La Terre est-elle creuse ?

La réponse est non. Toutes les données scientifiques tendent à prouver que le cœur de notre planète est dense (et en fusion). Et toutes les théories de la Terre creuse n'y changeront rien.

De Romy Roynard

La littérature regorge d'exemples décrivant des mondes souterrains, qu'il s'agisse des Enfers placés sous la gouvernance d'Hadès dans la mythologie grecque,  du Svartalfheim, domaine des Alfes noirs dans la mythologie nordique ou d'un dédale de cavernes occupé par des créatures mi-Hommes mi-serpents dans des écrits plus récents.

 

TERRE CREUSE, ENTRE MYTHES ET SOPHISMES

En 1692, l'astronome et ingénieur britannique Edmund Halley émet l'hypothèse que la Terre est constituée d'une coquille creuse d'environ 800 km d'épaisseur, de deux coquilles concentriques intérieures, et d'un noyau central. Selon lui, ces coquilles seraient séparées par une couche atmosphérique, chacune d'elles ayant ses propres pôles magnétiques, et tourneraient à des vitesses différentes. Il émet également l'hypothèse que ces mondes intérieurs puissent être habités. Mais nous y reviendrons plus tard.

Plusieurs auteurs partisans de la Terre creuse poursuivent cette réflexion au début du 20e siècle. Les plus notables sont sans doute William Reed, qui écrit en 1906 Le fantôme des pôles et Marshall Gardner qui fait paraître quelques années plus tard, en 1913, Un voyage vers l'intérieur de la Terre. Ces auteurs décrivent respectivement notre planète comme creuse mais sans coquilles ni soleils intérieurs ou creuse avec un soleil intérieur.

D'autres écrivains ont par la suite suggéré que des êtres supérieurs forts d'une sagesse ésotérique ancestrale habitaient les cavernes souterraines d'une Terre creuse. L'Antarctique, le pôle Nord, le Tibet, le Pérou ou le mont Shasta, en Californie, seraient ainsi l'entrée d'un royaume souterrain connu sous le nom d'Agartha. Les récits de Richard Sharpe Shaver parus dans le magazine de science-fiction américain Amazing Stories ont beaucoup fait pour la propagation de la théorie selon laquelle une race supérieure préhistorique avait bâti un dédale de cavernes dans les profondeurs de notre planète. De là, ces créatures utilisaient des outils complexes et fantastiques pour tourmenter les humains à la surface de la Terre.

Si d'aucuns se plaisent à penser que ces cavités souterraines sont habitées par des extraterrestres, il en est d'autres qui ont imaginé des créatures tout à fait singulières : les reptiliens.

 

À LA RENCONTRE DES REPTILIENS

La théorie du complot relative aux reptiliens est connue du grand public depuis 1999 et la publication du livre de David Icke, ancien journaliste sportif pour la BBC et « Fils de Dieu » auto-proclamé. Dans ce livre, Le Plus Grand Secret, Icke expose le fait que notre société est contrôlée par les reptiles humanoïdes, plus communément appelés « reptiliens ». Si cette théorie est volontiers qualifiée de complot mineur, plus de 12 millions d'Américains sont convaincus de l'existence de reptiliens dans les plus hautes sphères de notre société.

Représentation d'un reptilien.
PHOTOGRAPHIE DE Auteur inconnu

Les reptiliens auraient, selon l'école à laquelle vous appartenez, deux origines. Certains pensent qu'ils ont évolué sur Terre il y a bien longtemps, avant d'entamer un voyage intergalactique et de revenir sur Terre des millions d'années plus tard. D'autres au contraire croient que les reptiliens ont pour origine la constellation du Dragon, une des 88 constellations du ciel, composée d'une longue suite d'étoiles qui longent une partie de la Petite Ourse. Arrivés sur Terre, ils auraient d'abord occupé le centre de notre planète avant de mêler leur ADN à celui des Hommes. Le but de ces mélanges serait à la fois de limiter la conscience des Hommes, qui par conséquent ne se rendent pas compte du contrôle exercé par ces êtres supérieurs. C'est ainsi que ces demi-dieux auraient permis l'expansion des anciennes civilisations de Sumer, Babylone et de Mésopotamie. 

David Icke cite volontiers la Bible pour preuve de l'existence de telles créatures. Dans la Genèse, rappelle-t-il, c'est un serpent qui cause la perte d'Adam et Eve, et les fait renvoyer du Jardin d'Eden. Pour Icke, cet épisode marque le changement dans la relation entre reptiliens et humains, le schisme qui a poussé les reptiliens à cacher leur existence jusqu'aux tréfonds de la Terre.

La plus grande question qui demeure dès lors que l'on s'intéresse aux reptiliens est la suivante : pourquoi font-ils cela ? Pourquoi se cachent-ils de nous ? L'une des théories veut que les reptiliens aient besoin de l'or présent sur Terre pour stabiliser l'atmosphère de leur propre planète. Une autre théorie présente les reptiliens comme des êtres supérieurs assoiffés de pouvoir qui ne peuvent s'épanouir que dans la domination. La troisième explication est plus métaphysique, et place les reptiliens dans une quatrième dimension. Mais pour l'essentiel, les partisans de cette théorie du complot plus politique qu'il n'y paraît s'accordent à dire que les reptiliens ont pour but de semer la discorde sur notre planète, pour pouvoir se repaître d'émotions négatives comme la peur, la colère ou la jalousie.

