En Syrie, le drame des enfants contraints de travailler dans les raffineries artisanales

Dans l’est de la Syrie, des milliers de personnes travaillent dans des raffineries artisanales contrôlées par Daech. Parmi eux, de nombreux enfants.

De Olivier Liffran
Publication 9 nov. 2017, 01:53 CET

Sur les images satellite, une myriade de petites taches noires constellent les alentours de Deir ez-Zor, une ville syrienne sous le joug de Daech depuis janvier 2016. Chacune signale la présence d’une raffinerie artisanale de pétrole. Ces installations sommaires se sont multipliées dans la région avec la guerre. L’ONG néerlandaise Pax, auteur d’un rapport sur le sujet, en a recensé 5791. Des dizaines de milliers de personnes y travaillent. Les hommes étant au front, les enfants sont nombreux parmi les ouvriers.

“Des enfants couverts de brûlures au second ou au troisième degré, avec des traces de pétrole encore présentes sur les blessures ; des ouvriers couverts d’une couche noire de la tête aux pieds… Les images sont terribles”, décrit Wim Zwijnenburg, chercheur à l’ONG Pax.

Les alentours de Deir ez-Zor font partie du champ pétrolier d’Omar, le plus vaste du pays. Avant le début des hostilités, en 2011, environ 30 000 barils étaient extraits chaque jour dans cette zone. Aujourd’hui, la zone finance Daech. D’où les frappes récurrentes de la coalition occidentale contre les sites d’extraction et de raffinage, destinées à tarir la principale source de revenus des djihadistes.

Trop facilement repérables par avions, les grosses raffineries ont cédé la place à de petites unités artisanales. Leur fonctionnement est simple. Le pétrole brut est chauffé dans une cuve à forte température. Les vapeurs des hydrocarbures sont récupérées à travers un tuyau, condensées dans un bassin, puis collectées dans un baril.

Dans le chaos de la guerre, ce mode de raffinage représente un moyen de subsistance pour des milliers de civils civils, en dépit des taxes imposées par le califat. Mais ce procédé libère de nombreux gaz toxiques : benzène, monoxyde de carbone, éthylbenzène, sulfure d’hydrogène, méthyl tert-butyl éther, acide sulfurique… Autant d’éléments chimiques à l’origine de pathologies graves pour le foie, les reins, le système nerveux ou le sang.

S’ajoutent des conséquences durables pour l’environnement. Les produits toxiques libérés par le raffinage du pétrole contaminent les sols et les nappes phréatiques. Tandis que les importantes quantités d’eau utilisées pour condenser les vapeurs d’hydrocarbures contribuent à la salinisation des terres, les rendant infertiles et impropres aux cultures. Pour les agriculteurs, les conséquences sont parfois désastreuses. “L’année dernière, nous devions avoir une bonne récolte, mais les arbres n’ont pas donné beaucoup de fruits, témoigne cet ingénieur agronome dans la région de Raqqa. Ils étaient couverts de suie, à cause des installations de raffinage. Même le bétail était touché.”

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