Bad Gastein : voici pourquoi ses eaux thermales séduisent depuis des siècles
Dans le massif des Hohe Tauern des Alpes autrichiennes, la ville thermale de Bad Gastein est connue pour les bienfaits de ses eaux. Qu’il s’agisse d’un plongeon dans un lac glacial ou d'une cure dans un établissement de luxe, découvrez comment en profiter

La cascade de Gasteiner a trois chutes, divisant la station des Hohe Tauern en deux.
Le soleil matinal pointe à l’horizon dans le massif montagneux des Hohe Tauern, dans les Alpes autrichiennes, illuminant les pics un par un. Alors que notre groupe de yoga se lance dans l’asana, la vallée qui s’étend à nos pieds est baignée d’une lumière dorée. Il n’existe que très peu d’endroits plus agréables pour des salutations au soleil qu’ici, sur une plateforme de haute altitude dans la forêt de Bad Gastein, encerclés par des montagnes, la mélodie de la cascade résonnant à nos oreilles. « C’est un lieu magique », confie Annette Söhnlein, parée d’un sourire aussi radiant que ce jour qui se lève.
Elle donne un cours de yoga à Haus Hirt, ce chic hôtel alpin où je réside pour la semaine. Le bâtiment des années 1920, rénové en 2000, a accueilli des écrivains comme Stefan Zweig et Thomas Mann. Des peintures contemporaines sont accrochées aux murs et les chambres offrent de superbes panoramas sur les environs. « Ici, sous le couvert des arbres, chacune de nos respirations nous emplit d’air alpin », s’émerveille Annette. « Nos sens sont éveillés par les montagnes et le ciel qui s’étend à perte de vue, accompagné par le bruit de la cascade, non loin. »
Dissimulée par la brume, cette cascade de 340 mètres de haut semble être la conséquence d’un bain dont on aurait ôté le bouchon. Le torrent déboule à travers des forêts et plonge par-dessus des falaises escarpées pour se jeter dans trois piscines turquoise avant de continuer son chemin vers la ville, la coupant en deux. Elle prend sa source du glacier du parc national des Hohe Tauern, le premier et le plus grand parc national d’Autriche qui s’étend sur 1 856 kilomètres carrés englobant les plus hauts pics et glaciers du pays. L’eau dévale les montagnes en passant par des gorges et des ruisseaux pour finalement atteindre Bad Gastein sous sa forme la plus pure.
Durant 3 000 ans, cette eau riche en minéraux a été filtrée par la roche. Cinq millions de litres remontent en bouillonnant à la surface dans dix-sept sources thermales et atteignent des températures de 44 à 47 °C. Romains, empereurs, aristocrates, artistes... au cours des siècles, tous ont plongé dans ces eaux avec l’espoir qu’elles apaiseraient leurs maux.

« Ici, sous le couvert des arbres, chacune de nos respirations nous emplit d’air alpin », s’émerveille Annette. « Nos sens sont éveillés par les montagnes et le ciel qui s’étend à perte de vue, accompagné par le bruit de la cascade, non loin. »
L’eau fait la fortune de Bad Gastein, comme on peut le voir dans son architecture, ses chandeliers, ses villas en marbre au style de la Belle Époque qui se dressent sur les pentes abruptes, boisées et rocheuses de la ville, comme une Vienne miniature qui aurait été transportée dans un décor alpin. Pendant un moment, lorsque la mode de se baigner dans ses eaux avait passé, la ville a sombré dans l’anonymité. Mais récemment, l’une des plus singulières stations thermales d’Autriche a connu un regain d'intérêt. Les hôtels recommencent à se servir des eaux, de Haus Hirt au récemment rénové Straubinger, avec sa piscine à débordement située sur son toit-terrasse, et le Comodo dont le spa propose des traitements.
Mais il s’agit avant toute chose d’une station des Alpes et les montagnes qui se détachent sur l’horizon m’incitent à prendre de la hauteur. J’emprunte le téléphérique jusqu’à Stubnerkogel, à 2 200 mètres d'altitude où les randonneurs, tels des funambules, empruntent un pont de 140 mètres de long qui se balance doucement au gré de la brise entre la station et une tour de transmission. À cinq minutes de marche de là se trouve une plateforme d’observation qui s’avance dans le vide et offre une vue sur le plus haut sommet d’Autriche, le Grossglockner, couronné d’un glacier, qui grimpe jusqu’à 3 798 mètres d’altitude. J’embarque dans une randonnée de quatre heures jusqu’à la station proche de Sportgastein, franchissant des champs d’éboulis, des prairies de fleurs sauvages et des passes rocheuses.
L’eau d’un bleu profond du lac Bockhartsee, niché dans les montagnes sur notre chemin, est glacée mais je prends le risque d'y plonger. De l’or était auparavant extrait des pierres qui entouraient ce lac d’altitude. Et, selon la légende, un dragon aurait recouvert ce trésor de glace et l’aurait coulé, le faisant disparaître à jamais.
Mais de l’or se trouvait ailleurs dans ces montagnes. À quelques kilomètres de là, au-dessus de la vallée de Bad Gastein, la montagne de Radhausberg, dans le village de Böckstein, était l’El Dorado des Alpes pour les mineurs médiévaux. La pratique a pris fin au 17e siècle, après que les filons ont été épuisés. Les grottes ont cependant rouvert dans les années 1940, avec l’espoir de retrouver de riches dépôts d’or.
Il s’est passé un événement curieux à la place. Les mineurs ressortaient des mines en bien meilleure santé qu’ils n’y étaient entrés. Les maux de dos, les toux et les rhumes, les plaques et les rhumatismes, tous disparaissaient comme par magie. Le secret derrière ces guérisons miracles ? Du radon qui se glissait à travers les fissures de la roche en quantités inoffensives, dont la croyance répandue veut qu’il donne un coup de fouet au système immunitaire.

