Texas : dans les coulisses des élevages d'animaux exotiques

Le Texas compte aujourd'hui plus d'un million d'animaux exotiques appartenant à 125 espèces différentes qui peuvent faire l'objet d'opérations de chasse commerciale.

De Douglas Main
Photographies de Mélanie Wenger
Publication 17 juil. 2020, 16:25 CEST
Brian Gilroy, propriétaire de Wildlife Partners, un élevage d'animaux exotiques, nourrit ses girafes à Mountain Home, ...

Brian Gilroy, propriétaire de Wildlife Partners, un élevage d'animaux exotiques, nourrit ses girafes à Mountain Home, au Texas, à l'automne 2018, lorsque la photographe Mélanie Wenger visitait les ranchs à gibier du Texas. Un couple de girafes adultes peut se vendre 250 000 dollars ou plus, nous indique-t-il. Contrairement à de nombreuses autres espèces concernées par cette industrie, les girafes ne sont pas chassées mais achetées puis vendues comme curiosités à des propriétaires terriens. Comme la plupart des ranchs possédant des ongulés exotiques, Wildlife Partners ne propose pas de chasses commerciales. La société préfère élever, acheter ou vendre des animaux et les transporter entre les différents ranchs.

PHOTOGRAPHIE DE Mélanie Wenger, National Geographic

Vues de côté, les cornes légèrement courbées d'un oryx algazelle donnent l'impression de n'être qu'un seul et même pic. Les universitaires pensent que cette antilope, ou son proche parent, l'oryx d'Arabie, auraient inspiré le mythe de la licorne. Autre point commun avec les animaux légendaires, il vous sera difficile de les croiser dans la nature : ils sont officiellement éteints à l'état sauvage.

Et pourtant, me voilà sur un quad à travers Texas Hill Country aux côtés d'un troupeau d'oryx au galop, ils sont une trentaine et chacun de leur pas sur ce terrain rocheux fait s'élever un doux parfum de lavande.

Le conducteur du quad, Brian Gilroy, s'émerveille devant eux. « Il y en a plus ici qu'il en existe dans la nature, » déclare-t-il. Gilroy dirige une société appelée Wildlife Partners à laquelle appartiennent cette propriété de 700 hectares et les animaux qui la foulent.

Un zèbre sous sédatifs est soulevé par hélicoptère sur les terres du ranch Sexy Whitetails, près de San Angelo. La carrure et le caractère imprévisible des ongulés exotiques rendent leur rassemblement et leur déplacement difficiles, ce qui a donné naissance à un secteur très lucratif : le transport. Lorsqu'un ranch souhaite vendre des animaux à un autre, il fait souvent appel à un expert extérieur, comme Wildlife Partners. Même avec l'aide de ces experts, une fraction des animaux meurent lors de leur capture. « Je dirais que ça représente 3 % des animaux déplacés, peut-être moins, » estime Gilroy. Les causes de ces décès vont du stress aux accidents en passant par les réactions imprévues aux sédatifs.

PHOTOGRAPHIE DE Mélanie Wenger, National Geographic

Wildlife Partners est l'une des plus grandes et des plus récentes entreprises d'élevage d'animaux exotiques du Texas. Elle se spécialise dans l'élevage, l'achat, la vente et le transport d'ongulés, des oryx aux zèbres en passant par les buffles d'Afrique. D'après Gilroy, ces animaux « sont bons comme un billet de 100 $ » (sic).

Une déclaration qui sous-estime la réalité : le prix d'une femelle buffle d'Afrique ou d'une girafe peut atteindre les 200 000 $, voire 250 000 $ s'ils sont vendus en couple.

Et ce n'est qu'un ranch parmi les milliers au Texas vivant de l'élevage des ongulés exotiques. Il y a plus d'un million de ces animaux disséminés à travers l'État, pour un total de 125 espèces différentes, indique Charly Seale, directeur du groupe industriel texan Exotic Wildlife Association qui compte 5 000 ranchers membres. Le secteur génère chaque année deux milliards de dollars de chiffre d'affaires, ajoute-t-il.

