Ces quatre aventurières qui ont dépassé les stéréotypes en réalisant leurs rêves

Ces quatre femmes ont brisé les stéréotypes défavorables à la gente féminine et se sont lancées dans des aventures épiques autour du monde. Leurs histoires exceptionnelles ont notamment été relatées par le magazine National Geographic.

De Nina Strochlic
Au milieu de la neige transportée par les vents, Gerlinde Kaltenbrunner contrôle une section des 2 ...
Au milieu de la neige transportée par les vents, Gerlinde Kaltenbrunner contrôle une section des 2 700 mètres de corde que l’équipe a fixé le long de l’itinéraire emprunté pendant des semaines.
PHOTOGRAPHIE DE Ralf Dujmovits, National Geographic Creative

Si aujourd’hui, les femmes peuvent réaliser l’ascension des plus hauts sommets au monde, plonger dans les profondeurs des océans et traverser les deux pôles en ski, les hommes les dissuadaient d’entreprendre de telles aventures il n’y a encore pas si longtemps.

Quatre femmes d’exception ont refusé de ne pas accomplir leur rêve à cause de leur sexe. Elles se sont lancées à l’assaut des lieux les plus rudes au monde, ouvrant la voie aux futures exploratrices.

 

MIRIAM O’BRIEN : L’ALPINISTE QUI A RÉUSSI SANS L’AIDE DES HOMMES

C’est au début des années 1930 que les rédacteurs en chef de National Geographic entendent parler d’une jeune aventurière, Miriam O’Brien, après avoir reçu une lettre de sa mère. Miriam O’Brien faisait figure de précurseur dans une nouvelle discipline sportive originale : l’alpinisme sans hommes.

Son histoire est publiée en août 1934 dans le magazine National Geographic, sous le titre « Manless Alpine Climbing: The First Woman to Scale the Grépon, the Matterhorn, and Other Famous Peaks Without Masculine Support Relates Her Adventures », traduit en français par « L’alpinisme sans les hommes : l’histoire de la première femme qui a réussi l’ascension du Grépon, du Cervin et d’autres célèbres pics sans le soutien des hommes ».

Lorsque son publieur lui renvoya son premier brouillon en disant qu’il était trop modeste, elle lui adressa cette réponse : « Si, au premier abord, il me semblait assez simple d’insérer des phrases et des paragraphes vantant mes talents d’alpiniste et à quel point je suis une femme remarquable, en pratique, il s’est avéré qu’il était difficile de le faire avec grâce ».

Ce qui se voulait être de l’autodérision était en réalité juste. Élevée par une mère alpiniste, Miriam O’Brien passait ses étés à grimper les pics du New Hampshire, puis ceux d’Europe, à une époque où les femmes alpinistes étaient très peu nombreuses. Très rapidement, elle comprit qu’elle n’était pas faite pour suivre quelqu’un dans les montagnes.

« Celui qui part le premier à l’assaut d’un pic s’amuse le plus, car c’est lui qui doit résoudre immédiatement les problèmes liés à la technique, les tactiques et la stratégie de grimpe au fur et à mesure qu’ils apparaissent », écrit-elle dans son autobiographie Give Me the Hills. « Je ne vois pas pourquoi les femmes seraient incapables d’être premières de cordée… J’ai décidé de faire des ascensions sans guide, mais aussi sans hommes ».

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    Alice Damesme, Jessie Whitehead et Miriam O’Brien prennent la pose sur le dos des chevaux qui les emmèneront au refuge du Cervin. O’Brien et ses partenaires ont fait ce voyage de nombreuses fois, au point qu’elles avaient l’impression de connaître chaque animal avec lequel elles avaient fait la route.
    PHOTOGRAPHIE DE National Geographic Creative

    « Maintenant que deux femmes seules sont parvenues à réaliser cette ascension, aucun homme qui se respecte ne l’entreprendra », a déclaré un alpiniste au sujet de la première ascension du Grépon dans les Alpes françaises, effectuée sans hommes en 1929 par Miriam O’Brien et une amie. Cette déclaration n’arrêtera pas l’alpiniste, qui reproduisit son exploit sur le sommet de l’Aiguille du Peigne. En 1932, elle atteint le sommet du Cervin : c'était la première expédition réussie emmenée par des femmes.

     

    MYRTLE SIMPSON : L’EXPLORATRICE CHAUSSÉE DE SKIS

    Un mois et 600 km auront été nécessaires à Myrtle Simpson pour traverser la toundra glacée du Groenland. Elle écrit au sujet de l’expédition qu’elle « est fière d’être une femme qui s’est rendue là où aucune autre femme n’était allée ». En juin 1965, l’ancienne radiologue reconvertie en exploratrice devient la première femme à traverser la calotte glaciaire.

