Malte : découvrez Mdina, "la cité silencieuse"
Avec ses mosaïques romaines, ses demeures majestueuses et ses portes baroques, cette petite ville maltaise préserve les traces de son histoire.

Mdina était auparavant la capitale de Malte. Aujourd’hui, c’est une destination attrayante pour les touristes désireux de découvrir la diversité du passé maltais.
Les murs couleur miel et les tours gravées de la cathédrale de Mdina s’élèvent de l’intérieur déchiré de Malte. Pour comprendre les origines de l’ancienne capitale de Malte, il faut remonter 4 000 ans en arrière, et observer les différents pouvoirs qui ont régné sur l’île au cours des siècles. Les Phéniciens et les Romains ont étendu l’influence de la cité, tandis que la domination arabe à partir du 9e siècle a donné son nom à Mdina. Il dérive en effet du mot « medina », qui signifie « ville ». Au 16e siècle, le pouvoir politique est cependant passé à Valletta. En conséquence, la population de Mdina a diminué, et la ville a gagné son surnom de « cité silencieuse ». Aujourd’hui, elle est loin de la mériter, mais une promenade à travers ses rues de pierre dévoilera des allées étroites pleines de mystères, et des chemins qui murmurent des secrets d’une ère depuis longtemps révolue.
La plupart des visites commencent à la Porte de Mdina, une grande structure baroque du 18e siècle qui donne le ton pour ce qui se trouve au-delà de son seuil : une cité que la modernité a presque complètement épargnée. Les fans de la série télévisée HBO Game of Thrones reconnaîtront là l’une des portes de Port-Réal, que l’on voit dans la première saison. D’autres scènes de la série ont été tournées ici, comme c’est le cas de la Pjazza Mesquita, proche de la ville fortifiée.
Plus loin, sur la Pjazza San Pawl, la place principale de la ville, se dresse la cathédrale Saint-Paul. Elle aurait été érigée sur le lieu où le gouverneur romain Publius aurait rencontré Saint-Paul. Tous les visiteurs verront un sens de spiritualité dans ses autels dorés, ses fresques détaillées et ses sols où sont incrustées des plaques en marbre honorant des locaux importants. Le musée de la cathédrale de Mdina, non loin, abrite une collection riche d’artefacts ecclésiastiques, des pièces de monnaie et même un ensemble de gravures sur bois du peintre allemand de la Renaissance, Albrecht Dürer, un don d’un noble maltais au 19e siècle. Le coucher de soleil donne à la place une atmosphère idyllique alors que la cathédrale est baignée d’une lumière orangée. À ce moment-là, rien ne brise le silence si ce n’est l’occasionnelle cloche qui sonne ou une calèche qui passe, emmenant des visiteurs dans une visite de la ville.

La cathédrale Saint-Paul, à Mdina, est construite là où le gouverneur romain Publius aurait rencontré Saint-Paul.
Pour découvrir une autre perspective de l’histoire de Mdina, il faudra visiter le Palazzo Falson. Cette demeure noble du 13e siècle est devenue un musée qui dévoile la vie de l’ancienne élite de l’île. Ses cours à couper le souffle mêlent architecture arabe et architecture du sud de la Méditerranée. À l’intérieur, les pièces présentent une collection d’objets allant d’armes de l’Antiquité, à des œuvres d’art, en passant par des livres rares. Un autre aspect de Mdina s’explore dans ses donjons. Ces chambres souterraines sont autant de dioramas macabres des supplices et tortures employés par les anciens dirigeants de Malte. Bien qu’ils aient pu être sanglants, ils ouvrent une fenêtre intéressante sur le passé turbulent de ce pays.
Situé en bordure de la ville, non loin du mur nord, le Bastion Square offre une vue panoramique sur les campagnes alentour et sur le littoral. C’est un endroit fabuleux pour regarder le coucher du soleil, mais tout aussi charmant au petit matin, avec ses bougainvilliers d’un rose éclatant qui se démarquent sur ses murs de roche calcaire dorée. Après avoir admiré le palazzo aux volets rouges dans le coin ouest du square, deux boutiques proposent de la dentelle tissée à la main à l’aide de bobines, appelée bizzilla, un savoir-faire ancestral insulaire, ainsi que des souvenirs fabriqués par des maîtres verriers locaux.
Sur ce square, on retrouve également Fior di Latte, un glacier dirigé par une entreprise familiale à visiter pour une douceur sucrée. On y retrouve des glaces artisanales aux différentes saveurs, des plus classiques aux plus originaux tiramisu sans lactose et cheese-cake à la fraise. Le Fontanelle Tea Garden est l’un des cafés les plus appréciés de la ville, et sert des gâteaux au chocolat à plusieurs couches et un assortiment de thés. Des sièges en terrasse, la vue sur les bastions de Mdina est parfaite.

