Vietnam : voyage au fil de l'eau dans les îles du sud

Dans les confins méridionaux du Vietnam, la vie tourne autour de l'eau depuis des centaines d'années. Ici, les communautés continuent d'embrasser d'anciennes coutumes tout en se tournant vers l'avenir de cette région en plein essor.

De Lorna Parkes
Publication 16 mai 2024, 12:36 CEST
Cycle

La province de Vinh Long abrite une importante communauté khmer, un groupe ethnique principalement basé au Cambodge.

PHOTOGRAPHIE DE Ulf Svane

Des éclairs rouge sang et blanc nacré traversent les cocotiers qui bordent le fleuve. D’autres se faufilent dans les flots du Mékong, brisant les congrégations de jacinthes d’eau aux tiges gonflées et de coques de noix de coco emportées par le courant. La légende veut que cette puissante voie d’eau soit gouvernée par des monstres fluviaux. Des yeux ardents sont peints sur les bateaux : les grands, recouverts de montagnes de noix de coco ; et les petits, transportant des pièges à poissons et des cultivateurs de fruits, entourés par des fruits de jacquiers et de durians.

« C’est une tradition de la région de décorer les bateaux ainsi », m'explique mon guide, Jerry Le, sa casquette de base-ball à la main. Sa voix traînante aux accents américains s’élève dans la brise qui suit le sillage d’un grand cargo passant devant notre sampan ouvert. « Nous croyons que les yeux sont une fenêtre sur l’âme, alors en peignant des yeux dessus, ils donnent une âme aux bateaux. Ensuite, les bateaux aident à protéger leurs propriétaires, surtout la nuit. »

Connu localement sous le nom de « fleuve des neufs dragons », le Mékong possède de nombreuses branches, à tel point qu’il est facile de s'y perdre. Il s’étire sur 4 345 kilomètres depuis la Chine, traverse le Myanmar, le Laos, la Thaïlande et le Cambodge, avant de déboucher au Vietnam à son point le plus large, où je vais naviguer pendant trois jours. Nous avons roulé deux heures depuis Ho Chi Minh-Ville vers le sud-ouest jusqu’à un minuscule quai dans la jungle de Macau, près de l’endroit où le fleuve se jette dans la mer de Chine méridionale. L’objectif est de se diriger plus à l’ouest dans ses affluents pour atteindre la ville de Can Tho, située dans la région du Mékong.

Les excursions en bateau font partie de la devise moderne du fleuve et les hôtels ont pris racine sur ses îles. Mais, au fond, le Mékong reste une région agricole. Responsable d’un tiers de la production agricole totale du Vietnam, le delta est le plus grand producteur de riz, de fruits et de produits de la mer du pays. La vie et l’eau s’entremêlent. Les tombes familiales ponctuent les rizières qui s’étendent des rives aux fermes transmises de génération en génération. Les communautés de pêcheurs subsistent dans des cabanes en bois dans ses affluents.

Dans la province de Ben Tre, où on a mis mon bateau à l’eau, les noix de coco sont au cœur de la vie de communautés entières. Nous passons devant des femmes courbées dans leur jardin au bord de la rivière décortiquant leur récolte à l’aide de machettes. Des granges ouvertes sont remplies de noix de coco prêtes à être détaillées.

À Ben Tre, plus de 89 000 hectares de plantations produisent 600 millions de noix de coco par an.

PHOTOGRAPHIE DE Ulf Svane

Il y a plus de 89 000 hectares de plantations à Ben Tre qui produisent 600 millions de noix de coco par an. Elles sont exportées dans des régions éloignées comme le Japon et la Corée du Sud pour leur eau, leur lait, leur chair et leurs fibres, mais les berges ressemblent encore à une ruche d’industries artisanales.

