Découverte d'un nouveau dinosaure aux faux airs de T. rex

Doté de petits bras comme ceux du T. rex, le Meraxes gigas découvert récemment en Argentine permet aux paléontologues de mieux comprendre l'anatomie de ces géants du Crétacé.

De Annie Roth
Publication 8 juil. 2022, 16:48 CEST
Meraxes gigas, un dinosaure théropode géant qui vivait en Argentine il y a environ 100 millions d'années, ...

Meraxes gigas, un dinosaure théropode géant qui vivait en Argentine il y a environ 100 millions d'années, avait de petits bras par rapport à son corps et à son crâne géants. Le schéma corporel est similaire à celui de T. rex, qui n'est apparu que des dizaines de millions d'années plus tard.

PHOTOGRAPHIE DE Illustration by Carlos Papolio

Il y a environ 100 millions d’années, un dinosaure prédateur géant arpentait ce qui est aujourd’hui la région de la Patagonie, en Argentine. Pesant plus de 4 tonnes et mesurant environ 10 mètres de long, le carnivore découvert tout récemment partageait plusieurs traits physiques avec Tyrannosaurus rex, notamment une énorme tête et de minuscules bras.

Cependant, la nouvelle espèce, décrite dans une étude publiée ce 7 juillet dans la revue Current Biology, ne partage pas de liens étroits avec les tyrannosaures. Elle appartenait à un groupe de dinosaures totalement différent, les carcharodontosauridés, et s’est éteinte des millions d’années avant l’apparition du célèbre T. rex. Ses minuscules bras sont donc le produit d’une évolution indépendante, ce qui suggère que le fait d’avoir de petits membres antérieurs aurait pu présenter plus d’avantages évolutifs que nous le pensions auparavant.

« Je suis convaincu que ces bras proportionnellement minuscules avaient une fonction », a affirmé l’auteur principal de la nouvelle étude, le paléontologue Juan Canale de l’Université nationale de Río Negro en Argentine, dans un communiqué de presse. « Peut-être utilisaient-ils leurs bras pour le comportement reproductif, comme pour tenir la femelle pendant l’accouplement, ou pour se soutenir pour se relever après une pause ou une chute. »

Site d'Argentine sur lequel M. gigas a été découvert.

PHOTOGRAPHIE DE Juan I. Canale

Découvert en 2012 lors de travaux de terrain partiellement financés par la National Geographic Society, l’animal a été baptisé Meraxes gigas, en référence au dragon Meraxès la série de romans Le Trône de fer de George R. R. Martin.

Cette découverte commence déjà à aider les paléontologues à mieux comprendre les carcharodontosauridés. Ce groupe de dinosaures, dont le nom signifie « lézards à dents de requins », comprend également Giganotosaurus, l’un des plus grands carnivores de l’Histoire et une des stars du nouveau film Jurassic World : Le Monde d’après.

« Cette découverte permet de compléter la diversité de ce groupe de dinosaures, et nous offre une image plus précise de l’évolution et de l’écologie de l’époque », selon Thomas Carr, paléontologue au Carthage College dans le Wisconsin, qui n’a pas pris part à l’étude. « Le nombre réel de dinosaures et d’autres animaux disparus est probablement largement sous-estimé. Il est donc bon d’ajouter une nouvelle espèce à l’arbre généalogique. »

 

DES CARACTÉRISTIQUES FAMILIÈRES

Il y a dix ans, une équipe internationale de paléontologues arpentant le nord de la Patagonie est tombée sur un précieux trésor de fossiles de dinosaures. Dès leur premier jour de recherche, ils ont mis au jour les restes fossilisés de M. gigas, dont un crâne, un bras et une partie inférieure du corps, tous presque complets. Le squelette est désormais l’un des restes de carcharodontosauridés les plus complets découverts à ce jour.

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    On pensait autrefois que T. rex et d’autres dinosaures carnivores à petits bras n’avaient pas besoin de leurs avant-bras, ce qui expliquait le rétrécissement de ces membres au fil du temps. Mais selon les auteurs de l’étude, la découverte suggère que les choses sont un peu plus complexes.

    Peter Makovicky, coauteur de l’étude, paléontologue à l’université du Minnesota et explorateur National Geographic, estime que les deux espèces ont connu un changement similaire dans leur évolution en raison à leur mode de chasse. « Alors que leurs bras devenaient plus petits, leur tête devenait plus grande », explique le spécialiste. « Il y a eu un transfert des fonctions, notamment liées à la capture des proies, des membres antérieurs vers le crâne. »

    Selon lui, lorsque ces dinosaures ont commencé à utiliser davantage leur tête et moins leurs bras, ces derniers ont rétréci. Toutefois, il souligne également que les bras de ces dinosaures sont restés musclés, ce qui indique qu’ils ont continué à remplir une certaine fonction.

    Les petits bras ne sont pas la seule caractéristique étonnante de M. gigas. Ses pieds étaient également munis de griffes en forme de faucille, semblables à celles dont été dotés les Velociraptor. Les chercheurs ont également découvert que le crâne de M. gigas était orné de crêtes, de bosses et de sillons, que le dinosaure aurait utilisé pour attirer les partenaires potentiels.

    Nous ne connaîtrons peut-être jamais les fonctions réelles de ces caractéristiques anatomiques. Les fossiles ne révèlent qu’une partie du comportement des dinosaures, les paléontologues élaborant des théories en comparant l’anatomie de ces créatures anciennes à celle des animaux vivants. Faute de mieux, les experts ne peuvent que spéculer sur l’apparence de M. gigas.

     

    ALLER PLUS LOIN

    Bien que de nombreux mystères subsistent, des découvertes telles que celle de M. gigas contribuent à une compréhension plus complète du monde préhistorique.

    « Le fossile de M. gigas montre des régions du squelette jamais vues auparavant, comme les bras et les jambes, qui nous ont aidés à comprendre certaines tendances évolutives, ainsi que l’anatomie des carcharodontosauridés », a ajouté Canale dans son communiqué de presse.

    En scannant la boîte crânienne du dinosaure et en examinant son bras de plus près, les scientifiques espèrent en apprendre davantage sur la façon dont le corps de cette espèce se compare à celui d’autres carcharodontosauridés. De plus, même si chacun des os de M. gigas sera examiné de près, les scientifiques prennent aussi le temps d’apprécier toute la merveille de ce géant préhistorique.

    « Je fais ça depuis près de trente ans. J’ai mis au jour beaucoup de choses différentes à travers le monde, mais celle-ci se démarque nettement », confie Makovicky. « Au-delà de sa valeur scientifique, ce dinosaure est aussi très cool, avec sa tête de gargouille et son énorme taille. »

    La National Geographic Society, qui s’engage à mettre en avant et à protéger les merveilles de notre monde, a financé les travaux des explorateurs Peter Makovicky et Pablo Gallina. Pour en savoir plus sur le soutien de la National Geographic Society aux explorateurs, cliquez ici.

    Cet article a initialement paru sur le site nationalgeographic.com en langue anglaise.

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