Rock la casbah : voyage au son des musiques marocaines

Puisant leur inspiration dans des traditions pluriséculaires, les musiques marocaines vibrent au son des rythmes modernes.

De Mickey Rapkin, National Geographic Traveler
Publication 16 oct. 2020, 10:00 CEST
Leur amour de la musique exalte ces jeunes garçons de la province de Tinghir. Les deux ...

Leur amour de la musique exalte ces jeunes garçons de la province de Tinghir. Les deux sur la gauche jouent du traditionnel guembri, une sorte de guitare gnawa.

PHOTOGRAPHIE DE Allal Fadili

Cette histoire, comme toutes les bonnes histoires, commence avec un homme âgé de 66 ans qui monte sur scène vêtu d’un costume fabriqué avec des peaux de chèvre.

Nous sommes fin mars, et je suis venu au Maroc en partie pour assister à un événement rare : une représentation publique des Maîtres musiciens de Joujouka, un groupe soufi traditionnel du Rif qui connaît un succès planétaire. Vers la fin des années 1960, Brian Jones, des Rolling Stones, est allé dans leur village pour enregistrer leur musique. William S. Burroughs et Timothy Leary leur ont donné un surnom resté fameux, celui de « groupe de rock quatre fois millénaire ». Plus récemment, Billy Corgan, des Smashing Pumpkins, y a passé toute une semaine seulement pour les écouter. Leur art de la transe n’est pas un pur divertissement. On lui attribue aussi des pouvoirs de guérison. L’être mi-homme mi-chèvre du spectacle s’appelle Boujeloud et, selon le folklore, les spectatrices qu’il touche avec son bâton tomberont enceintes. 

J’avais prévu d’explorer le Maroc au travers de sa musique, aussi variée que ses paysages – depuis les montagnes de l’Atlas jusqu’aux vastes déserts, où le son prend une forme et une couleur particulières. Ici, les tambours berbères vibrent sur des rythmes surprenants et les mélodies jouées sur l’oud – une sorte de luth –, souvent à onze cordes, évoquent les racines arabes du pays. Les airs gnawa sont nés à l’époque de la traite des esclaves, quand les navires négriers d’Afrique de l’Ouest accostaient à Mogador, l’actuelle Essaouira. Dans son ensemble, la musique locale fournit une bande sonore à l’histoire riche et complexe du pays, en même temps qu’un fil conducteur fécond pour construire un itinéraire.

Pour être honnête, l’idée ne venait pas de moi, mais de Paul Bowles. En 1957, l’auteur d’Un thé au Sahara avait sollicité des fonds auprès de la Bibliothèque du Congrès (LOC), à Washington, pour financer un périple à travers le Maroc  destiné à enregistrer cette musique. Il espérait la capter avant qu’elle ne soit polluée par des influences étrangères. Peut-être refusait-il aussi de voir le Maroc évoluer. Quoi qu’il en soit, son expédition fut fructueuse. Pendant quatre mois, son assistant et lui parcoururent près de 1 800 km flanqués d’une montagne de matériel d’enregistrement. Ils recueillirent ainsi des choeurs folkloriques, des danses du sabre, des percussions sur des tambours en peau de chèvre, et même le dernier appel à la prière de Tanger réalisé sans haut-parleur.

Muni de mon iPhone, je n’avais pas besoin d’un magnétophone à bobines. J’allais apprendre, au cours de cet improbable voyage – notamment en découvrant les Maîtres musiciens de Joujouka en surprenantes têtes d’affiche d’un festival de musique électronique – que ni les traditions musicales marocaines les plus ancrées, ni les jeunes qui incarnent la scène actuelle ne sont fossilisés dans l’ambre du passé. Celui-ci influence le présent, marqué aussi par l’émergence d’artistes qui révolutionnent les rythmes locaux.

Remplie de fumée, de spectacles et de bruits, la place Jema'a el-Fna est, depuis le Moyen Âge, au cœur de la vie commerciale et sociale de la médina (le quartier arable) de Marrakech.

