Découverte : le "prince dragon", cet ancêtre manquant de T-rex

Khankhuuluu mongoliensis, qui hantait la Mongolie du Crétacé il y a 86 millions d’années, était svelte et présentait des caractéristiques différentes des autres tyrannosaures.

De Riley Black
Publication 16 juin 2025, 10:37 CEST
Khankhuuluu-mongoliensis

Cette illustration montre l’apparence possible du svelte Khankhuuluu mongoliensis durant la période du Crétacé. La nouvelle addition à l’arbre généalogique du tyrannosaure. La découverte de ce « prince dragon de Mongolie » révèle des secrets sur les origines de Tyrannosaurus rex.

ILLUSTRATION DE Julius Csotonyi

Tyrannosaurus rex est le plus connu des carnivores. Il dépassait les douze mètres de long et pesait plus de neuf tonnes. Ce géant briseur d’os était le plus grand et le dernier-né de sa famille mangeuse de viande. À présent, un nouveau tyrannosaure, beaucoup plus petit, complète le passé évolutif du dinosaure que l’on ne présente plus.

Le petit nouveau de l’arbre généalogique du tyrannosaure est Khankhuuluu mongoliensis, qui se traduit par « prince dragon de Mongolie ». Décrit dans la revue scientifique Nature, le dinosaure a été identifié pour la première fois à partir de deux squelettes partiels comprenant des os du crâne, des vertèbres, une partie des hanches ainsi que des os de pattes.

Assemblé, ce puzzle a révélé un tyrannosaure svelte qui hantait la Mongolie du Crétacé il y a 86 millions d’années. Il mesurait environ quatre mètres de long, à peu près la taille de T-rex dans sa jeunesse qui, lui, aurait l’Amérique du Nord comme terrain de chasse, 20 millions d’années plus tard. En vérité, Khankhuuluu ressemblait même à un juvénile de plus grands tyrannosaures qui viendraient au monde après lui, avec ses orbites rondes, ses dents aux allures de lames et ses longues et étroites mâchoires taillées pour la vitesse plutôt que pour la force.

Khankhuuluu ne fait pas que s’ajouter à l’éventail grandissant des dinosaures connus. « Khankhuuluu nous offre l’origine des tyrannosaures », estime Darla Zelenitsky, paléontologue de l’université de Calgary et co-autrice de l’étude.

Comparer les fossiles de Khankhuuluu adulte (a, d, g) à des fossiles de Gorgosaurus adulte (c, ...

Comparer les fossiles de Khankhuuluu adulte (a, d, g) à des fossiles de Gorgosaurus adulte (c, f, i) et de Gorgosaurus juvénile (b, e, h) offre de nouvelles perspectives sur la lignée d’évolution entre les tyrannosauroïdes plus petits, comme Khankhuuluu, et les eutyrannosauriens comme Gorgosaurus et Tyrannosaurus. Les silhouettes comparent les tailles de Khankhuuluu (à gauche) avec un Gorgosaurus juvénile (à droite) et adulte (au centre). Pour les éléments individuels, l’échelle est de 5 centimètres et de 1 mètre pour les silhouettes.

ILLUSTRATION DE Voris et al., 2025, Nature

 

LA DÉCOUVERTE D’UN NOUVEAU TYRANNOSAURE

Au début des années 1970, le paléontologue Altangerel Perle a découvert deux squelettes partiels de tyrannosaure dans la partie orientale du pays. Les os ressemblaient à ceux d’un petit tyrannosaure qui avait déjà été nommé alors, Alectrosaurus. Mais lorsque le paléontologue de l’université de Calgary, Jared Voris, co-auteur de l’étude, a étudié les ossements durant un voyage de recherche en Mongolie en 2023, il a vite réalisé qu’ils n’appartenaient pas du tout à Alectrosaurus.

Les os des deux squelettes appartenaient à une nouvelle forme de tyrannosaure qui attendait d’être découverte dans la collection depuis 50 ans. « [Le dinosaure] avait des caractéristiques qu’aucune autre espèce de tyrannosaure n’a, comme une chambre creuse pour l’air dans son os nasal », explique Jared Voris. Les fossiles méritaient un nouveau nom et ont été rebaptisés Khankhuuluu.