La modernité n’a presque pas touché les rues médiévales de Mdina.
Le restaurant étoilé De Mondion propose l’une des expériences culinaires les plus raffinées de l’île. Le menu dégustation s’inspire des ingrédients et des saveurs de la région ; on peut y retrouver des tripes et des escargots, mais aussi des kannoli (une pâtisserie cousine d’une douceur sicilienne) fourrés à la pêche et à la ricotta, offrant un contraste de goûts. On peut aussi passer du bon temps au restaurant Coogi & Tea Garden, où on profitera d’une fusion délicieuse entre la gastronomie italienne et maltaise. Au menu, des plats de pâtes au traditionnel lapin de Malte, cuit au four dans une sauce à la tomate et au vin rouge.
Avec un peu plus de temps sur place, il est intéressant de sortir des murs de Mdina pour se rendre dans la ville voisine de Rabat. Là-bas se trouvent Domvs Romana et la Grotte de Saint-Paul, une ancienne grotte où l’apôtre Saint-Paul, dont le navire se serait échoué sur Malte en 60 apr. J.-C., aurait vécu et prêché. Aujourd’hui, elle est devenue un important site religieux, au même titre que les catacombes et l’église de Saint-Paul qui se trouve au-dessus. Le Domvs Romana du 1er siècle a été découvert par accident. Il s’est avéré qu’il s’agissait des dernières traces qui témoignaient de la présence des Romains sur Malte. Les mosaïques du manoir sont en grande partie préservées. La structure bâtie pour les conserver abrite des artefacts romains découverts à proximité.
Avant de quitter Rabat, les habitants ont l’habitude de faire la queue pour des pastizzi, le casse-croûte le plus apprécié de l’île, à Is-Serkin ou au Crystal Palace Bar. À consommer durant la journée, ces pâtisseries croustillantes et friables sont fourrées à la ricotta ou à la purée de petit pois. On les consomme le plus souvent avec un thé ou un Kinnie froid (un soda amer à l’orange) à la main.
OÙ SÉJOURNER ?
Pénétrez dans un chapitre de l’histoire maltaise au Xara Palace, un palazzo du 17e siècle reconverti en hôtel. On n’y retrouve que dix-sept chambres et suites décorées et meublées de façon individuelle. Certaines ont des terrasses, des chambres à coucher séparées et des bains à remous, qui rendront votre séjour encore plus spécial. Cet hôtel est l’un des deux seuls qui se trouvent au sein des murs de Mdina, ses intérieurs opulents, ses détails historiques et son service attentif le font ressembler plus à une résidence noble qu’à un hôtel. Le restaurant étoilé De Mondion est à faire absolument, tandis que la Trattoria AD 1530, plus classique, est parfaite pour profiter d’un rafraîchissement en fin d’après-midi. Le meilleur atout du Xara Palace est, sans conteste, son restaurant en toit-terrasse, où le petit-déjeuner est servi avec une vue qui domine le reste de l’île. À partir de 242 € par personne.
GUIDE DE VOYAGE
Plusieurs compagnies aériennes opèrent des vols de Paris à Malte en un peu moins de trois heures. Depuis l’aéroport, il faudra compter 30 minutes de voiture ou de bus jusqu’à Mdina. Plus d’informations sur Visit Malta.
Cet article a été rédigé avec le soutien du Xara Palace et de Visit Malta.
Cet article a paru dans le numéro de décembre 2025 du magazine National Geographic Traveller (UK) en langue anglaise.