PHOTOGRAPHIE DE Rainer Jahns

À peine arrivé sur le sol marocain, j’ai compris pourquoi Bowles avait été captivé par la musique locale. À Marrakech, musiciens et charmeurs de serpents se rassemblent sur la célèbre place Jema’a el-Fna, tandis que les murs de la vieille ville répercutent le bruit des klaxons et que les rugissements des scooters s’infiltrent jusque dans les ruelles. Cinq fois par jour, l’adhan retentit, appelant les fidèles à la prière. Dans une rue latérale sinueuse (comme il se doit dans la Ville rouge), je m’assoie pour prendre une tasse de thé avec un maître gnawa nommé Mohammed Sudani, dont le travail officiel consiste à entretenir le chauffage au feu de bois du hammam local. Assis sur un tapis dans une pièce qui ressemble à une grotte, il joue du guembri – un instrument à cordes pincées dont la caisse de résonance, en bois, est recouverte d’une peau de dromadaire – et chante en tamazight, le dialecte des Berbères, dont les traditions sont bien antérieures à l’arrivée des Arabes au Maroc. Le pompon de son fez tourne sur sa tête comme un ventilateur de plafond.

Par l’intermédiaire d’un traducteur, il m’explique : « La musique est spirituelle. La musique est un médecin. » Il n’exagère pas. Son pouvoir thérapeutique reviendra de façon récurrente dans les conversations au cours de mon voyage. Mon guide m’explique la cérémonie gnawa de la lila (littéralement, « nuit »), censée chasser les esprits malfaisants, les mauvais djinns. Khadija El Ouarzazia, l’une des premières femmes à s’être imposée sur la scène musicale gnawa, se fera plus tard l’écho de ces paroles en me racontant comment elle a un jour guéri un Suisse de ses troubles persistants de l’érection ! C’était au cours d’une lila particulièrement intense, qui avait commencé par le sacrifice d’une chèvre. Elle me confiera aussi qu’elle est voyante. De quoi sera fait mon avenir ? « Seulement de bonnes choses », m’assurera-t-elle en souriant.

Désireux de m’éloigner un peu de la trépidante Marrakech et d’approfondir mes connaissances des traditions musicales marocaines, je demande à Sarah Casewit, co-fondatrice de Naya Traveler, un tour-opérateur qui propose des itinéraires personnalisés, de m’organiser un cours de musique dans un petit village berbère des montagnes du Haut Atlas. Le trajet est magnifique. Les murs rouges de la capitale touristique cèdent rapidement la place à des oliveraies, puis à des cimes enneigées. 

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    PHOTOGRAPHIE DE Massimo Ripani, Sime, Estock Photo

    Une heure après notre départ, nous nous arrêtons un moment pour prendre le thé dans un marché berbère en plein air, à Tahanaout. Mon guide, Mohammed, enchaîne les plaisanteries. « Vous avez vu les 4 x 4 berbères, là-bas ? », demande-t-il en désignant une rangée d’ânes.

    Ouvert uniquement le mardi matin, le marché déborde de magnifiques légumes frais et de fraises juteuses. La fumée qui s’élève de petits barbecues danse dans ses allées étroites. De stands d’épices en échoppes de vêtements, nous finissons par arriver aux étals de poissons et de viandes, où l’on peut notamment acheter une chèvre entière, tête comprise. Mohammed négocie le prix du thé que nous allons nous préparer. Pourquoi discuter pour un si petit achat ? Il rit et me confie que le marchandage rend les tâches banales bien plus excitantes : « Ça leur donne plus de saveur ». C’est la meilleure explication que j’ai jamais entendue. Quand le thé est infusé, Mohammed soulève très haut la théière et me montre comment remplir une tasse. « On ne devrait jamais annoncer qu’il est prêt », me dit-il. « Il suffit de le verser et de laisser le léger clapotis nous informer qu’il l’est ». La musique est partout.

    Comme promis, Anraz, un village d’environ 600 habitants, est assez éloigné. Nous marchons au milieu de collines verdoyantes parsemées de cerisiers en fleurs, et croisons une douzaine de moutons en vadrouille. Enfin, nous arrivons au village perché, construit de rustiques huttes d’adobe, aux portes basses. À première vue, rien ne semblait avoir changé depuis des décennies. C’est du moins ce que je pensais jusqu’à ce que des enfants surgissent pour m’accueillir qui, comme tous les gamins du monde aujourd’hui, avaient les yeux baissés, le visage rivé à l’écran lumineux de leur portable.

