justifié », dit-il. En effet, au cours des films de la franchise cinématographique, le tyrannosaure adopte les comportements suivants : « il prend soin de ses petits, chasse en famille, se nourrit en mordant puis en tirant, chasse sa proie au pas de course ». En fait, cette représentation sur grand écran n’est « pas très différente du comportement d’un tyrannosaure tel qu’on l’interprèterait aujourd’hui ». 

Malheureusement, on ne pourra jamais assister à la course d’un T. Rex chassant un autre dinosaure (ou un être humain !) pour déterminer à quel point les spéculations réfléchies de Jurassic Park étaient proches de la réalité. On devra certainement se contenter des complexes marionnettes du film et des dinos en effets spéciaux pour assister au grand retour du tyrannosaure sur Terre. Revoyez Jurassic Park, et arrêtez-vous sur le terrifiant hurlement de liberté du T. Rex qui avance lourdement dans la nuit orageuse. C’est le plus bel hommage du cinéma à la gloire d’un des carnivores les plus fantastiques créés par l’évolution.

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