Jared Voris a déjà découvert des dinosaures qui se cachaient en pleine lumière par le passé. En 2020, le paléontologue et ses collègues ont nommé le tyrannosaure âgé de 80 millions d’années, Thanatotheristes, à partir d’os qui avaient été assignés à une autre espèce et découverts à Alberta.

Ces découvertes s’inscrivent dans une série prospère de nouveautés sur le tyrannosaure. Au lieu d’une simple ligne d’évolution des premiers tyrannosaures jusque T-rex, les paléontologues ont révélé un buisson évolutionnaire aux multiples branches de différents sous-groupes de tyrannosaures qui allaient et venaient durant le Crétacé. Cette surabondance d’espèces de tyrannosaures permet aux experts de découvrir comment les grands tyrannosaures, dont l’énorme T-rex, évoluaient et se répandaient sur de vastes régions de la planète.

 

CE QUE LE « PRINCE DRAGON » NOUS APPREND SUR L’ÉVOLUTION DE T-REX

En le comparant aux autres tyrannosaures, les chercheurs ont découvert que Khankhuuluu était un proche cousin du plus large groupe de dinosaures qui inclut Gorgosaurus, d’Albertra, Alioramus au nez bosselé, de Mongolie, et T-rex, que l’on ne présente plus. Le nouvel arbre généalogique, ainsi que les lieux de mise au jour des nouveaux fossiles, peignent un tableau actualisé de l’évolution des tyrannosaures, 20 millions d’années en arrière.

« C’est une espèce pivot dans notre compréhension du succès évolutionnaire de T-rex et de ses cousins », explique Cassius Morrison, paléontologue de l’université London College, qui n’a pas pris part à la récente étude. En particulier, cette nouvelle analyse révèle l’évolution en différentes espèces alors que les carnivores s’aventuraient dans de nouveaux paysages.

Autour de l’époque où vivait Khankhuuluu, selon les hypothèses de Jared Voris et ses collègues, de tels tyrannosaures, petits et sveltes, se seraient dispersés de l’Asie préhistorique vers l’Amérique du Nord, en passant par un pont terrestre.

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    « Les tyrannosaures ont évolué en ces super-prédateurs géants et se sont rapidement diversifiés à travers l’Amérique du Nord », explique Jared Voris. La première de ce que Darla Zelenitsky appelle « les deux explosions de tyrannosaures ». Certains des prédateurs sont restés sveltes et chassaient des proies plus petites tandis que d’autres sont devenus plus massifs et s’en prenaient à de plus grands dinosaures. Leur habitat était vaste et s’étendait du sud de la Californie jusqu’au New Jersey.

    La nouvelle étude suggère cependant que les ancêtres directs T-rex n’ont pas évolué en Amérique du Nord. Jared Voris et ses collègues pensent que, il y a environ 79 ou 78 millions d’années, au moins une des lignées de tyrannosaures s’en est retournée en Asie. Les chercheurs le savent à cause de la proche relation de deux groupes de tyrannosaures qui, à première vue, peuvent sembler très différents.

    Lorsque les tyrannosaures sont retournés en Asie durant cette période et ont vécu leur seconde explosion, l’un des groupes était relativement plus svelte et montrait de longs museaux agrémentés de petites cornes, comme le dinosaure « Pinocchio », Qianzhousaurus. L’autre groupe a commencé à grandir, à développer des crânes profonds qui se prêtaient à briser les os, comme Tarbosaurus.

    T-rex a évolué d’ancêtres de ce second groupe, une lignée de briseurs d’os qui a, une fois encore, traversé le pont entre l’Asie et l’Amérique du Nord, il y a 73 ou 67 millions d’années. T-rex était un nouveau prédateur qui débarquait d’un nouveau continent. « Cette nouvelle analyse fournit de fortes preuves que les ancêtres de T-rex a évolué d’un groupe de tyrannosaures qui s’est rendu en Asie après avoir vécu une radiation évolutionnaire en Amérique du Nord », résume Cassius Morrison.

    En fin de compte, l’étude suggère que la montée en puissance de l’un des plus grands carnivores de la Terre était due à un aller-retour entre l’Amérique du Nord et l’Asie qui s’est produit sur une période de 20 millions d’années. Si un astéroïde dévastateur ne s’était pas écrasé sur la planète et avait mis un terme abrupt au Crétacé il y a 66 millions d’années, les tyrannosaures auraient sans aucun doute continué à évoluer.

    Cet article a initialement paru sur le site nationalgeographic.com en langue anglaise.

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