L’état amoureux, une dépendance irrésistible

Au début de la passion, notre corps semble transcendé par le sentiment amoureux. Les recherches les plus récentes le prouvent : tomber amoureux bouleverse la chimie de notre cerveau de la même manière… qu’une drogue dure.

De Rédaction National Geographic
Illustration d’un couple s'embrassant, activant le système limbique de chacun des partenaires.

Illustration d’un couple s'embrassant, activant le système limbique de chacun des partenaires.

PHOTOGRAPHIE DE MattLphotography / Alamy Banque D'Images

Lorsqu’on tombe amoureux, notre corps semble s’éveiller, et nos sens se mettre en alerte. Lorsque l’on voit l’objet de notre désir, notre rythme cardiaque s’accélère, nous rougissons, nos pupilles se dilatent, parfois même notre vue se trouble. Notre corps se met à produire davantage d’adrénaline pour répondre au stress, ce qui en réaction provoque une sensation de picotements dans le ventre. Les fameux « papillons » des premiers émois.

Une réaction chimique en chaîne se produit dans notre corps durant l’état amoureux. Chez certaines personnes, cet état peut les plonger dans un trouble tel que l’amour les paralyse, voire les fait défaillir. C’est le cas d’Adèle, le personnage incarné par Camélia Jordana dans la mini-série série originale française Irrésistible, disponible sur Disney+. Dès qu’elle croise Arthur, son souffle se fait court, elle peine à respirer et s’évanouit. Et de fait, au début d’une relation, une série de réactions chimiques bouleverse notre système nerveux et hormonal. 

 

L’AMOUR, UNE VRAIE DROGUE

« Le patrimoine génétique, l'épigénétique, l'histoire de l'individu, son environnement, sa mémoire génétique et pharmacologique vont mobiliser plus de 200 molécules au moment du développement de la passion […] en une fraction de seconde » explique Marcel Hibert, Professeur au Laboratoire d'Innovation Thérapeutique de la Faculté de Pharmacie de l’Université de Strasbourg, et auteur du livre Ocytocine mon amour.

Une étude menée en 2010 à l'Université Rutgers a amené ses auteurs à conclure que tomber amoureux créait une sensation de dépendance similaire à une addiction aux drogues, avec la libération de substances chimiques euphorisantes, comme la dopamine, l’ocytocine, l’adrénaline et la vasopressine. Ces substances aident le sujet amoureux à créer des liens avec son ou sa partenaire. Plus vous passez de temps avec la personne aimée, plus vous en devenez dépendant. Comme une drogue, l’amour provoque des sensations physiques de manque. Lorsque nous sommes loin de l’être aimé, les taux de corticotrophines augmentent en réponse au stress dans lequel l’absence de l’autre nous plonge, ce qui accentue les phénomènes d’anxiété ou de dépression.

Une équipe de neuroscientifiques de l’université de Stanford a quant à elle établi que les crises de passion intenses avaient la même capacité d’annihiler la douleur que la cocaïne. La recherche, parue dans la revue scientifique Plos, a permis de faire le lien entre les premiers stades d’une relation amoureuse et l'activation des systèmes de récompense dans le cerveau humain. Selon ses auteurs, les quinze étudiants américains suivis au cours des neuf premiers mois d'une nouvelle relation amoureuse pouvaient, en pensant ou en voyant leur partenaire, réduire une douleur intense de 12 % et une douleur modérée de 45 %. 

Cette analgésie a été associée à une activité accrue dans plusieurs régions du cerveau associées au traitement de la récompense, notamment la tête caudale, le noyau accumbens, le cortex orbitofrontal latéral, l'amygdale et le cortex préfrontal dorsolatéral. Ces régions cérébrales qui ne sont pas associées à l'analgésie induite par la distraction. Des scanners cérébraux ont révélé que ces zones plus stimulées étaient les mêmes que celles qui sont activées lors de la consommation de morphine et de cocaïne. 

 

L’OCYTOCINE, L’HORMONE DE L’AMOUR

Si des centaines de molécules chimiques sont libérées dans notre corps lorsque l’on tombe amoureux, l’ocytocine, elle, ne vient qu’ensuite, quand l’état amoureux évolue, quand l’attachement  supplante la passion. 

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    « Plusieurs expériences chez l'animal mais aussi chez l'Homme indiquent que l’ocytocine pourrait contribuer significativement à l'empathie, à la confiance en l'autre, à la naissance et la consolidation de sentiments d'attachement » explique Marcel Hibert. « Mais l'administration d'ocytocine ne déclenche pas la passion, ni même à tous les coups l'attachement. Au mieux, elle favorise ce dernier. »

    Pour mesurer l’ocytocine, qui n’est secrétée que par pulsions et reste en circulation dans le sang pour une très courte durée (environ cinq minutes), il est possible de faire des prélèvements sanguins, de salive ou d’urine au moment de l’observation du comportement étudié. « Une étude réalisée lors d'opérations chirurgicales à cerveau ouvert, pour l’ablation de tumeurs, a montré qu'il y a une proportionnalité entre concentration [d’ocytocine] dans le cerveau et celle dans le sang, mais avec une grande variabilité selon les techniques de mesure » modère Marcel Hibert.

    Des études tendent par ailleurs à prouver que l’ocytocine n’est pas seulement l’hormone de l’amour, mais aussi celle de la monogamie. Chez l’être humain, il y aurait selon une étude dirigée par Hasse Walum, Paul Lichtenstein et Jenae M Neiderhiser une association entre le polymorphisme d’un des récepteurs pour la vasopressine (V1a) et des traits liés à la stabilité du couple, à la perception des problèmes dans le couple et à la qualité du lien conjugal. « Cette étude a été complétée par plusieurs autres sur des variants du récepteur de l'ocytocine, avec un très grand nombre de sujets » abonde Marcel Hibert. « Il y a je pense une valeur statistique globale significative. Cependant, il y a une telle variabilité inter-individus que l'on ne peut pas prédire le comportement d'un individu donné. »

    Outre le sentiment amoureux, l’ocytocine contribuerait au comportement parental, chez la mère et le père, mais aussi à la « construction de l'affiliation, du sentiment réciproque d'attachement, important pour l'éducation de l'enfant et son intégration sociale » explique Marcel Hibert. En ce sens, bien plus que l’hormone de l’amour, l’ocytocine serait un élément clef dans notre évolution en tant qu’espèce. « La longue liste des fonctions physiologiques et sociales modulées par l'ocytocine, l'unicité de son récepteur et leur présence à travers l'évolution dans toutes les espèces animales, suggèrent que cette neurohormone joue un rôle essentiel dans la survie des espèces » conclut Marcel Hibert.

    The Walt Disney Company est l'actionnaire majoritaire de National Geographic Partners.

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