    Le mari de Myrtle Simpson, Hugh, était pathologiste. Il avait pour sujet d’étude la capacité ou non du corps humain à s’adapter sur le long terme aux longues périodes de stress intense. Il finit par conclure qu’aucune adaptation ne se produisait. Toutefois, dans l’article qu’elle a écrit pour National Geographic, Myrtle a rapidement indiqué qu’avec ou sans cette étude, elle et ses partenaires auraient tout de même tenté de traverser le Groenland à pied pour l’aventure.

    Son histoire, proposée à National Geographic, a connu un vif succès lorsque les rédacteurs en chef ont réalisé qu’elle avait réalisé un véritable exploit. « Je tiens à souligner que, jusqu’à preuve du contraire, Mme Simpson est la première femme à avoir traversé le Groenland à pied », peut-on lire dans une note. L’alpiniste Barry Bishop, qui faisait partie de la première équipe américaine à réussir l’ascension de l’Everest trois ans auparavant avait même déclaré qu’il « s’agissait de l’exploit le plus extraordinaire pour une femme ».

    Hugh Simpson estimait que l’article écrit par sa femme était mieux que la version proposée par National Geographic. À sa demande, Myrtle fut l’un des auteurs de l’article. Intitulé « First Woman Across Greenland’s Ice » (la première femme à avoir traversé la glace du Groenland), il faisait l’éloge de sa rédactrice exceptionnelle, qui a « escaladé et exploré le monde, de l’intérieur des terres australiennes, en passant par la cordillère des Andes, Spitzberg et le Suriname.

     

    ANN BANCROFT : L’EXPLORATRICE POLAIRE

    Lorsqu’elle atteint le pôle sud au milieu du mois de janvier 1993, Ann Bancroft devient la première femme à avoir traversé les deux pôles. 67 jours à skier ont été nécessaires à Ann Bancroft et ses trois partenaires pour rallier le pôle sud. Chaque femme traînait derrière elle 90 kg d’équipement et de provisions. Deux d’entre elles, malades, ont failli être évacués mais le groupe a décidé de rester ensemble et de ralentir le rythme pour traverser la ligne d’arrivée. « On tirait nos traîneaux, on se serrait les coudes et nous sommes amusées à le faire », a déclaré Ann Bancroft à National Geographic.

    Ann Bancroft célèbre une expédition au pôle nord réussie.
    PHOTOGRAPHIE DE Jim Brandenburg, National Geographic Creative

    Sept ans plus tôt, l’exploratrice, qui était alors professeur dans une école du Minnesota, est devenue la première femme à traverser le pôle nord. C’est à bord d’un bobsleigh qu’elle a réalisé cette expédition, la première à s’effectuer sans aucun ravitaillement en chemin depuis 1909 et Robert Peary. Au cours de cette expédition de 55 jours, les réserves de nourriture sont devenues rares et Ann Bancroft est tombée dans l’eau glacée, la plaçant dans une situation dangereuse.

    Elle écrit dans son journal à propos de cet exploit, réalisé pour la première fois par une femme : « Je ne pensais vraiment pas que j’étais la première femme à atteindre le pôle nord. J’étais trop occupée à essayer d’y aller pour y penser. »

    Ann Bancroft ne s’est pas arrêtée après ses expéditions aux pôles : elle a notamment mené la première traversée du Groenland réalisée par une équipe de femmes américaines et fut la première femme, avec sa partenaire, à traverser l’Antarctique en ski. En 1995, elle fit son entrée dans le National Women’s Hall of Fame.

     

    GERLINDE KALTENBRUNNER : LA REINE DES SOMMETS DE PLUS DE 8 000 MÈTRES

    C’est en 2011 que Gerlinde Kaltenbrunner, une infirmière autrichienne, rejoint le club prestigieux des alpinistes ayant réalisé l’ascension des 14 sommets de plus de 8 000 mètres.

    Cette femme a fait son bout de chemin seule et ses efforts ont été récompensés : elle est devenue la première femme à réaliser l’ascension de ces sommets sans aide respiratoire. Elle refusa aussi d’être accompagnée de sherpas et de porteurs de haute altitude, deux aides supplémentaires qui accompagnent la grande majorité des alpinistes.

    Le K2 fut sa dernière ascension. C’était la quatrième fois qu’elle tentait l’ascension de cette montagne aux angles acérés, considérée comme l’une des plus dangereuses au monde. Lors de sa troisième tentative, réalisée un an auparavant, l’un de ses partenaires d’escalade a trouvé la mort, ce qui a mis fin à l’ascension.

    Gerlinde Kaltenbrunner s’est lancée à l’assaut du K2 pour la quatrième fois avec son mari et une petite équipe. Alors que du mauvais temps était annoncé, son mari a rebroussé chemin, demandant à sa femme de venir avec lui : elle a refusé. Quelques jours plus tard, elle atteignait enfin le sommet.

    « Il y avait des montagnes à perte de vue », peut-on lire dans un article du magazine National Geographic. « Les montagnes qu’elle avait escaladées, les montagnes où ses amis avaient perdu la vie et où elle avait failli perdre la sienne. Jamais elle ne s’était autant investie dans une ascension. »

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