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    Directeur de l'élevage du 777 Ranch, un vaste domaine de chasse situé près d’Hondo, Michael Rann s'apprête à sédater un oryx d'Arabie à l'aide de son fusil hypodermique. Neveu de Jeff Rann, le propriétaire du ranch, Michael s'occupe des 6 000 animaux de l'exploitation. Il en connaît une bonne partie depuis leur naissance et sait identifier chaque individu. Même s'il a conscience de l'importance des droits de chasse comme principale source de revenus du ranch, perdre ces animaux au profit des chasseurs peut se révéler douloureux. « J'aimerais que les animaux que j'élève ne soient pas fusillés, » confie-t-il. « Mais c'est comme ça. Je sais dans quoi je me suis engagé. »

    PHOTOGRAPHIE DE Mélanie Wenger, National Geographic

    Comme pour les exploitations de bétail domestique, les propriétaires capitalisent sur l'élevage et la vente des animaux entre ranchers, à de riches propriétaires ravis de posséder ces créatures et à des opérations de chasse commerciale au cours desquelles les clients versent des droits conséquents leur permettant de tirer des animaux exotiques rares sans même se rendre à l'étranger.

    À l'instar de nombreux autres ranchs d'animaux exotiques, Wildlife Partners ne propose pas de chasse commerciale. Ses revenus proviennent de l'élevage, l'achat et la vente d'animaux. Cela dit, il arrive que certains d'entre eux se retrouvent dans des ranchs de chasse.

    D'après Gilroy, l'essentiel du secteur se compose de particuliers qui ne proposent pas de chasse commerciale. « Ces animaux exotiques offrent à leurs propriétaires un sentiment de fierté, » déclare-t-il, ainsi qu'un certain statut.

    Les éleveurs ont tendance à être discrets et méfiants envers les médias que beaucoup considèrent en faveur de points de vue urbains et anti-chasse. Ils craignent d'être faussement représentés.

    Wes Livingston et BJ Dugger saisissent les cornes d'une antilope noire transportée par les airs depuis une pâture du Tequila Trophy Ranch situé à Utopia, au Texas, à une centaine de kilomètres à l'ouest de San Antonio.

    À 130 km à l'ouest, sur les terres du Nitro Whitetails and Exotics, j'ai eu la chance d'observer de près le fonctionnement des opérations de levage aérien et de transport des animaux. Au mois de mai 2019, j'ai embarqué à bord d'un hélicoptère piloté par Darren “Chavi” Flores en compagnie de Tad Honeycutt, responsable de l'équipe de capture pour Wildlife Parners, afin de survoler un troupeau de gemboks, de grandes antilopes aux cornes droites et allongées, en préparation de leur capture puis de leur vente. Après avoir inséré une fléchette contenant un anesthésique dans son fusil hypodermique, Honeycutt a ensuite visé le flanc d'un animal.

    L'hélicoptère s'est posé à côté de l'antilope qui venait de tomber. Honeycutt en est sorti et a attrapé l'animal par les cornes pendant qu'un cowboy lui liait les pattes. Alors que la salive du gembok commençait à s'accumuler sur son menton, ils l'ont enveloppé dans un harnais d'hélitreuillage pour le transporter dans un enclos temporaire pendant que d'autres animaux étaient capturés. En quatre heures de temps, l'équipe avait ainsi rapatrié sept addax, quatre gemsboks, deux blesboks et une antilope noire, achetés sur le champ 37 000 $ par Wildlife Partners.