« La culture du Mékong existe au Vietnam depuis des centaines d’années », explique Jerry. Il m’explique que, bien qu’il ait été élevé à Ho Chi Minh-Ville, il a grandi en visitant de la famille dans la région, où on lui a appris à nager dans les affluents du Mékong en utilisant des coques de noix de coco pour s’aider à flotter, et en se régalant de leur chair ainsi que d’araignées, d’escargots et de tortues. « Par le passé, le Mékong était une région très pauvre et il n’y avait pas beaucoup de choix en termes de nourriture », ajoute-t-il. Ces dernières années, le gouvernement vietnamien a instauré un programme visant à attirer des investisseurs internationaux, en améliorant les infrastructures publiques et les conditions de vie. Mais Jerry estime que beaucoup de choses restent en grande partie inchangées. « Les gens mangent toujours des tortues », dit-il en haussant les épaules.

Les tortues ne sont certes pas au menu pour les voyageurs, mais je ne vais pas attendre longtemps avant de goûter les incontournables noix de coco de la région. Sur l’îlot de Ho, sur la rivière de Co Chien, je trouve Tan Kiet Nguyen à mi-hauteur d’un palmier, les orteils recroquevillés sur le tronc, alors qu’il essaie d’arracher les fruits qu’il utilisera pour préparer des boissons de bienvenue. Lui et sa femme, Thi Hang Huynh, font partie des huit foyers de cette petite île hors réseau qui se sont regroupés pour diversifier leurs revenus issus de la culture des fruits en proposant des visites et des repas aux visiteurs. « Tous les enfants de l’île apprennent à grimper aux cocotiers lorsqu’ils ont environ douze ans », explique Thy Hang en rigolant alors que je regarde Tan Kiet redescendre de l’arbre en se tortillant.

Alors que le gouvernement encourage le développement de la région du Mékong, Ho est un exemple d’un système de vie à contre-courant : on y vit hors réseau. Il n’y a ni voitures ni motos, seulement des chemins de terre qui serpentent entre les vergers de jacquiers et de pomelos gonflés à bloc. Instaurée il y a un siècle par quelques familles de fermiers, la communauté s’est développée jusqu’à atteindre vingt-quatre foyers. Ma visite du village de l’île se poursuit entre les parcelles familiales et les maisons suspendues dans lesquelles je sirote un thé couleur saphir, préparé à partir de pétales de clitoria. Je cuisine des crêpes ban xeo croustillantes farcies d’herbes du jardin et de crevettes provenant de la rivière. J’ai aussi goûté à l’alcool de riz de melon amer qui a été brassé dans un alambic en terre cuite fait main.

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    Un festin fait maison par des villageois à Ho, où les glissements de terrain réduisent considérablement la superficie des terres.

    PHOTOGRAPHIE DE Ulf Svane

    La communauté de Ho s’est développée, mais les terres sur lesquelles elle vit ont rétréci à cause des glissements de terrain, l’une des raisons pour lesquelles les habitants cherchent à obtenir des revenus supplémentaires auprès des voyageurs. L’îlot n’est pas le seul à faire face à ce problème. La région entière en est régulièrement victime. Les recherches menées par la Mekong River Commission, un organisme intergouvernemental créé en 1995 pour surveiller la région, montrent que le changement climatique fragilise de plus en plus le delta. Environ 30 % de cette région de 40 300 kilomètres carrés est située sous le niveau de la mer. L’élévation du niveau de la mer au niveau mondial devrait accroître la salinité et le risque d’inondations des régions agricoles du Vietnam.

     

    LES CHEMINS RURAUX

    Le lendemain, après une nuit sur une île près de la ville de My Tho, je fais un tour à vélo pour voir à quel point la vie dans le delta est intimement liée à l’eau. Des kilomètres de fermes cultivant les durians, irriguées par le Mékong, bordent les routes de campagne. Les habitants pêchent sous les porches, les portes-fenêtres ouvertes pour profiter de la brise du fleuve. Certaines maisons en briques abandonnées s’effondrent sur les berges écaillées, de larges fissures les séparent les unes des autres.

