« J’ai payé 70 000 euros pour pouvoir tuer un éléphant »

La chasse aux trophées est-elle profitable aux grands mammifères d’Afrique ?

De Rédaction National Geographic
En 2016, un chasseur vient de tuer un vieil éléphant mâle. Les adeptes de la chasse aux trophées affirment que tuer de vieux mâles ne nuit pas à l’espèce.
PHOTOGRAPHIE DE David Chancellor

Dans la réserve de Nyae Nyae, en Namibie, Felix Marnecke organise des chasses aux trophées. Son client, un homme d’affaires venu spécialement des États-Unis, va se consacrer pendant deux semaines à la traque d’un éléphant.

Pour pister l’animal, il emploie Dam, un membre de la communauté locale bochimane. Les représentants de son peuple gèrent la réserve depuis 1998. Le quota de chasse a été fixé à cinq éléphants par an et seuls les vieux mâles, âgés d’au moins de 45 ans, peuvent être  tués. Pour ne pas se faire repérer par les pachydermes, les trois hommes marchent contre le vent. Dam a relevé les empreintes d’énormes animaux, 1 km plus bas. Le trio approche alors de trois éléphants d’Afrique (Loxodonta africana). Le plus vieux d’entre eux se tient à l’écart : c’est lui qu’ils choisissent d’abattre. Se tenant à une quinzaine de mètres du pachyderme, le client met un genou à terre, puis fait feu. La chair de l’animal sera distribuée aux habitants de la réserve et ses défenses seront acheminées vers les États-Unis, où elles rejoindront la salle de trophées du client.

Alors que le nombre de grands mammifères dans les zones protégées d’Afrique a diminué de 60 % entre 1970 et 2005, comment justifier une telle pratique ? Les chasseurs estiment qu’en payant 70 000 euros la chasse d’un éléphant, ils participent, à leur façon, à la gestion des réserves et à la préservation de l’espèce. Une partie des fonds est effectivement redistribuée à la communauté locale. Les Bochimans de plus de 18 ans gagnent ainsi, en moyenne, 60 dollars par an, une somme suffisante pour vivre en Namibie. Dans la réserve, cette activité profite aussi aux éléphants, protégés du braconnage, dont les effectifs augmentent. Mais ce n’est pas le cas partout. Dans certains pays africains, les gestionnaires des réserves sont corrompus et laissent leurs clients employer des méthodes beaucoup moins scrupuleuses. En Tanzanie, notamment, dans la réserve de Selous, des chasseurs étrangers ont été vus en train de tirer des femelles éléphants enceintes à la kalachnikov. Là bas, la population de pachydermes a été divisée par 3,3 en l’espace de huit ans. Notre journaliste s’est rendu en Afrique pour enquêter sur la pratique très controversée de la chasse aux trophées.

 

Le reportage « Ils tuent légalement des espèces menacées » a été publié dans le numéro d’octobre 2017 du magazine National Geograhic.

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