    PHOTOGRAPHIE DE Mélanie Wenger, National Geographic

    Un oryx d'Arabie attend d'être transporté vers un établissement de Wildlife Partners dans une remorque du 777 Ranch. Ce ranch appartient à Jeff Rann, originaire du Botswana, dont les bras laissent apparaître plusieurs cicatrices, l'une d'entre elles infligée par la morsure d'un léopard blessé pendant une partie de chasse, une autre par les cornes d'une antilope noire. Jeff Rann est également chasseur professionnel spécialisé dans le gibier dangereux ; il aide les adeptes de la chasse commerciale à traquer leur proie. Au 777, il n'y a ni léopards ni autres prédateurs mais quarante espèces d'ongulés, dont certaines peuvent être dangereuses à manipuler.

    PHOTOGRAPHIE DE Mélanie Wenger, National Geographic

    Par exemple, les propriétaires du Y.O. Ranch de Mountain Home ont accepté de me rencontrer en 2019 malgré les conseils d'un ami. « Nous aimons l'Amérique, nous aimons l'armée et nous aimons nos animaux, » déclare Byron Sadler, résumant ainsi son affection et son sens du devoir envers cette trinité. S'attaquer à l'un de ces éléments, c'est s'attaquer à tous ; en d'autres termes, la détention d'animaux exotiques ne se prête pas à débat.

    Gilroy est quant à lui plus ouvert avec les journalistes. « Si l'on ne raconte pas notre histoire, quelqu'un d'autre le fera, » indique-t-il.

     

    QU'EST-CE QU'UN ANIMAL SAUVAGE ?

    Les animaux exotiques du Texas ne sont pas domestiqués et la plupart du temps, ils ne requièrent pas une grande attention, ce qui ne fait pas d'eux des animaux sauvages pour autant. Contrairement aux espèces natives que sont le cerf de Virginie, l'élan ou le mouflon canadien, ils ne sont pas officiellement considérés comme du gibier, même s'ils sont fréquemment chassés. La loi leur donne le statut de propriété privée, au même titre que les animaux de compagnie et le bétail.

    Certaines espèces conservées dans ces ranchs sont menacées, en danger ou même éteintes à l'état sauvage, c'est notamment le cas de l'oryx algazelle. Cependant, cette espèce et la quasi-totalité des ongulés du Texas peuvent être chassées légalement, car la plupart ne figurent pas sur la liste de l'Endangered Species Act des États-Unis, qui s'intéresse principalement à la protection des espèces natives. Selon la loi en vigueur au Texas, les espèces exotiques sont considérées comme du bétail, ce qui oblige leurs propriétaires à respecter certains critères de santé animale, sans plus de réglementation.

    Natifs du continent asiatique, les cerfs axis déambulent sur de vastes pâturages au 777 Ranch. Au fil des années, certains cerfs se sont échappés d'autres ranchs exotiques pour établir des populations férales au Texas, comme ont pu le faire d'autres espèces non natives telles que le mouflon à manchettes ou l'antilope Nilgaut. Les grands animaux exotiques nécessitent d'importantes quantités de végétaux et peuvent restreindre la nourriture disponible pour les ruminants endémiques de la région. C'est l'une des raisons pour lesquelles le Texas Parks and Wildlife Department « encourage la suppression des ongulés exotiques, » explique Mark Mitchell, directeur de la Mason Mountain Wildlife Management Area, un ancien ranch à gibier où les chercheurs étudient l'impact écologique de six espèces exotiques laissées libres sur la propriété.

    PHOTOGRAPHIE DE Mélanie Wenger, National Geographic

    Vous pouvez les chasser « nuit et jour, » indique John Silovsky, directeur adjoint du  Texas Parks and Wildlife Department. « Aucune limite de prise, aucune saison. »

    Ce contexte légal associé à la célèbre nature indépendante du Texas, son emphase sur les droits à la propriété, ses grands espaces et son climat ensoleillé constituent la recette parfaite pour le développement de l'élevage du gibier exotique.

