Afrique du Sud : randonnée dans les montagnes du Drakensberg

Art rupestre ancien, chutes d’eau vertigineuses, babouins... Ces merveilles parsèment le Drakensberg, la plus grande chaîne de montagnes d’Afrique du Sud. Pour des treks ou randonnées hors du commun, suivez le guide !

De Ben Lerwill
Publication 15 mars 2024, 09:21 CET
Le Drakensberg, site inscrit au patrimoine mondial de l’UNESCO, est la plus grande chaîne de montagnes ...

Le Drakensberg, site inscrit au patrimoine mondial de l’UNESCO, est la plus grande chaîne de montagnes d’Afrique du Sud. 

PHOTOGRAPHIE DE Teagan Cunniffe

Il est six heures du matin. Tassé à l’arrière d’une Toyota remontant à toute allure une route cahoteuse non goudronnée dans une nappe de brouillard, je suis sur le point d’entamer l’une des plus belles randonnées de ma vie. 

Je suis venu randonner dans la plus grande chaîne de montagnes d’Afrique du Sud, qui se trouve à environ quatre heures de route de Johannesburg. Le Drakensberg est un massif herbeux aux contours grandioses et puissants, dont près de 2 435 kilomètres carrés sont inscrits au patrimoine mondial de l’UNESCO. De l’art rupestre décore ses grottes, des babouins caracolent dans ses vallées et des sentiers serpentent sur ses contreforts.  

L’après-midi de mon arrivée, j’ai ressenti comme une délivrance. Les contreforts sont de la couleur vert tendre des fougères se dessinant sur leurs pentes. Un troupeau de bubales roux (Alcelaphus buselaphus) apparaît au bord de la route. La lumière du soleil baigne les villages de rondavelles coiffées de chaume, des cases rondes traditionnelles, où errent des poules en liberté. Je passe devant un panneau indiquant « traversée de caméléons », puis devant des nids de plocéidés suspendus à un acacia. Les sommets à l’horizon sont hauts et plats. 

Lorsque j’arrive au Cavern Drakensberg Resort & Spa, un sanctuaire dissimulé au milieu des collines où des rufipennes morios (Onychognathus morio) descendent en piquet devant les fougères arborescentes, des épagneuls, parmi les mieux entraînés du monde, somnolent à la réception. Mike Mlangeni m’explique de quelle manière se déroulera la randonnée du lendemain. Mike est un guide, un Zoulou fier de l’être, un fan de Liverpool et un lève-tôt. « Nous partons à quatre heures du matin », m’indique-t-il. Il poursuit en me fixant droit dans les yeux : « Une fois sur place, nous devrons prendre un véhicule jusqu’au point de départ. La route est mauvaise. Mais ça en vaut la peine. »

C’est ainsi que nous nous retrouvons à cahoter sur une piste avant le petit-déjeuner, regardant le brouillard de l’aube s’épaissir. Nous sommes sur le point de commencer la randonnée de l’Amphithéâtre, un circuit d’un peu plus de 11 kilomètres qui culmine sur un escarpement d’une beauté époustouflante. C’est du moins ce que l’on m’a dit. La première heure, presque sans visibilité aucune, passe lentement. Ce n’est que lorsque cette dernière commence à s’améliorer, des bouts de nuages se logeant dans les fentes d’un imposant paysage montagneux, que je sens mon sang ne faire qu’un tour. Nous atteignons alors les échelles à chaînes. 

« C’est simple », me lance Mike, alors que nous nous tenons sous un ensemble de barreaux en fer qui disparaissent le long de la paroi rocheuse. « Il suffit de ne pas regarder en bas ». Ces deux échelles, qui mesurent respectivement presque 24 et 15 mètres de haut, sont particulièrement éprouvantes pour les nerfs. Bien qu’il existe un itinéraire alternatif plus long pour les personnes ne désirant pas grimper sur celles-ci, nous les gravissons et atteignons quelques minutes plus tard un plateau herbeux. Un souimanga malachite (Nectarinia famosa) passe à toute allure, comme une explosion de couleurs dans la brume persistante. C’est à ce moment-là, après environ quatre-vingt-dix minutes de marche, que le soleil fait son apparition et que le paysage se dessine de façon vertigineuse. 