    Toutes les communautés du Mékong ne vivent pas aussi près du bord de l’eau. Jerry veut me montrer les villages de la région khmer, au fin fond de la province de Vinh Long, à deux heures et demie à l’ouest de Ben Tre. Foyer d’une grande communauté khmer, la région possède l’un des complexes bouddhistes khmers les plus spectaculaires du Vietnam, le temple Phu Ly. Il y a vingt minutes de marche depuis le quai fluvial le plus proche, et la promenade nous fait traverser un village dans lequel des groupes d’hommes se prélassent dans les jardins après le travail, tenant des bouteilles de bière de Saigon et des microphones, attendant les signaux de machines de karaoké en tôle. Nous sommes à moins de deux heures de la frontière cambodgienne, mais Jerry affirme que la présence des Khmers ici n'a pas grand-chose à voir avec les migrations provoquées par la guerre civile qui a déchiré le pays voisin du Vietnam à partir de la fin des années 1960.

    « Ils sont venus ici pour fonder une communauté en 1653 », déclare-t-il. « Autrefois, le temple a été construit pour abriter la communauté et la protéger des tigres, des crocodiles et des scorpions ». Aujourd’hui, il ne reste plus que les scorpions dans le delta du Mékong mais, quand on arrive au complexe, ses hauts murs donnent encore l’impression de se trouver face à une forteresse. Juste derrière les portes rouge sang se trouve un Bouddha doré, mesurant six mètres de haut, sur un lotus, et derrière lequel se trouve une série de salles de temple, de salles de crémation et de quartiers pouvant accueillir jusqu’à 200 moines à la fois.

    Le temple Phu Ly est l'un des complexes bouddhistes khmers les plus spectaculaires du Vietnam.

    PHOTOGRAPHIE DE Ulf Svane

    La vie religieuse vietnamienne est pour le moins complexe : on y trouve des éléments du taoïsme, du confucianisme, du bouddhisme, du caodaïsme et, dans certaines régions, du catholicisme, reste du colonialisme français. Mais à Phu Ly, j’ai également reconnu le dieu hindou des oiseaux, Garuda, sculpté sur les murs du temps et les socles de pierre portant les têtes à trois faces rendues célèbres par Angkor Wat, au Cambodge. Un moine vêtu d’une robe couleur curcuma installe des chaises en plastique et des haut-parleurs d’un mètre de haut se mettent à clignoter.

    Nous sommes bientôt de retour sur le fleuve et mon dernier arrêt de la soirée est la capitale de la région, Can Tho, la cinquième plus grande ville du Vietnam avec une population d’environ 1,3 million d’habitants. Elle n’a pas toujours été aussi urbaine. « Il y a dix ans, Can Tho n’était qu’une commune rurale, mais maintenant, nous possédons des hôtels et des discothèques », déclare Jerry alors que notre bateau entre dans un croisement d’eau encadré par de très grands hôtels. Les stands des marchés nocturnes qui bordent les promenades fluviales s’illuminent comme des lucioles à la tombée de la nuit.

    Le quartier de Cai Rang de la ville est célèbre pour son marché flottant, une particularité de la vie du Mékong depuis des centaines d’années. « Avant l’arrivée des réseaux routiers, on transportait tout par bateau », explique Jerry. Le lendemain, en approchant du marché depuis le fleuve, je remarque des fils à linge suspendus à l’extérieur des petites cabines ainsi que des ponts équipés de hamacs. « Logement mobile », déclare Jerry, en faisant un signe de tête vers les logements de fortune. La plupart des habitants travaillant là vivent en permanence sur leur bateau.

    Sur de longues perches de bambou pendent des bateaux, présentant ce qui est mis à la vente ce jour-là : oignons, ail et citrouilles, ainsi que d’énormes quantités de pastèques attachées les unes aux autres. Mais cet ensemble de sampan n’est pas exactement le vaste village flottant décrit dans les livres que j’ai lus avant de venir. Le développement urbain est tel que cet aspect de la vie de Can Tho est en train de disparaître lentement : en effet, les gens préfèrent ranger leurs courses à l’arrière d’une moto plutôt que d’un bateau. « Les gens veulent aller de l’avant », déclare Jerry avec empathie, choisissant ses mots avec soin. « Mais on est tristes à l’idée que ce marché ne sera probablement plus là quand nos enfants seront grands. »

     