    Depuis les années 1950 et la démonstration par les propriétaires du Y.O. Ranch de la rentabilité de l'élevage et de la chasse des ongulés au Texas, le secteur a connu une croissance effrénée. D'après les statistiques de l'état, il y avait environ 13 000 ongulés exotiques en 1963, 72 000 en 1979, 164 000 en 1988 et aujourd'hui ils sont plus d'un million.

    À en croire Aaron Bulkley, propriétaire du Texas Hunt Lodge à une centaine de kilomètres au nord-ouest de San Antonio, la croissance de l'élevage des animaux exotiques au fil des années serait simplement due à la croissance de l'économie générale.

    Guide du 777 Ranch, Kade McGuffin répand du maïs au sol afin d'attirer les cerfs axis pour les chasseurs.

    PHOTOGRAPHIE DE Mélanie Wenger, National Geographic

    Biologiste des espèces sauvages, Chris Miller a abattu cet oryx d'Arabie mâle au 777 ranch fin 2018 après avoir passé une journée et demie à le traquer et dormi dans une cabine installée sur la propriété. Il chasse la majeure partie de la viande qu'il consomme, notamment de l'oryx ou du cerf. « Je pense qu'ils gardent en eux une partie de leur instinct, » dit-il des animaux élevés en captivité sur le domaine. Jeff Rann nous explique que les mâles sont généralement chassés pour leurs grandes cornes ou leurs ramures, mais aussi afin de réduire les conflits et la concurrence auprès des femelles.

    PHOTOGRAPHIE DE Mélanie Wenger, National Geographic

    Les éleveurs sont de plus en plus nombreux à réaliser que l'élevage et la vente d'animaux exotiques génèrent des profits largement supérieurs à ceux du bétail. Là où une vache domestique se vendra un peu plus de 1 000 dollars (875 euros), ils pourront multiplier par quatre cette somme au bas mot avec la vente d'un animal exotique commun tel que l'oryx algazelle.

    La demande continue des chasseurs à l'année et la perspective d'une vente des droits de chasse sans l'interruption ni les restrictions habituellement imposées à l'élevage et la chasse du cerf de Virginie ont également été des éléments moteurs de cette croissance.

    Pendant la pandémie de coronavirus, le gouverneur du Texas, Greg Abbott, avait inclus la chasse et l'agriculture, dont font partie les opérations d'élevage, à la liste des activités jugées « essentielles » ; le secteur n'a donc pas été fortement impacté par la crise sanitaire malgré la récession, explique Seale. « La vente des animaux d'élevage n'a pas été fragilisée, » ajoute-t-il.

     

    MARCHANDISATION CONTRE CONSERVATION

    Bien entendu, le secteur n'est pas sans détracteurs. Certains défenseurs des droits des animaux, qui s'opposent à l'idée que les animaux sauvages soient une ressource profitable à l'Homme, ont cherché à freiner l'industrie de l'élevage exotique. Ils refusent la commercialisation des espèces sauvages et la chasse sportive d'animaux rares, un argument difficile à faire entendre au beau milieu du Texas où la saison de la chasse au cerf est une véritable tradition automnale.

    Grace Ingrande, 17 ans, attend le moment opportun pour tirer un cerf axis dans une hutte du 777 Ranch. Elle adore chasser avec son père, capitaine de remorqueur. « C'est comme si le monde s'arrêtait et qu'il n'y avait plus que moi, le fusil et le cerf, » dit-elle de son ressenti lorsqu'elle tire.

    PHOTOGRAPHIE DE Mélanie Wenger, National Geographic

    La tête écorchée de l'oryx d'Arabie abattu par Miller attend d'être traitée dans la chambre froide du 777 Ranch : les cornes seront blanchies puis montées en trophée.

