Des costumes d'ours, des beignets et un bon sens de la fête : voici la plus grande célébration d'Ukraine

Ce festival plein de couleurs perdure depuis des milliers d'années, et renforce l'identité ukrainienne dans les périodes difficiles.

De Melody Rowell
Publication 9 nov. 2017, 01:43 CET

Dans la petite ville ukrainienne de Krasnoilsk, à quelques kilomètres au nord de la frontière roumaine, tout le monde s’affaire à des préparations pas toujours agréables, mais festives. Nous sommes le 13 janvier, et, d’après le calendrier julien, c’est le réveillon du nouvel an, ce qui signifie que c’est aussi le jour de Malanka. Malanka, c’est bien plus qu’un réveillon : c’est l’une des célébrations les plus anciennes, les plus joyeuses et les plus vivantes de la culture ukrainienne.

À la tombée de la nuit, les villageois se parent de costumes d’ours, de gitans, de chèvres ou encore d’infirmier et défilent de maison en maison pour chanter des chants, jouer des sketches ou faire des farces. Pendant toute la nuit jusqu’au lendemain matin, tout le village participera d’une façon ou d’une autre à la fête, que ce soit en préparant le repas, en cousant les costumes sur d’autres personnes, ou simplement en savourant ces moments de partage.

« Je ne sais pas quand est apparue Malanka, » dit Dmytro Dragun, « avant ou après Jésus. » Le sentiment de Dragun est partagé par les résidents locaux comme les historiens. Malanka est une célébration si ancrée dans l’identité et la culture ukrainiennes que personne ne sait vraiment d’où elle vient, ni quand elle est apparue. Le nom fait référence à un personnage folklorique ancien : Malanka était la fille de la Terre Mère, et fut kidnappée par le Diable. Pendant toute la durée de sa captivité, il n’y a pas eu de printemps. Au retour de Malanka, la Terre a refleuri. Ainsi, la fête célèbre tout autant la nouvelle année que l’arrivée imminente du printemps.

Au 20e siècle, la célébration a pris une tournure encore plus forte. Alors que l’Union soviétique souhaitait assimiler tous les anciens pays indépendants en une seule culture, les populations intégrées essayaient de s’accrocher à leurs identités.

« À l’époque soviétique, on pouvait aller en prison pour avoir célébré Malanka, » se souvient Mykola Saychul. « C’était dangereux, mais on le faisait quand même. » Même au cours de ces dernières années, alors que l’Ukraine connaît un conflit intérieur et échange des hostilités avec la Russie, Malanka est devenue un symbole d’unité et de la ténacité ukrainienne.

« C’est dans nos veines ; c’est la tradition, » dit Ilya Iliuts. « Malanka rapproche les gens. Si deux personnes sont fâchées, elles se réconcilient pendant Malanka. »

Quand on regarde la foule déguisée, il est difficile d’imaginer comment Savchuk et ses amis ont pu célébrer une fête aussi extravagante sans se faire pincer. L’air est empli de musique tapageuse et des parfums des repas en cours de préparation. Les festivaliers portent des masques et plusieurs couches de vêtements colorés. Certains costumes d’ours sont si énormes et recouverts de décorations qu’ils doivent être cousus directement sur ceux qui les portent.

Alors que les costumes, trop fragiles, ne durent qu’une seule année, la tradition, elle, s’étend au fil des ans. Elle reste dans le cœur des Ukrainiens qui quittent le pays mais reviennent à l’occasion de Malanka.

« Tout le monde revient de l’étranger pour Malanka, » dit Olena Istratii. « C’est vraiment une grande célébration. Ma mère, ma grand-mère et mon arrière-grand-mère la fêtaient déjà. Nous ferons tout notre possible pour éviter que la tradition se perde. »

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