    BIENVENUE EN ENFER

    Mon prochain arrêt est l’archipel de Con Dao, à l’extrême-sud des frontières du Vietnam. Comme le Mékong, il s’agit d’une région à l’aube du changement. Alors que mon avion s’apprête à atterrir sur l’île principale habitée, Con Son, je suis accueillie par la vue d’une petite escadrille de chalutiers et de bateaux de pêche aux calamars aux couleurs de l’arc-en-ciel, flottant au large comme un millier d’îles satellites minuscules. De hautes montagnes couvertes de longaniers et de noisetiers bordent un côté de la route qui mène à l’aéroport, tandis que l’autre domine des kilomètres de plages vides. Peu de touristes se rendent jusqu’à ces îles, mais les promoteurs immobiliers commencent à prendre conscience de leur potentiel. Près de la gare maritime, on défriche les palmiers face à la mer pour couler les fondations en béton de nouvelles stations balnéaires.

    Il y a trente ans encore, il aurait été impensable d’avoir des hôtels sur l’île. « Con Dao, était autrefois appelé "l’enfer sur Terre" », explique ma jeune guide, Thi Nuan « Pumpkin » Nguyen plus tard dans la journée. Chaussée de baskets blanches et coiffée d’un chapeau conique traditionnel, elle me guide dans les ruelles tranquilles de la ville de Con Son, où de grandes villas rappellent la présence de colons français au 19ᵉ siècle. Notre destination est une prison tristement célèbre, surnommée « les cages du tigre », l’une des nombreuses prisons construites pour accueillir les dissidents entre 1887 et 1954, à l’époque où le Vietnam faisait partie de l’Indochine française. Dans les années 1950, les prisons ont été récupérées par les Américains pendant la guerre du Vietnam. Aujourd’hui, elles sont protégées en tant que monument national.

    Nous entrons dans la prison de Phu Tuong, où l’air semble ne s'être jamais renouvelé et les murs sont couverts de moisissure. Le père de Pumpkin, né en 1959, aurait pu finir ici si les choses avaient été différentes. « Quand il était jeune, il a été appelé à se battre à Con Dao avec la résistance, mais il était fils unique et ma grand-mère ne voulait pas qu’il y aille », explique-t-elle alors que nous montons un escalier pour atteindre une plate-forme située au-dessus d’une rangée d’enclos en béton à toit ouvert. Des panneaux informatifs décrivent comment les gardiens de prison ont utilisé le belvédère pour jeter une concoction de calcaire et d’eau dans les cellules, engluant les prisonniers pour qu’ils ne puissent pas bouger.

    De nombreux Vietnamiens ont été moins chanceux que le père de Pumpkin. Des combattants provenant de toutes les régions du pays ont disparu derrière les rivières bordées de palmiers de Con Dao lorsque la ville a été utilisée comme base d’interrogatoire, d’emprisonnement et d’exécution par les Français, puis par les Américains. Au cimetière de Hang Duong, je tombe sur 2 000 tombes, dont la moitié sans nom, simplement ornée de l’étoile jaune à cinq branches du drapeau national. L’ambiance parmi la foule de visiteurs vietnamiens est cependant étonnamment festive. C’est en effet ici que repose Vo Thi Sau, une héroïne nationale qui est devenue le symbole des îles.

    À l’âge de quatorze ans, Vo Thi Sau, a rejoint le mouvement de guérilla qui montait contre l’occupation française. Capturée et condamnée par la suite, elle devint à l’âge de dix-neuf ans la première femme exécutée à Con Dao, trois ans avant que la Guerre du Vietnam ne ravage le pays. Ce sinistre destin a conduit Con Dao à devenir un lieu de pèlerinage pour des milliers de Vietnamiens chaque année.

    Malgré la taille du cimetière, la tombe de Vo Thi Sau est simple à trouver, entourée d’une foule de personnes. Décorée comme un sanctuaire avec son portrait sépia au centre, elle est éclairée par de l’encens et ornée de chrysanthèmes. Sur la tombe repose une ribambelle d’offrandes en papier en forme de faux sacs à main, de peignes et de parures de bijoux, tous les accessoires que la jeune femme aurait pu apprécier si sa vie avait pris un autre cours.