    Sarah Casewit, qui a grandi au Maroc, m’a expliqué que la tendance est à l’abandon du terme « berbère » – déformation de « barbare » –, qui avait été imposé aux tribus par les Romains. Les membres de cette ethnie préfèrent être appelés Amazighs, les « hommes libres ». Leur musique demeure l’un des principaux moyens de défendre leur identité. À Rabat, l’Institut royal de la culture amazighe, ouvert en 2001, vise à introduire la langue et la musique tamazightes dans les écoles

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    PHOTOGRAPHIE DE Francesco Lastrucc

    Du thé nous attend, ici aussi – avec des montagnes de cubes de sucre blanc – tandis que quatre hommes habillés d’amples djellabas et quatre femmes portant foulard et jupe de dentelle se préparent à jouer. L’un des hommes passe la peau de son tambour au-dessus d’un feu ; se resserrant avec le froid, la peau de chèvre donne un meilleur son si on la réchauffe. Je leur demande de quoi parlent les chansons. Le percussionniste me répond, avec un haussement d’épaule : « d’amour et d’Histoire. » Que pourrait-il y avoir d’autre à chanter ? 

    Cette musique rituelle – jouée lors d’événements importants, ou simplement à la maison – est un dialogue joyeux. Tantôt les femmes se tiennent par la main, tantôt elles se trémoussent et rient. Nous sommes assis par terre et mon guide me chuchote que la chanson que nous entendons parle de virilité – il y est question de s’efforcer d’être un « aigle qui traverse l’océan » plutôt qu’« un faucon qui ne fait que franchir une rivière ». Nous devrions tous être des aigles, me confie-t-il. Je suis loin de me sentir comme tel quand les hommes me tirent à l’intérieur du cercle, m’habillent d’une djellaba et me tendent un tambour. Je n’arrive pas à suivre le rythme, mais l’allégresse m’envahit.

    Ce soir-là, je gagne la Kasbah du Toubkal, un hôtel de style amazigh, à quelque 1 800 m d’altitude. Un chauffeur me dépose dans la petite ville d’Imlil, en bordure du parc national de Toubkal. En l’absence de route, mes bagages sont chargés à dos d’âne pour être déposés à l’hôtel, situé à quinze minutes à pied de là. Il fait sacrément froid. Dehors, la pluie vire au déluge. Un coup frappé à la porte de ma chambre me fait sursauter. Mon hôte m’a apporté une bouillotte pour réchauffer mon lit, l’un des plaisirs simples les plus agréables de l’existence.

    Jarrive à Marrakech juste à temps pour voir les Maîtres musiciens de Joujouka au festival du Beat Hotel. La programmation compte également des DJ débutants de Casablanca, des restaurants éphémères et une tente spa proposant des cours de yoga. La transition est brutale. De jeunes fêtards britanniques – peau brûlée par le soleil et cigarette électronique au bec – se tiennent près d’une piscine. Le mot de passe du WiFi est MOONLIGHT. Rien à voir avec ce que Burroughs ou les poètes de la Beat Generation auraient pu imaginer. Mais ce moment marque l’éclosion d’un audacieux mélange des genres.

    Le Beat Hotel est l'un des tout nouveaux festivals de musique live au Maroc. Il attire une foule de gens du monde entier. 

    PHOTOGRAPHIE DE Marc Sethi

    Après 22 heures, c’est au tour des Maîtres – dont l’âge varie entre la quarantaine finissante et 86 ans – d’occuper la scène installée sous une tente blanche, éclairée et équipée d’une sono. Treize hommes en djellaba, assis sur une rangée de chaises, se tiennent face à la foule en tenant des tambours et des instruments à anche. La musique est viscérale, les sonorités aiguës des lira, les flûtes marocaines traditionnelles, s’insinuent comme des serpents dans mes oreilles et s’emparent de mon esprit. Jadis, ce type de transe soufie servait à divertir la cour du sultan. Elle était aussi pratiquée pour motiver les soldats avant la bataille. Ce qui se comprend : dès les premiers battements de tambour, le son éclate avec une incroyable force.