Nous avons atteint une altitude de plus de 2 438 mètres. Une rivière s’éloigne de nous en clapotant sur le plateau et, alors que nous continuons à marcher, je vois qu’elle se déverse directement depuis le bord de la falaise. Mon pouls s’accélère. Un panneau fixé sur un rocher indique « Chutes de la Tugela – La plus haute chute d’eau du monde – 983 mètres ». Quelques secondes plus tard, la vue depuis celle-ci s’ouvre et je suis saisi : avec ces eaux se jetant dans le vide, ces précipices de basalte et ces montagnes à perte de vue, un univers onirique s’offre à moi. 

Les peintures rupestres de la région de Cathedral Peak seraient vieilles de mille ans. 

PHOTOGRAPHIE DE Teagan Cunniffe

Je marche vers le sud, hébété, en longeant le bord de la falaise et en regardant l’horizon, puis je me retourne et fais de même vers le nord. J’aperçois des papillons à mes pieds et des gorges au loin. Quelque part en bas, les ombres des nuages tapissent le fond de la vallée. Je n’arrive pas à tout saisir. « Vous voyez », m’interpelle Mike en souriant lorsque je le rejoins. « Cela en valait la peine. »

Deux jours plus tard, je suis assis sous un surplomb de grès et j’examine des peintures de chasseurs et de lions vieilles de mille ans. J’ai roulé plus au sud de la chaîne de montagnes pour atteindre la splendide région autour du Cathedral Peak Hotel, installé ici depuis 1939. J’avais pensé, bêtement, que le paysage de l’Amphithéâtre ne pouvait être surpassé, mais ici les pics sont plus agglomérés, plus façonnés, curieusement encore plus impressionnants en termes d’échelle. Des bosquets de protées en fleurs parsèment les collines et les cris des coucous criards (Cuculus clamosus) résonnent d’une pente à l’autre.  

Les silhouettes humaines des peintures rupestres, dont on pense qu’elles ont été dessinées avec du sang d’antilope, sont représentées en train de courir avec des lances. « Elles ont été réalisées par le peuple San », explique mon guide Zweli Sithole, son chapeau de soleil tombant sur ses joues marquées. « Ils étaient là avant nous, les Zoulous, mais ils ont disparu depuis longtemps ». Zweli est le parfait compagnon de randonnée, avec sa patience bienveillante et sa manière de chanter chaque parole. « Un pas à la fois », chantonne-t-il doucement tandis que nous gravissons la pente escarpée qui mène à une arche naturelle connue sous le nom de Mushroom Rock. « Un pas à la fois ».

Il me conduit sur une boucle de 16 kilomètres à travers les collines vertes et dépouillées. Avant de prendre la route, la description de l’itinéraire m’avait semblé commune mais la réalité est tout autre. Des pics escarpés encadrent le ciel, tandis que des pentes et des crêtes ondulent au loin. Sur un flanc de coteau éloigné, des élands paissent au soleil. Les vues semblent grandioses et donnent dans toutes les directions à la fois, peu importe dans quel sens l’on regarde. Zweli m’indique un col de haute montagne qui mène au Lesotho, puis s’accroupit au bord d’un ruisseau pour me montrer un tas de carapaces de crabe écrasées laissées par une loutre. Nous terminons par une baignade dans la piscine naturelle située sous les Doreen Falls.    

Nous nous arrêtons si souvent pour nous asseoir et observer qu’il nous faut près de sept heures pour retourner à l’hôtel. Mes bottes sont poussiéreuses et mes mollets sont endoloris mais je suis survolté pour le reste de la journée. « Drakensberg » se traduit par « montagnes du dragon », tandis que le mot zoulou « uKhahlamba », utilisé pour désigner la chaîne de montagnes, signifie « barrière de lances ». Nul autre lieu, me dis-je, n’a autant mérité un qualificatif si puissant que celui-ci. 

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    Où séjourner ?
    Cavern Drakensberg Resort & Spa : chambres à partir de 1 900 rands (93 euros) par personne, repas et randonnées guidées compris.
    Cathedral Peak Hotel : chambres à partir de 1 995 ZAR (98 euros) par personne, repas compris.
    Ce site en anglais donne des informations sur la région. 

    Cet article a été réalisé avec le soutien de South African Tourism et Tourism KwaZulu-Natal. Il a initialement paru sur le site nationalgeographic.com en langue anglaise.

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