    PHOTOGRAPHIE DE Mélanie Wenger, National Geographic

    « Ce n'est pas juste de tirer sur un ornement de pâture condamné dans un domaine de chasse, ce n'est pas de la conservation, » déclare Priscilla Feral, présidente du groupe de défense des animaux Friends of Animals basé dans le Connecticut, qui a déjà poursuivi à plusieurs reprises le Fish and Wildlife Service des États-Unis pour tenter de limiter les droits à la propriété des animaux menacés d'extinction. Le groupe était parvenu à ses fins en 2009 lorsqu'une décision de justice avait contraint les ranchers à reverser l'ensemble des droits récoltés pour trois espèces à des initiatives conservatrices, une décision annulée par le Congrès en 2014.

    Cela dit, une partie des droits de chasse obtenus pour quatre espèces exotiques (le barasingha, l'oryx d'Arabie, le cerf d'Eld et le cobe de Lechwe) doivent servir au « renforcement » des espèces sur leurs aires de répartition natives, par exemple au travers de programmes de réintroduction homologués par le gouvernement, d'amélioration des habitats, etc. Cependant, puisque ces programmes sont généralement conduits en dehors du territoire américain, il peut s'avérer difficile de les surveiller et d'évaluer leur efficacité. De plus, en tant que sociétés privées, les élevages d'animaux exotiques ne sont en aucun cas tenus de contribuer aux efforts de conservation.

    Néanmoins, bon nombre de chasseurs et d'éleveurs soutiennent que ces troupeaux d'animaux exotiques ont une valeur de conservation en tant que « populations d'assurance » : si une espèce disparaît à l'état sauvage, elle existera toujours dans les ranchs du Texas. Les zoos avancent le même argument, mais les zoos accrédités respectent scrupuleusement le Programme américain pour les espèces menacées (SSP, Species Survival Plan) afin de maintenir une diversité génétique et des populations durables. Quelques ranchs texans participent à ce genre d'initiative ; la plupart ne le font pas.

    Un trophée de gnou (premier plan), deux trophées d'urials transcaspiens (mur du fond) et un trophée d'élan attendent leur réparation chez le taxidermiste du 777 Ranch. Les animaux empaillés, ou « naturalisés », sont un décor récurrent des parties communes du ranch. Jeff Rann expose également des photos de lui et ses clients aux côtés de gros gibier qu'ils ont tué, notamment celle de l'ancien roi d'Espagne, Juan Carlos, posant au Botswana avec un éléphant mort appuyé contre un arbre. Dans la salle à manger, deux télévisions diffusent en boucle les vieilles parties de chasse du propriétaire. La scène la plus impressionnante est celle d'un client du Botswana ratant son tir et blessant un lion mâle. L'animal se met alors à charger les chasseurs qui l'abattent d'une balle entre les yeux. « C'était le meilleur tir de ma carrière, » confie Rann.

    PHOTOGRAPHIE DE Mélanie Wenger, National Geographic

    Certains se sont par exemple investis dans des programmes d'élevage pour les oryx algazelles et d'Arabie afin de les réintroduire dans la nature, mais Feral et d'autres conservateurs précisent que ce type d'initiative est très rare. Ils attirent également notre attention sur les animaux exotiques qui ont fui les ranchs du Texas et provoqué des dégâts écologiques, en ajoutant que certains propriétaires (de bétail par exemple) n'hésitent pas à tuer les prédateurs natifs comme les lynx, les coyotes et les pumas pour protéger leurs troupeaux.

    Gilroy reconnaît être avant tout un entrepreneur et avoir pour principal intérêt la croissance de son entreprise, pas la conservation. Cependant, il aimerait à l'avenir apporter son aide à certaines de ces espèces d'une façon ou d'une autre, sans parler d'élevage intensif, et sans connaître encore la forme que son engagement pourrait prendre. « Il est difficile d'être charitable sans réussir, » résume-t-il.

     

    Mélanie Wenger est exploratrice National Geographic et membre fondatrice d'Inland. Retrouvez-la sur Instagram.
    Cet article a initialement paru sur le site nationalgeographic.com en langue anglaise.

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