À ce jour aucune preuve de leur existence n'a jamais été apportée, pas même la plus anecdotique (quoi que puissent en dire les vidéos en basse définition ralenties à outrance pour prouver le changement d'expression des grandes personnalités de ce monde). Il paraît donc vain de discourir sur leurs prétendues intentions.

 

CONVEXE OU CONCAVE ?

Les théoriciens de la Terre creuse doivent, dès lors qu'ils adhèrent aux grands traits de la théorie, choisir leur camp. Si certains considèrent que nous vivons sur la surface externe d'une planète creuse, et sont donc partisans d'une théorie de la Terre creuse « convexe », certains théoriciens sont partisans d'une théorie de la Terre creuse « concave ».

Dans le deuxième cas, nous vivrions à l'intérieur d'un monde creux dans lequel la force centrifuge (et non la gravité) nous maintiendrait au sol. L'univers que nous pensons être le nôtre ne serait qu'une illusion produite par des déviations de lumière. La surface de la Terre, dans une telle conception, pourrait ressembler à la coquille interne d'une sphère de Dyson, une mégastructure hypothétique décrite en 1960 par le physicien et mathématicien Freeman Dyson. Une structure d'astro-ingénierie consistant en une sphère artificielle et creuse, positionnée non loin d’une étoile pour en capturer presque toute l’énergie émise, à des fins industrielles.

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    Schéma d’une coquille de Dyson d’une unité astronomique de rayon.
    PHOTOGRAPHIE DE Wikimédia Commons

    L'un des théoriciens contemporains de la Terre creuse concave, le mathématicien égyptien Mostafa Abdelkader, a étudié les adaptations des lois de la physique qui en seraient, si ce n'est la preuve, du moins la conséquence, notamment dans les domaines de la gravitation et de l'optique. Pour lui, il n'existe aucune expérience physique permettant de distinguer l'univers dans lequel nous évoluons de l'image qui pourrait être obtenue par une inversion polaire.

    Mais le critère qui fait préférer la description usuelle est celui de la simplicité et de l'universalité : il n'y a pas de raison particulière pour qu'une inversion se place précisément au centre de la Terre, plutôt qu'en n'importe quel point de l'espace. Si l'on se reporte à la théorie mathématique du potentiel gravitationnel d'Isaac Newton, la force gravitationnelle est nulle à l'intérieur d'une coquille sphérique, quelle que soit l'épaisseur de celle-ci, si l'on néglige l'effet des autres masses à l'intérieur et à l'extérieur de la coquille (théorème dit « de la coquille creuse »).

    Selon ce théorème, et contrairement à la croyance populaire, les êtres qui vivraient à l'intérieur d'une terre creuse supposée ne subiraient aucune attraction vers l'extérieur, et ne pourraient donc pas se maintenir au sol. Ils se trouveraient en état d'apesanteur presque complet, ne ressentant que la légère force de gravité résiduelle provenant de la forme imparfaitement sphérique de la Terre, et des forces de marée produites par les corps célestes extérieurs, comme la Lune.

    La force centrifuge due à la rotation de la Terre les attirerait en théorie vers l'extérieur, mais elle n'excéderait pas, même à l'équateur, 0,3 % de la force de gravité qui s'exerce à la surface « extérieure » de la Terre.

     

    UN CENTRE EN FUSION

    D'après les données scientifiques actuelles, le centre de la Terre est une sorte de concentré de lave en fusion, à au moins 6 000 kilomètres sous la surface. Lorsque les volcans entrent en éruption, le magma qui s'élève dans les airs est le signe d'une grande pression et de fortes chaleurs à des centaines de kilomètres sous la surface. 

    Se basant sur les effets de gravité produits par notre planète, les scientifiques ont depuis longtemps estimé que la Terre a une masse de 5,9722×1024 kg. Et puisque rien sur Terre ne correspond à une telle masse, celle-ci se trouve forcément sous la croûte terrestre. Le noyau de la Terre à lui seul représenterait 15 % du volume total de notre planète. Deux types de noyaux y coexistent : un externe et un interne. Le noyau externe serait composé à 80-85 % de fer, et de 10 à 12 % d’un élément probablement fait de soufre, de carbone, d’oxygène, de silicium, et enfin de 5 % de nickel.

    Schéma représentant les différentes couches qui composent notre planète, de la croûte terrestre jusqu'au centre de la Terre, en fusion.
    PHOTOGRAPHIE DE Wiki Commons

    Pour tenter de mieux comprendre ce qui compose le centre de la Terre, les scientifiques ont recours à l'étude des ondes sismiques qui leur permet de recueillir de précieuses données comme leur vitesse de propagation, leur direction, leur longueur ou encore leur réverbération. Autant d'éléments qui permettent de savoir de quoi est composé le centre de la Terre. 

    Le centre même de notre planète est et restera sans doute inaccessible. Il est en effet assez peu probable que nous puissions un jour y envoyer des sondes ou des Hommes, tant il s'agit là d'un environnement hostile. 

    À ce jour, les plus profondes traces de vie sur Terre ont été retrouvées à près de 10 kilomètres sous le plancher océanique, sous la fosse des Mariannes.

    Si ces explications scientifiques peinent à vous convaincre, restent à votre disposition les photos de notre planète prises par les satellites et les astronautes envoyés dans l'espace dans le cadre de missions habitées. Aucune des images de notre planète n'a jamais montré de « trous » au niveau des pôles menant vers un centre hypothétiquement creux. Et si vous n'êtes pas non plus convaincus que les Hommes sont bel et bien allés dans l'espace, nous vous invitons à vous reporter au travail des explorateurs polaires, qui eux non plus, n'ont jamais découvert de passage vers le centre de la Terre.

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