De l’or était auparavant extrait des pierres qui entouraient ce lac d’altitude. Et, selon la légende, un dragon aurait recouvert ce trésor de glace et l’aurait coulé, le faisant disparaître à jamais.
Les mines sont désormais le centre de santé de Gasteiner Heilstollen. Lors de ma visite, on vérifie ma tension artérielle puis je revêtis mon maillot de bain, enfile un peignoir et monte à bord d’un train jaune qui s’enfonce dans les profondeurs de la montagne jusqu’à une chambre. On m’attribue une chaise longue et je m’assois en silence aux côtés d’inconnus tandis que la chaleur de hammam qui frise les 40 °C augmente petit à petit. J’y passe une heure mais pour récolter de réels bienfaits de cette visite, il faut suivre un programme de soin d’une semaine, de ce que l’on m’a expliqué.
Je passe toutefois la plupart de mon séjour à Bad Gastein et, de retour à Haus Hirt, je me rends au spa. « Je vais vous laisser ici pour vous détendre », me dit Evelyn Ikrath, qui a grandi dans la ville et qui dirige aujourd’hui l’hôtel avec son mari, Ike. Elle me guide jusqu’à une chambre à la lumière tamisée où une baignoire creusée dans le sol est remplie d’eau minérale riche en radon. « Il est possible que vous ayez la tête qui tourne un peu en sortant »
Je me sens cependant comme si je flottais sur un petit nuage. Une chaleur agréable me réchauffe jusque dans mon cœur. Je me drape dans un peignoir et je regarde l’ombre gagner la vallée. On me recouvre ensuite de boue riche en minéraux que j’ai choisie, m’en enveloppant comme si je me trouvais dans un cocon avant de me laisser flotter sur un lit à eau.
Au moment de quitter le spa pour me rendre au dîner, les premières étoiles brillent dans le ciel. Je n’aperçois plus la cascade mais je peux toujours l’entendre en ouvrant la porte qui mène à mon balcon pour observer la nuit. À Bad Gastein, tout tourne autour de l’eau. Et quelle eau spéciale il y coule.
GUIDE DE VOYAGE
C’est un trajet en train spectaculaire d’une heure et demie depuis Salzbourg jusqu’à Bad Gastein. Les travaux de rénovation en cours sur la ligne devraient prendre fin en juillet 2025. Une chambre avec lit double à Haus Hirt coûte environ 280 euros et inclut une demi-pension ainsi que la participation à des cours de yoga et l’utilisation du spa. La carte Gastein offre un accès gratuit aux bus locaux, à des randonnées à la mi-journée ou à la journée et des réductions intéressantes aux thermes locaux et pour Gasteiner Heilstollen. Elle est accessible à tous les clients de Bad Gastein.
Cet article a été écrit avec l’aide de Haus Hirt et de Bad Gastein/Gasteinertal Tourism. Il a initialement paru dans le magazine National Geographic Traveller (UK) en langue anglaise.
