Ces alpinistes seront-ils les premiers à réaliser une ascension hivernale du K2 ?

Une équipe de grimpeurs polonais comptant parmi les meilleurs au monde va tenter de gravir l’un des sommets les plus dangereux de la planète, un défi que personne n'a relevé jusqu’à présent.

De Sarah Gibbens
Publication 4 janv. 2018, 11:23 CET
La pleine lune illumine le sommet K2.
La pleine lune illumine le sommet K2.
PHOTOGRAPHIE DE Tommy Heinrich, National Geographic Creative

Sur les plus hauts sommets du K2, deuxième plus haut sommet du monde avec une altitude officielle de 8 611 mètres, les violence des vents défie celle des ouragans. Ici, chaque faux pas, chaque hésitation, peuvent être fatals.

Le vent n'est que l'un des dangers qui menacent les alpinistes s'aventurant sur ce sommet du massif du Karakoram, situé sur la frontière sino-pakistanaise dans la région autonome du Gilgit-Baltistan. En hiver, les températures chutent à -25°C. Le jour ne dure que quelques heures. Les pentes comptent parmi les plus inclinées au monde.

Quatorze montagnes dans le monde tutoient le ciel à plus de 8 000 mètres d'altitude. Toutes ont déjà été escaladées en hiver, sauf le K2, malgré des tentatives en 1987, 2002 et 2012. Krzysztof Wielicki et son équipe polonaise pourraient rentrer dans l'histoire de l'himalayisme en gravissant ce sommet cet hiver. 

Cette équipe est composée de 13 alpinistes. Leur voyage a commencé le 29 décembre dernier : ils ont quitté la Pologne pour Islamabad au Pakistan, d'où ils ont rejoint les frontières montagneuses du pays avec la Chine. Une fois là-bas, les alpinistes ont fait appel à plus de 100 porteurs qui aideront au transport de plus d’une tonne d’équipements nécessaires à l'établissement d'un camp de base.

Seul l’Everest dépasse le K2 avec 8,848 mètres d’altitude contre 8 611 mètres. Des alpinistes ont déjà atteint son sommet au printemps et en été, saisons pendant lesquelles le danger est moins grand. Quelques grimpeurs parcourent la montagne l'hiver mais personne n’est jamais arrivé au sommet en cette saison.

 

MARQUER L'HISTOIRE

Le K2 est historiquement plus dangereux que l'Everest : 84 personnes ont péri lors de son escalade depuis le début des recensements des activités de montagne. Seules 306 personnes sont parvenues à grimper au sommet du K2. Un chiffre faible comparé aux 4 000 personnes qui ont déjà réussi l'ascension de l’Everest. Le massif montagneux de Karakoram auquel le K2 appartient est plus froid que la chaîne montagneuse himalayenne, selon Bernadette McDonald, l’alpiniste et écrivaine qui a rédigé un livre sur l’escalade polonaise.

« La combinaison des conditions d'escalade difficiles, des températures basses et du vent très fort fait de cette escalade un objectif formidable pour les alpinistes », dit-elle de cette nouvelle ascension.

« Nous avons envoyé des hommes dans l'espace et même sur la Lune mais personne n’a jamais réussi à se tenir au sommet du K2 en hiver » explique le porte-parole de l’expédition, Michał Leksiński,

L’équipe polonaise s’est préparée pour cette tentative pendant deux ans, acquérant les meilleurs équipements d’escalade et s'entourant d'une équipe de météorologues, de nutritionnistes, d’entraîneurs sportifs et de médecins.

PHOTOGRAPHIE DE Tommy Heinrich

L'équipe regroupe les meilleurs alpinistes du monde, supervisés par le célèbre escaladeur polonais Krzysztof Wielicki. Ce varappeur de 67 ans a fait la une des journaux en 1980, après avoir été le premier homme à réaliser l'ascension hivernale de l’Everest. Il a été le 5e homme à gravir les 14 sommets de plus de 8 000 mètres. Il a mené trois expéditions hivernales aux différents pics du K2, mais il n’a jamais réussi à arriver au plus haut sommet.

Le groupe comprend les alpinistes Janusz Gołąb, Adam Bielecki, Rafał Fronia, Marek Chmielarski, Marcin Kaczkan, Artur Małek, Piotr Tomala, Maciej Bedrejczuk, Denis Urubko, le secouriste Jarosław Botor, le réalisateur Dariusz Załuski et le gestionnaire de camp Piotr Snopczyński.

Ces grimpeurs se sont entraînés dans des pièces spéciales appelées « chambres hypobares », des simulateurs de haute altitude utilisés pour la recherche et l'évaluation médicale qui permettent aux grimpeurs d'habituer leurs corps à un environnement où l'oxygène est rare.

 

UNE HISTOIRE D'ESCALADE

S’il y est un pays préparé pour l'escalade hivernale du K2, c’est bien la Pologne. Parmi les 13 montagnes de 8 000 mètres d’altitude déjà été escaladées en hiver, 9 l'ont été par des équipes polonaises et 1 par une équipe italo-polonaise.

L’escalade est devenue un sport populaire en Pologne après la deuxième guerre mondiale. Désireux de fuir la surveillance soviétique à l’intérieur du pays, les hommes en quête de liberté se sont mis à l’escalade. Depuis, les clubs d’escalades se sont multipliés dans le pays.

« Je crois que cette équipe peut relever ce défi, mais je ne suis pas certain que ce sera cette année » avance McDonald, expliquant qu’il faut plus d’une saison pour pouvoir mettre en place une stratégie d’escalade. « J’espère sincèrement qu’ils parviendront à atteindre le sommet. »

L’équipe d'alpinistes prévoit d’établir son camp de base début janvier et de commencer l'ascension ensuite. Les alpinistes sont conscients de la nécessité de s'en tenir à un programme strict, compte tenu de l’imprévisibilité du K2.

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