    Les Maîtres vont jouer deux heures durant, avec plus d’énergie que des hommes qui seraient deux fois plus jeunes. Une heure après le début du spectacle apparaît le Boujeloud, l’homme-chèvre. Celui qui arbore ce costume s’appelle Mohamed El Hatmi. À 66 ans, voilà plus de trente-cinq ans qu’il joue les icônes à fourrure. Mesurant à peine 1,5 m, c’est un genre de surhomme. Il descend dans la foule et court au milieu des gens. « Il détient de grands pouvoirs », murmure un ami. 

    « Les gens qui ont des problèmes mentaux ou qui se sentent possédés par certains maux viennent au village de Joujouka », précise-t-il. Et d’ajouter : « Ferme les yeux. » Je ne vais pas « tomber enceinte », mais je suis transformé.

    C’est en enregistrant les Maîtres musiciens de Joujouka que Brian Jones a lancé la world music. Aujourd’hui, au Beat Hotel et ailleurs au Maroc, un style vibrant et créatif s’affirme, incarné par une nouvelle génération d’artistes qui ont su prendre leurs distances avec les traditions culturelles et choisi d’évoluer dans un paysage musical qui leur est propre. Maalem Houssam Guinia, fils de la légende de la musique gnawa Maalem Mahmoud Guinia, se produit au festival avec le célèbre DJ britannique James Holden. L’affiche inclut aussi deux jeunes DJ, Kosh et Driss Bennis. Le second est le fondateur du label électronique Casa Voyager, qui doit son nom à une gare de Casablanca, leur ville natale. Leur influence majeure, me disent-ils, n’est pas le folklore berbère, mais plutôt la scène électronique et techno de Détroit, aux États-Unis.

     

    Le joueur de guembri Simo Lagnawi.

    PHOTOGRAPHIE DE Hassan Hajjaj

    Driss admet que cela leur a parfois compliqué la tâche en termes de marketing. La presse, explique-t-il, aime les histoires de hipsters gnawa. « Le fameux cliché des Africains jouant de la musique ethnique et fusionnelle, dit Driss. Mais ce n’est pas ce que nous faisons. »

    « Je n’avais pas de musique gnawa sur mon iPod lorsque j’étais petit, renchérit Kosh. Quand j’étais adolescent, j’écoutais Iron Maiden, Metallica. » C’est en partie pour cette raison que Driss Bennis a créé le label Casa Voyager. « Il nous permet de documenter un moment, explique-t-il. Nous sommes ici au Maroc. À Casablanca. En 2019. En train d’enregistrer . Nous voulons briser la vision coloniale. » Traduction : merci à toi, Paul Bowles, mais c’est nous qui tenons le micro désormais.

    J’ai l’impression d’assister à une révolution, ou peut-être à un besoin d’émancipation par rapport aux attentes traditionnelles. L’existence même de ce festival – et d’autres de ce genre au Maroc – montre que cette génération est déjà en train de s’emparer du trône. Au début du voyage, on m’a présenté deux Marocains branchés, Reda Kadmiri et Karim Mrabti, qui sont consultants pour le Beat Hotel. Élevé à Rotterdam, aux  Pays-Bas, Karim a fondé son propre festival d’avant-garde, Atlas Electronic, il y a quatre ans. Vêtu d’un sweat-shirt orange et d’un jean noir, fine chaîne dorée au cou et baskets Adidas aux pieds, il se souvient combien il a dû batailler pour y arriver. Était-ce sans danger ? Les gens viendraient-ils ? Mais il avait écarté toutes ces objections en quelques mots : « Si on parvient à rassembler 500 personnes pour une noce au Maroc, on doit pouvoir aussi y lancer un festival. » Voire une douzaine. 

