Le Népal a-t-il eu raison d’interdire le trek en solitaire dans l’Himalaya ?

La décision historique d’interdire la randonnée en solitaire dans certaines des régions les plus sauvages du pays a choqué de nombreux aventuriers. N'était-il pas temps de prendre une telle mesure ?

De Joe Bindloss
Publication 3 juil. 2023, 15:29 CEST
Au Népal, les randonneurs doivent désormais faire appel à un guide pour arpenter certains des parcs ...

Au Népal, les randonneurs doivent désormais faire appel à un guide pour arpenter certains des parcs nationaux et des contrées sauvages les plus populaires du pays, bien qu’il reste possible de voyager seul dans certaines zones.

PHOTOGRAPHIE DE miljko

Au Népal, la magie du trekking tenait en partie à la facilité avec laquelle il était possible d'en faire. Cependant, le 1er avril 2023, le gouvernement a bouleversé les règles encadrant la pratique de cette activité dans le pays : alors que les voyageurs pouvaient auparavant randonner seuls dans les quatre coins du Népal, ils doivent désormais engager un guide dans le cas où ils voudraient traverser douze parcs nationaux et six zones protégées, dont le populaire du camp de base de l’Everest et les tours des Annapurnas et du Manaslu. 

Par ailleurs, la carte TIMS (Trekkers’ Information Management System), dont l’obtention est obligatoire pour parcourir ces zones, ne peut être délivrée qu’aux personnes faisant appel à un guide par l’intermédiaire d’une agence de trekking agréée par le gouvernement. Serait-ce la fin de l’âge d’or du trekking sans problème au Népal ? Tout dépend de la manière dont vous souhaitez arpenter le pays et où vous souhaitez vous rendre.  

 

POURQUOI UNE NOUVELLE RÈGLEMENTATION ?

« L’objectif premier dans le fait d’obliger les randonneurs à se faire accompagner par un guide est d’assurer la sécurité des trekkeurs dans les régions montagneuses », explique Ram Chandra Sedai, directeur général de l’association des agences de trekking du Népal (Trekking Agencies’ Association of Nepal). L’objectif secondaire, mais tout aussi important, est de créer des emplois locaux. « L’obligation de recourir à des guides permet également de formaliser le travail des guides et des porteurs en améliorant les services de sécurité sociale, les salaires et les conditions de travail », ajoute Ram.

 

QUELLES ONT ÉTÉ LES RÉACTIONS ?

Très impliqués dans leur travail, les guides népalais ont salué la nouvelle réglementation en raison de ses implications en matière de sécurité et de création d’emplois. « Je reviens du camp de base de l’Everest où je séjournais dans une maison de thé et où un randonneur qui voyageait en solo est décédé des suites d’un mal aigu des montagnes », explique Shiva Bastakoti, guide pour l’agence de trekking népalaise Snow Cat Travel. « Il n’aurait probablement pas perdu la vie s’il avait été accompagné d’un guide qui aurait pu le conseiller sur ce qu'il fallait faire lorsqu’il a commencé à montrer des signes de MAM. »

En plus de connaître les sentiers (et d’intéressants détours que vous pourriez manquer), les bons guides connaissent les langues locales, comprennent les montagnes et peuvent vous immerger dans la culture himalayenne, ses coutumes et sa cuisine.

Les randonneurs chevronnés, pour qui l’ère du trekking sans attache est désormais révolue, sont toutefois moins enthousiastes. « Un bon guide améliore sans aucun doute l’expérience des randonneurs moins expérimentés mais [malheureusement] les guides ne sont pas formés de manière uniforme au Népal », souligne Bradley Mayhew, auteur du guide Trekking in the Nepal Himalaya de Lonely Planet. « Il serait plus astucieux d’encourager les randonneurs à engager un guide en leur proposant des guides mieux formés que d’obliger tous les randonneurs, quel que soit leur niveau, à prendre un guide. » 

Si les agences de trekking ont apporté leur soutien à la nouvelle réglementation, des inquiétudes demeurent quant à la façon dont elle a été communiquée. 

« Étant donné les disparitions sporadiques de randonneurs partis en solo, les nouvelles règles partent certainement d’une bonne intention », souligne Abhi Shrestha, directeur de l’exploitation de Snow Cat Travel. « Reste que l’introduction précipitée de ces nouvelles règles et l’ambiguïté de leur formulation nous amènent à nous interroger sur l’efficacité de leur mise en œuvre. »

 

QUELLES CONSÉQUENCES POUR LES VOYAGEURS ?

Ces changements ne devraient avoir que peu de répercussions sur votre voyage si vous réservez un trek au Népal auprès d’un voyagiste en France ou d’une agence de trekking népalaise. Toutefois, les voyageurs souhaitant faire du trekking par leurs propres moyens devront désormais prévoir un budget d’au moins 25 euros par jour pour un guide népalais. 

Dans l’ensemble, le coût d’un trek en solo avec un guide peut s’avérer similaire à celui d’un trek en groupe avec guide. Comptez au moins 1 200 euros pour un trek de deux semaines jusqu’au camp de base de l’Everest, et bien plus pour visiter des zones restreintes telles que le haut Mustang, Humla et le haut Dolpo. L’association des agences de trekking du Népal (Trekking Agencies’ Association of Nepal) tient à jour un répertoire des agences agréées.

 

PUIS-JE ENCORE FAIRE DU TREK EN SOLO AU NÉPAL ?

Oui. Des centaines de kilomètres de sentiers de randonnée de basse altitude ne sont pas concernées par la nouvelle réglementation et sont donc accessibles aux randonneurs solitaires, dont notamment les itinéraires d’approche empruntés par les premiers alpinistes à s’être confrontés à l’Himalaya dans les années 1950. Ceux qui tiennent absolument à partir en randonnée sans être accompagnés peuvent emprunter les sentiers qui serpentent à travers les moyennes montagnes autour de Katmandou, Bandipur, Gorkha, Dhampus et Panchase près de Pokhara. On peut encore là-bas goûter à l’aventure en solitaire du temps d’Edmund Hillary et de Tenzing Norgay. 

Cet article a initialement paru sur le site nationalgeographic.com en langue anglaise.

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