L'histoire du sauropode découvert dans un cimetière de dinosaures

La fin du Jurassique a été l'âge d'or des dinosaures géants. Les ossements préservés dans les plus grands cimetières de dinosaures réservent encore de nombreuses surprises : c'est dans l'un d'eux que Kaatedocus a été découvert.

De Riley Black
Illustration montrant un Kaatedocus désespérément embourbé dans ce qui est aujourd'hui la carrière Howe, dans le ...

Illustration montrant un Kaatedocus désespérément embourbé dans ce qui est aujourd'hui la carrière Howe, dans le Wyoming. Avec l'aimable autorisation du Sauriermuseum Aathal.

La fin du Jurassique a été l'apogée des dinosaures géants. L'Apatosaurus, le Barosaurus, le Brachiosaurus et le Diplodocus étaient des sauropodes gargantuesques à long cou qui atteignaient des longueurs de plus de 20 mètres, et certains, comme le Supersaurus et le diplodocide anciennement connu sous le nom de Seismosaurus, étaient encore plus grands. 

Peut-être plus surprenant encore, ces dinosaures massifs se partageaient des plaines inondables couvertes de fougères et parsemées de forêts de conifères dans ce qui correspond aujourd'hui à l'Ouest américain.

Mais ces énormes sauropodes ne menaient pas une existence édénique. Si nous en savons autant sur eux, c'est en partie grâce aux vastes cimetières jonchés des restes désarticulés des dinosaures du Jurassique supérieur, dispersés de l'est de l'Utah au sud du Montana. Les saisons étaient alors très marquées. Les dinosaures assoiffés mouraient pendant les périodes de sécheresse, et leurs corps desséchés étaient préservés par les sédiments transportés par les eaux de crue lorsque les pluies revenaient.

Le Dinosaur National Monument, un site paléontologique érigé en 1915 au statut de monument national américain, à cheval sur la frontière entre l'Utah et le Colorado, est l'un des plus célèbres cimetières de dinosaures. Mais d'autres lits à ossements préservent des assemblages différents de dinosaures. Des membres de sauropodes articulés et bien conservés laissent penser que ces herbivores desséchés sont venus chercher de l'eau à cet endroit, mais qu'ils sont restés coincés dans la boue. Comme en témoignent les quelques dents perdues, Allosaurus et d'autres charognards ont déchiqueté les corps des sauropodes, et ce qui restait des malheureux dinosaures a été rapidement enterré peu après.

Malgré les fouilles minutieuses menées par les paléontologues Barnum Brown, Roland T. Bird et leurs équipes du Musée américain d'histoire naturelle dans les années 1930, les générations suivantes de paléontologues n'ont guère prêté attention aux dinosaures de la carrière Howe. Le site semblait n'être qu'une nouvelle masse d'ossements de sauropodes provenant de dinosaures déjà connus. Pourtant, dans un article du Journal of Systematic Palaeontology paru en 2011, Emanuel Tschopp et Octávio Mateus ont affirmé avoir trouvé un dinosaure inconnu jusqu'alors, caché dans le mélange chaotique d'os de sauropodes.

L'équipe de Barnum Brown a été la première à fouiller systématiquement la roche jurassique autour de Shell, dans le Wyoming, à la recherche d'ossements de dinosaures, mais elle n'a pas été la dernière à le faire. « Big Al », un jeune allosaure appartenant à une espèce encore non décrite, a été découvert à proximité de la carrière Howe, et les fouilles menées par le Sauriermuseum Aathal, en Suisse, ont permis de découvrir d'autres parties du site d'origine. Parmi les ossements retrouvés par l'équipe suisse, on trouve une série de vertèbres cervicales associées à un crâne partiel et désarticulé. Ces ossements étaient auparavant considérés comme provenant d'un Diplodocus ou d'un Barosaurus juvénile, mais Tschopp et Mateus ont très tôt affirmé qu'il s'agissait là des traits d'un dinosaure diplodocide qu'ils ont baptisé Kaatedocus siberi.

D'un point de vue général, Kaatedocus n'était pas très différent de Diplodocus et de Barosaurus. Tous ces dinosaures étaient des sauropodes à la queue longue, au crâne long et bas et au museau garni de dents en forme de crocs. Tschopp et Mateus indiquent que les caractéristiques qui distinguent Kaatedocus sont des caractéristiques subtiles du crâne et des vertèbres, telles qu'une encoche en forme de U entre les os frontaux et le faible degré de séparation entre les épines neurales le long de certaines vertèbres du cou. Sur la base de cet ensemble de caractéristiques, les chercheurs ont suggéré que ce spécimen de Kaatedocus était un animal subadulte relativement petit qui mesurait environ 14 mètres de long lorsqu'il est mort.

Comprendre : Les dinosaures

Tschopp et Mateus soulignent également que le crâne de Kaatedocus ressemblait à celui d'un sauropode diplodocidé juvénile. L'orbite, ou ouverture des yeux, est grande, et le dinosaure avait un museau arrondi avec une rangée de dents élargie, également observée dans le crâne d'un Diplodocus juvénile décrit par John Whitlock et ses coauteurs en 2010. Le crâne de Kaatedocus était moins profond et plus mince que celui du Diplodocus juvénile, mais étant données la taille de l'animal et les caractéristiques juvéniles, il est possible que Kaatedocus soit en fait un individu relativement jeune de Barosaurus ou d'un autre sauropode précédemment documenté. Ce qui pourrait sembler être une combinaison distinctive de caractéristiques pourrait être un signe que le dinosaure était encore en train de changer alors qu'il approchait de la maturité.

Kaatedocus serait une forme distincte de sauropode qui vivait dans des environnements jurassiques dans la partie septentrionale peu connue de ce qui est aujourd'hui préservé dans la formation de Morrison. 

Les auteurs de l'étude parue en 2012 indiquaient que Kaatedocus avait été découvert relativement bas dans la formation de Morrison, il y a moins de 147 millions d'années. Kaatedocus semble peut-être archaïque parce qu'il a vécu avant des sauropodes comme Barosaurus et Diplodocus dans une bande d'écosystèmes septentrionaux qui a évolué lorsque l'ancienne mer intérieure de Sundance a disparu. Lorsque les paléontologues Jerry Harris et Peter Dodson ont décrit Suuwassea emilieae - un cousin de Diplodocus et peut-être même un de ses contemporains - à partir d'ossements trouvés dans le Montana, ils ont proposé que « l'extrémité nord du bassin de dépôt de la formation de Morrison puisse contenir une faune unique provenant d'un paléoécosystème jusqu'ici méconnu qui contraste avec le portrait général de la faune de la formation basé sur le matériel provenant d'affleurements au sud du bassin de Bighorn ». Par ailleurs, les études géologiques n'ont pas encore permis de déterminer l'âge et les relations entre les différentes excavations de la carrière de Howe, et la rareté du matériel de Barosaurus empêchait de comparer Kaatedocus à l'espèce précédemment découverte.

La perplexité qu'a suscité Kaatedocus souligne le fait que, malgré leur familiarité, nous ignorons encore beaucoup de choses sur les dinosaures de la formation de Morrison et sur leurs relations. En fait, l'un des plus grands mystères est de savoir comment ces environnements jurassiques ont pu abriter des groupes de dinosaures aussi étonnants. Les lits à ossements concentrent des indices qui peuvent nous aider à résoudre cette énigme écologique et à mieux comprendre une époque où des titans parcouraient la Terre.

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    Cet article a initialement paru sur le site nationalgeographic.com en langue anglaise en 2012.

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