     

    UN AVENIR PLUS RADIEUX

    Aujourd’hui, environ un cinquième des habitants de l’île sont encore des militaires, mais Con Dao voit son avenir dans le tourisme. Des chemins de terre empruntés uniquement par des randonneurs et des taxis motos occasionnels me conduisent à travers l’épine dorsale de l’île jusqu’à des criques de galets désertes habitées par des écureuils noirs timides. Un matin, je vais ramasser des palourdes avec un seau en métal et un guide de l’île. Je regarde les crabes patiner sur le sable tandis que nous fouillons la plage avec un râteau en bambou. Sur un restaurant-péniche accessible par bateau, je mange des calmars et des crabes de Con Dao pêchés dans des filets en pleine mer.

    On peut en manger ailleurs, mais ici, les tortues font l’objet d’efforts de conservation. On savait peu de choses sur leurs déplacements dans les îles jusqu’en 2017, lorsque le personnel du gîte écologique Six Senses, sur la côte est de l’île de Con Son, a découvert qu’une tortue verte femelle avait débarqué sur le rivage pour y pondre des œufs. Le gîte a immédiatement demandé une licence pour gérer un programme de conservation des tortues. Il est ensuite devenu en 2018 le seul hôtel du secteur privé au Vietnam autorisé à contribuer à la protection de cette espèce vieille de 200 millions d’années.

    Par chance, je suis arrivée à Con Dao au moment où les derniers œufs de la saison éclosent. « Normalement, les endroits où les tortues pondent leurs œufs doivent être préservés. Une maman tortue est venue sur cette plage six fois cette année, ce qui est très bien », explique Jun Nishimura, le responsable adjoint du développement durable chez Six Senses. Il me conduit par des passerelles en bois, sous une dense canopée de jungle, jusqu’à l’étendue de sable d’un kilomètre de long du gîte. L’hôtel surveille la nidification à l’aide de caméras installées sur la plage qui filment vingt-quatre heures sur vingt-quatre et avec l’aide de pêcheurs locaux.

    Un groupe de bébé tortues vertes attendant d'être relâchées dans l'océan.

    PHOTOGRAPHIE DE Ulf Svane

    Pour augmenter les chances de survie des tortues, ils déplacent les œufs dans une zone d’incubation abritée qui reproduit les conditions naturelles de leur nid. Pendant ma visite, j’ai trouvé une ribambelle de bébés tortues de la taille d’une main. « Leurs chances de survie sont d’une sur mille si on les laisse se débrouiller seules », explique Jun. Alors que les marées, les tempêtes, les prédateurs et les fluctuations de température des îles peuvent perturber les lieux de nidification, les plastiques et les filets de pêche des océans attendent également les jeunes qui parviennent à rejoindre la mer. Bien que les îles soient un parc national, la zone protégée ne s’étend pas jusqu’à l’environnement marin où pêchent les communautés locales.

    Les premiers pas des tortues les marqueront biologiquement de l’emplacement de cette plage, ce qui incitera les femelles à y revenir lorsqu’elles voudront pondre leurs propres œufs. « Depuis le début de l’année, le taux de réussite des éclosions est de 89 %, mais il est difficile de savoir quel est le taux de survie, car ils sont si petits que nous ne pouvons pas les marquer », explique Jun. « Nous le saurons seulement dans vingt-cinq ou trente ans, si nous voyons une mère revenir sur cette plage. »

    Une fois les éclosions transférées sur la plage par des personnes formées à cet effet, nous attendons. « Ils sont conçus pour aller dans l’océan », explique Jun, les pieds nus dans le ressac, un sourire nerveux sur le visage. Le bébé tortue le plus proche de mes pieds s’arrête, les nageoires remuant comme pour tester la brise. La nature opère et c’est parti. « Bonne chance, mon pote ! », lance Jun, tandis que nous regardons la petite créature se propulser d’une manière disgracieuse sur le sable. S’il est aussi résistant que les autres animaux de ces eaux méridionales, je ne doute pas qu’il reviendra.

    Cet article a initialement paru dans le numéro de mai 2024 de Geographic Traveller (UK).

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