Architecture : quand la nature reprend le dessus

Un photographe français a visité plus de 700 sites à l'abandon dans 33 pays répartis sur quatre continents.

De Christine Blau

À côté d'un château muré, les herbes ont envahi une serre en fer forgé. Nous sommes en Belgique et le photographe français Jonathan “Jonk” Jimenez enjambe les bris de verre pour saisir ce lieu, abandonné depuis longtemps par l'Homme et que la nature s'est réapproprié.

« Certes, les fenêtres sont cassées et il y a de la rouille partout, mais c'est quand même très beau. J'aime voir de la beauté là où il n'y en a pas », confie Jonathan. C'est avec cet objectif en tête qu'il a voyagé dans 33 pays sur 4 continents et qu'il a visité plus de 700 sites abandonnés. Cette aventure a fait l'objet d'un livre, Naturalia: Reclaimed by Nature.

Avant que la verdure ne se faufile dans son travail, Jonathan a débuté sa carrière de photographe en réalisant un reportage sur les graffeurs de Barcelone qui utilisent comme toile les lieux abandonnés de la ville. Là-bas, il s'est même essayé au street art, d'où son pseudonyme. De retour à Paris, sa ville natale, le photographe a exploré les moindres recoins de la capitale française, montant sur les toits, se faufilant dans les tunnels des métros ou passant des jours entiers dans les catacombes de la ville.

Un monastère, Belgique.
PHOTOGRAPHIE DE Jonathan "Jonk" Jimenez

« Il y a quelque chose d'exaltant dans ce que je fais, une dose d'adrénaline que j'ai cherché toute ma vie », a-t-il écrit au sujet de son travail. Mais comme Jonathan l'a expliqué par téléphone à National Geographic, il ne s'intéresse plus à la ville désormais et ne se considère plus comme un explorateur urbain, une communauté grandissante d'amateurs de sensations fortes qui pénètrent, le plus souvent illégalement, dans des lieux abandonnés pour prendre des photographies ou simplement pour l'adrénaline elle-même.

Cette adrénaline a parfois un coût, comme lorsque Jonathan a visité une brasserie du nord de la France, où un chien lui a aboyé dessus, avertissant le gardien du site, qui a appelé la police. « C'est une intrusion car la plupart de ces endroits sont des propriétés privées, mais nous ne nous introduisons pas en cassant ou en forçant quoique ce soit. 99 % du temps, la sécurité voit que nous sommes photographes et nous demande de partir. Mais ce gardien devait certainement avoir passé une mauvaise journée ».

Un bar, Croatie.
PHOTOGRAPHIE DE Jonathan "Jonk" Jimenez

Jonathan poursuit sa quête, à la recherche de ce qui est caché, de l'ancienne base militaire soviétique située en Biélorussie en passant par un château envahi de verdure en Croatie. Le photographe, qui ne se renseigne pas sur l'histoire du lieu, capture le temps qui passe à un moment spécifique. Alain Schnapp, historien et archéologue français décrit la juxtaposition que l'on retrouve dans les photographies de Jonathan comme un « long voyage entre le souvenir et l'oubli, les ruines et la végétation, le moderne et l'ancien ».

Ces bâtiments en ruines nous rappelle inévitablement le cours de l'histoire. La nature finit par reprendre ses droits. « Pour certaines personnes, mes clichés sont très sombres et montrent à quoi ressemblerait le monde après l'apocalypse », explique Jonathan. « Mais je trouve plutôt qu'il révèle que la nature est bien plus forte que l'Homme. À la fin, c'est elle qui gagne ».

 

Un palais, Pologne.
PHOTOGRAPHIE DE Jonathan "Jonk" Jimenez

Le photographe Jonathan “Jonk” Jimenez a récemment publié un livre intitulé Naturalia: Reclaimed by NatureSuivez-le sur Instagram pour découvrir la suite de ses aventures dans les lieux abandonnés.

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