La Chine met en place de nouvelles mesures pour protéger les pangolins

La liste 2020 des médicaments traditionnels approuvés par la Chine n'inclut plus les écailles de pangolin, figurant dans la pharmacopée du pays depuis des décennies.

De Dina Fine Maron
Publication 10 juin 2020, 09:54 CEST
Ce pangolin terrestre du Cap a été sauvé des mains de braconniers au Mozambique et relâché ...

Ce pangolin terrestre du Cap a été sauvé des mains de braconniers au Mozambique et relâché dans la nature. Les écologistes espèrent que de nouvelles mesures de protection des pangolins en Chine et le retrait des écailles de pangolin de la liste des médicaments traditionnels approuvés par le pays aideront à ralentir le déclin des huit espèces de ces animaux en voie de disparition.

PHOTOGRAPHIE DE Jen Guyton, Nature Picture Library

La Chine vient d'accorder un sursis au pangolin, mammifère le plus braconné au monde. La liste 2020 des médicaments traditionnels approuvés par le pays n'inclut désormais plus les écailles de pangolin, figurant dans la liste depuis des décennies. Les écailles de cet animal singulier sont vendues depuis longtemps dans les pharmacies traditionnelles chinoises comme ingrédients servant de base aux préparations utilisées pour traiter presque tous les maux, des problèmes de lactation à l'arthrite.

L'utilisation médicinale des écailles de pangolin a précipité les différentes espèces connues à ce jour - quatre en
Asie et quatre en Afrique - vers l'extinction. Des dizaines de milliers de ces animaux, qui ressemblent à des fourmiliers cuirassés, sont tués chaque année pour leur viande - considérée comme un aliment de luxe en Chine et au Vietnam - mais aussi pour leurs écailles, disques incurvés de kératine, cette même substance que l'on retrouve dans les ongles humains.

« C'est la plus grande mesure qui pourrait être prise pour sauver les pangolins », explique Peter Knights, Président de l'organisme à but non lucratif environnemental WildAid, une organisation qui se concentre sur la réduction de la demande de produits de la faune. « Cela envoie le message clair qu'il existe des alternatives dans la médecine traditionnelle chinoise et que par conséquent vous n'avez pas besoin d'avoir recours à des écailles de pangolins », dit-il.

Cette annonce a été faite quelques jours après que la Chine a annoncé qu'elle visait à améliorer la réputation des pangolins en vertu de la loi du pays sur la protection de la faune. Les pangolins sont maintenant classés dans la classe 1 - le statut accordé au panda, animal tant apprécié par la nation toute entière - qui interdit presque tout commerce intérieur et utilisation de ces animaux.

La Chine n'a pas dévoilé officiellement sa pharmacopée 2020 ni publié de déclaration sur le retrait des pangolins de ladite liste. L'annonce a été faite pour la première fois dans le journal chinois Health Times.

« La Chine laisse souvent intentionnellement une annonce comme celle-ci sortir dans la presse plutôt que par voie de communiqué officiel », explique Paul Thomson, directeur exécutif et cofondateur du groupe Save Pangolins. Il se dit « prudemment optimiste » quant à ces annonces providentielles.

Au moment où nous publions ces lignes, les autorités chinoises n'ont pas répondu aux demandes de commentaires de National Geographic.

Des questions subsistent quant à ce que la Chine fera des stocks d'écailles de pangolin dont elle dispose. Par le passé, les entreprises ont pu puiser dans leurs stocks même après l'interdiction de certains produits, créant suffisamment d'ambiguïté pour que certains échanges commerciaux intérieurs persistent. Par exemple, une directive de 2006 a permis aux entreprises de vendre les stocks d'os de léopard existants, sans avoir à divulguer leur stock exact, explique Chris Hamley, expert en pangolins à l'ONG Environmental Investigation Agency basée à Londres.

Le commerce international des pangolins ou de leurs écailles est interdit depuis 2017 en vertu de la Convention sur le commerce international des espèces de faune et de flore sauvages menacées d'extinction, le traité mondial qui réglemente le commerce international des espèces sauvages.

Toute annonce officielle du gouvernement chinois concernant l'utilisation des stocks de parties de pangolins ou le retrait des écailles de pangolins de la liste des pharmacopées du pays sera probablement mise à mal par une controverse en cours sur l'animal. Des rumeurs persistantes - non prouvées - lient les pangolins qui ont pu être vendus sur le marché humide de Wuhan à la propagation du nouveau coronavirus SARS-CoV-2 chez l'Homme.

Si la plupart des preuves suggèrent plutôt que les chauves-souris sont le réservoir animal le plus probable du virus, avec un virus très proche trouvé chez les rhinolophes, on ne sait pas encore si une espèce intermédiaire - peut-être des pangolins - a pu contracter le virus et le transmettre à l'Homme. 

Après la propagation de la pandémie de coronavirus au début de l'année 2020, la Chine a interdit la consommation d'animaux sauvages et a réduit la liste des animaux qu'elle considère comme non-sauvages et donc consommables. Cependant, l'utilisation de certains animaux sauvages à des fins de médecine traditionnelle est toujours autorisée.

 

Wildlife Watch est une série d'articles d'investigation entre la National Geographic Society et les partenaires de National Geographic au sujet de l'exploitation et du trafic illégal d'espèces sauvages. N'hésitez pas à nous envoyer vos conseils et vos idées d'articles ainsi qu'à nous faire part de vos impressions à l'adresse ngwildlife@natgeo.com.
Cet article a initialement paru sur le site nationalgeographic.com en langue anglaise.

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