    Reda est venu assister au concert des Maîtres musiciens de Joujouka. Il a séjourné quatre fois avec eux dans leur village. Ayant grandi en partie à Montréal, il est retourné dans son pays natal avec un but en tête. « Culturellement, déclare-t-il, le Maroc a connu de nombreux changements depuis l’Indépendance. Mais aujourd’hui, les jeunes Marocains sont tiraillés entre deux voix divergentes : le conservatisme et une émancipation progressive. Et ces deux courants sont très forts. Il y a des périodes dans l’Histoire où la balance pourrait pencher aussi bien dans un sens que dans l’autre. Le dénouement est proche, aussi chacun doit-il s’impliquer maintenant. » 

    Il regarde autour de lui et reprend : « Il y a de beaux exemples de Marocains de la diaspora qui reviennent au pays et y trouvent une place, une communauté et un rôle. » 

    Un membre du groupe Arfoud Brothers.

    PHOTOGRAPHIE DE Hassan Hajjaj

    Que réserve l'avenir ? Même une voyante comme Khadija ne pourrait le prédire. J’interroge Frank Rynne, le manager des Maîtres musiciens de Joujouka, sur les projets du groupe. Leurs enfants vont-ils prendre le relais ? Frank est optimiste – bien qu’il reconnaisse que l’arrivée de la téléphonie mobile dans leur village reculé complique les choses. « Les gamins de Joujouka adorent la musique, mais ils sont attirés par ce qui brille, par la grande ville. » Quant à moi, le meilleur spectacle que j’ai vu de la semaine s’est tenu au Café Clock, à Marrakech, où quatre femmes jouaient de la musique traditionnelle à un volume assourdissant, pendant que des jeunes dansaient en se filmant avec leurs iPhone. 

    Avant de quitter la ville, je fais une excursion d’une journée à Essaouira, cité portuaire au bord de l’Atlantique à trois heures de route de Marrakech, où Jimi Hendrix, Cat Stevens et Frank Zappa sont tous venus en quête d’inspiration. Chaque été, la ville accueille pendant quatre jours un festival de musique gnawa. Mon chauffeur met de la musique traditionnelle en m’expliquant que le bruit métallique des castagnettes rappelle celui des chaînes que portaient les esclaves. Il me faudra des mois pour parvenir à m’ôter de la tête ce son obsédant. 

    Les fortifications du XVIIIe siècle de la cité émergent de la brume comme d’un rêve. Selon la légende, les lieux auraient inspiré Castles Made of Sand à Jimi Hendrix. Reste que la chanson est sortie deux ans avant la première visite connue de l’artiste. Je comprends pourquoi l’histoire perdure. Le site est magnifique. À l’opposé de Marrakech, il offre une grande bouffée d’air marin et inspire des artistes du monde entier. Un épisode de la troisième saison de Games of Thrones y a été tourné. 

    Dans la vieille médina, une kyrielle de vendeurs proposent viandes, épices et tapis. Des photos d’Hendrix sont encore accrochées aux vitrines. Je m’installe pour déjeuner sur le toit-terrasse du Taros, avec une vue imprenable sur l’océan. De la musique s’élève de la place en contrebas, où des touristes applaudissent des musiciens locaux et jettent des pièces de monnaie dans des étuis de guitare. 

    Je me souviens d’une conversation avec Kali G, un DJ de Casablanca qui utilise des samples de musique folklorique tels que des voix berbères ou des instruments gnawa, comme la flûte qui annonce le début du ramadan. Quand je l’avais interrogé sur la transe soufie et ses vertus thérapeutiques, il avait souri avant de m’expliquer : « Vous devez vous débarrasser de vos biens matériels, puis de votre ego. Ce n’est que lorsque vous dites adieu à la peur que vous ouvrez la porte sur quelque chose de beau. » Il avait raison. 

    À la terrasse du Taros, je prête l’oreille à une autre musique : le son des alizés, les fameux vents côtiers d’Essaouira, nommés Taros en berbère. Les vagues déferlent sur le rivage, frappant la côte avant de se retirer et de s’y précipiter à nouveau. Mais pourquoi se précipiter ? 

    Zelliges (mosaïques traditionnelles en faîence), et marbres décorent la cour centrale du riad Dar Seffarine, une maison d'hôtes vieille de 600 ans érigée dans la médina de Fès.

    PHOTOGRAPHIE DE Francesco Lastrucci

    Article publié dans le numéro 19 du magazine National Geographic Traveler

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