Mars : les myrtilles de la discorde

En 2004, des petites sphères de carbone bleues avaient été découvertes sur Mars et rebaptisées « myrtilles ». Depuis, deux théories sur leur origine co-existent et se contredisent.

De Arnaud Sacleux
Les scientifiques ont proposé de multiples théories sur l'origine des petites sphères bleues retrouvées sur le ...
Les scientifiques ont proposé de multiples théories sur l'origine des petites sphères bleues retrouvées sur le sol martien.
PHOTOGRAPHIE DE NASA

C’est près du cratère Endeavour que le rover de la NASA Opportunity, grand frère de Curiosity, avait fait cette découverte intrigante : de petites sphères bleues très riches en fer sur le sol de la planète rouge, parfaitement ordonnées. Les scientifiques s’écharpent depuis sur l’origine de ces billes et aucune théorie ne prévaut réellement : en 2012, des chercheurs américains affirmaient que ces sphères étaient les témoins d’anciens cours d’eau sur la planète Mars. Affirmation contredite en 2014 par l’Institut de recherche hawaïen, avançant alors que ces sphères étaient de simples débris de météorite. Une nouvelle étude menée en 2018 par des chercheurs japonais vient remettre en avant la théorie du passé aqueux de la planète rouge.

 

MARS, ANCIENNEMENT HUMIDE

Comme le révèle une récente étude publiée dans le magazine Science Advances, la théorie avancée par des scientifiques japonais repose sur une comparaison de ces sphères avec certaines concrétions similaires présentes sur Terre. Elle fait d’ailleurs écho à une précédente étude datant de 2012, défendant que ces « myrtilles » avaient été formées par l'écoulement d'eau entre les roches martiennes.

L’équipe à l’origine de ces nouvelles recherches, menée par H. Yoshida et H. Hasegawa, s’est rendue dans l'Utah et en Mongolie à la recherche de nouvelles concrétions similaires aux myrtilles martiennes afin de les comparer. Les formations qu’ils ont récoltées se sont formées autour d’un noyau de calcite, contenant des matériaux très riches en fer. La coque composée d’hématite aurait été formée quant à elle grâce à des inondations d’eau légèrement acides, recouvrant le noyau de calcite. C’est « un moment exaltant » avouent les deux chercheurs. Cependant, les myrtilles martiennes ne sont composées que d’hématite et ne présentent pas de cœur de calcite. Cela pourrait indiquer « une longue période de lavage excessif qui a traversé toute la calcite » avancent les chercheurs. Qui dit lavage, dit présence d’eau ?

 

DES DÉBRIS DE MÉTÉORITE

Des chercheurs de l’Institut de géophysique et de Planétologie d’Hawaï soutenaient en 2014 qu’il s’agissait de débris de météorite ayant éclaté en entrant dans l’atmosphère martienne. Ce postulat fait écho avec l’étude menée par les scientifiques de la NASA en 2012, qui avaient eux aussi comparé les sphères martiennes avec d’autres concrétions terrestres récoltées cette fois-ci en Californie. Le directeur de recherche à Honolulu, Anupam Misra, avait même déclaré à National Geographic qu’« aucune des propriétés physiques des sphères ne correspond avec ce que l’on trouve sur Terre », alors que « la théorie concernant la météorite explique toutes leurs propriétés ». De plus, les myrtilles martiennes sont beaucoup plus petites que celles que l’on trouve sur Terre, et beaucoup mieux ordonnées. L’usure observée sur les sphères martiennes montre enfin qu’elles ne sont pas si anciennes que cela et seraient âgées de quelques années tout au plus.

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    Pour l’heure, les myrtilles sont trop petites pour que leur mystère soit percé à jour avec les moyens techniques actuels. Des outils plus sophistiqués sont nécessaires. Cependant, si l’on parvient à déterminer l’origine de ces myrtilles, cela pourrait apporter des réponses sur la formation de la planète rouge ainsi que sur la vie qui aurait pu s’y former et, pourquoi pas s’y développer. Le prochain rover de la NASA, Mars 2020, transportera des instruments avec une résolution suffisamment élevée pour pouvoir répondre à ces questions. Seul problème : qu’il est prévu qu’il se rende dans le cratère de Jezero, loin de l’endroit où Opportunity a déniché les myrtilles…

     

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