Cette araignée est capable de respirer sous l'eau
La dolomède est une espèce d’araignées aranéomorphes, appartenant à la famille des Pisauridae, qui compte 356 espèces au total. Elle se distingue de ses congénères par une capacité hors du commun : évoluer en milieu aquatique.
Une dolomède des marais.
De petite taille, n’excédant pas 16 millimètres chez le mâle et 22 millimètres chez la femelle, Dolomedes fimbriatus est une araignée facilement reconnaissable et ce, pour plusieurs raisons. Elle a un corps scindé en deux parties : un céphalothorax dur, ou prosoma, constitué d’une tête à laquelle est rattaché un thorax, ainsi qu’un abdomen mou. De couleur brune, ce corps est traversé par une bande claire de chaque côté de son abdomen et de son prosoma.
Très répandue en Europe et notamment en France, cette espèce ne bénéficie aujourd’hui d’aucune réglementation de protection spécifique car elle n’est pas considérée comme étant menacée. Pourtant, sa présence tend à se raréfier. La dolomède des marais affectionne, comme son nom l’indique, les biotopes marécageux ainsi que les zones humides, comme les landes, les tourbières ou les champs de roseaux et de nénuphars ; environnements ayant tendance à être sous pression et à disparaître de nos paysages. La dolomède en souffre et voit donc sa population décliner lentement au fil des années.
Si elle est en effet facilement reconnaissable, c’est également parce que c’est une des rares araignées évoluant en milieu aquatique, particularité que ne lui partagent que très peu d’autres araignées. Elle est capable de flotter sur la surface, voire de se réfugier en-dessous si un danger la guette. Mais comment y arrive-t-elle ?
Les bouts de ses pattes possèdent des poils hydrofuges qui lui permettent d’évoluer agilement sur l’eau et de s’y déplacer en flottant, son poids étant réparti sur ses 8 pattes de façon parfaitement égale. Cette particularité est rendue possible grâce à la tension superficielle, ou force de cohésion de l’eau, c’est-à-dire les molécules d’eau reliées les unes aux autres par des liaisons hydrogène, qui est bien supérieure à la force appliquée par l’araignée sur la surface de l’eau.
Grâce à ses pattes, Dolomedes fimbriatus détecte les vibrations émises par ses proies qui se déplacent à la surface ou sous l’eau. Comme de nombreuses araignées, la dolomède des marais est une prédatrice efficace, dont les particularités lui offrent un arsenal ingénieux et unique en son genre. Elle se nourrit principalement d’invertébrés aquatiques mais aussi d’odonates, de diptères et d’autres insectes, parfois de jeunes vertébrés comme les larves d’amphibiens ou les alevins, jeunes poissons destinés au peuplement des rivières et des étangs.
Si elle est capable de sécréter des fils de soie grâce à trois paires de filières situées à l’arrière de son abdomen, la dolomède ne tisse cependant pas de toile pour chasser et, ne pouvant consommer que du liquide, une fois ses proies capturées, elle y injecte des sucs digestifs pour les liquéfier afin d’aspirer leur substance.