Pendant le confinement, cette soigneuse a recueilli des wombats chez elle

Lorsque la pandémie a rendu les déplacements difficiles, une soigneuse d’animaux a décidé de transformer son appartement en refuge pour trois wombats orphelins.

De Misha Jones
Photographies de Doug Gimesy
Dans son salon, Emily Small, fondatrice du Goongerah Wombat Orphanage, porte Landon, un petit wombat orphelin ...

Dans son salon, Emily Small, fondatrice du Goongerah Wombat Orphanage, porte Landon, un petit wombat orphelin de six mois. Pendant le confinement en Australie, Small était incapable de parcourir la distance de 450 kilomètres séparant son appartement à Melbourne de l’orphelinat à Goongerah. Elle héberge donc Landon et deux autres Vombatus ursinus chez elle.

PHOTOGRAPHIE DE Doug Gimesy

Il n’est pas si rare de croiser un wombat au bord de la route en Australie. Il n’est pas surprenant non plus qu’Emily Small accueille dans son orphelinat des bébés wombats qui ont perdu leurs parents, qui sont malades ou qui souffrent de blessures. Elle les aide à se réadapter avant de les relâcher dans la nature.

Ce qui est moins fréquent par contre, c’est que Small est confinée dans son appartement à Melbourne avec, pour colocataires, trois Vombatus ursinus.

« Comment peut-on résister à la compagnie de bébés wombats ? » s’interroge-t-elle.

Abby Smith, à gauche, est agente de protection de la faune et des forêts au ministère de l’Environnement de l’État de Victoria. Elle a visité l’orphelinat de Small en février avant que le confinement n’y rende l’accès difficile.

PHOTOGRAPHIE DE Doug Gimesy

En 2002, Small a fondé le Goongerah Wombat Orphanage qu’elle codirige avec sa mère. Elles reçoivent six à huit bébés wombats par an. Il s’agit généralement d’orphelins dont les mères ont été tuées par des voitures.

Elle passe son temps entre l’orphelinat et son emploi à temps plein au Wildlife Victoria, une organisation à but non lucratif basée à Melbourne. Avec le confinement, il lui est désormais difficile de parcourir les 450 kilomètres qui séparent son domicile à Preston dans la banlieue nord de Melbourne de l’orphelinat, situé à l’est de Gippsland. Small a donc décidé d’élever des wombats dans son deux-pièces.

Le wombat mesure à peine plus d’un centimètre à la naissance. C’est un marsupial au corps trapu originaire d’Australie et des îles voisines. Contrairement au kangourou, la poche de la femelle wombat s’ouvre vers l’arrière. Bébé n'est ainsi pas gêné pas la terre que maman rejette en creusant son terrier. Habituellement, le petit sort timidement la tête hors de la poche au bout de six mois et y reste parfois jusqu’à trois ou quatre mois supplémentaires. Une fois qu’il a quitté la poche, il passe son temps collé à sa maman jusqu’à l’âge d’un an ou même un peu plus.

Il faut déployer beaucoup d’efforts pour prendre soin des wombats, affirme Small. Ils nécessitent une attention permanente. La pandémie rend difficile l’obtention des ressources dont ils ont besoin pour grandir dans un environnement qui ne leur est pas familier. (Incendies en Australie : koalas et autres marsupiaux peinent à s’en remettre.)

Landon et Bronson, alors âgé de sept mois, dorment dans une poche « maison » chez Small. Les wombats, comme les autres marsupiaux, donnent naissance à des petits peu développés qui se frayent un chemin jusqu’à la poche maternelle et y restent pendant six mois environ.

PHOTOGRAPHIE DE Doug Gimesy

Des panneaux brûlés, qui mettent en garde contre le passage de kangourous et de wombats, se dressent parmi des squelettes d’arbres calcinés au sud de Buchan après les feux de brousse de 2019-2020. Small accueille, dans son orphelinat, nombre de wombats dont les mères ont été renversées par des voitures.

PHOTOGRAPHIE DE Doug Gimesy

À CHACUN SON TEMPÉRAMENT

Chacun des wombats recueillis par Small a sa propre personnalité. Landon, le plus jeune, a été sauvé par une infirmière vétérinaire fin mars. Aujourd’hui, il est âgé de dix mois.

« Landon est mon petit superhéros », insiste Small. « Il suffit de peu pour qu’il s’enflamme. Il rayonne, ça se voit. Il ne peut contenir son énergie. Il lui arrive de pleurer ou de crier pour montrer sa joie. Je n’ai jamais vu cela. »

Small dispose la terre et l’herbe qu’elle a recueillies à l’orphelinat pour nourrir les trois rescapés. Celles-ci contiennent les micro-organismes et champignons nécessaires à leur santé digestive.

PHOTOGRAPHIE DE Doug Gimesy

Landon et Bronson reniflent la terre et mâchent l’herbe. Small s’occupera d’eux jusqu’à ce qu’ils soient aptes à se débrouiller seuls dans la nature lorsqu’ils seront âgés de 18 mois environ et pèseront entre 15 et 25 kilos.

PHOTOGRAPHIE DE Doug Gimesy

À onze mois, Bronson est un peu plus timide. Un passant l’a retrouvé dans la poche de sa mère, sans vie.

« Il a du mal à affronter certaines situations », explique Small. « Il s’inquiète un peu. » Lorsqu’il entend un nouveau bruit ou se retrouve dans un environnement différent, Bronson se rapproche de Small pour chercher du réconfort. Une fois qu’il se sent à l’aise, il adore se tortiller et faire des câlins.

Béatrice est âgée d’un an. Small la qualifie de « guerrière indépendante ». Elle a également été retrouvée dans la poche de sa mère.

« Au début, elle grognait souvent et essayait de m’attaquer », précise Small. « Je savais qu’elle avait peur parce qu’elle était plus âgée. Elle avait donc plus conscience des menaces et essayait de s’imposer, de paraître effrayante. »

Maintenant qu’elle s’est habituée à son nouvel environnement, Small la considère comme « la plus douce, la plus gentille et la plus enjouée. »

Béatrice, jeune wombat orpheline, court dans la cuisine de Small. Lorsque cette dernière l’a recueillie, elle était plus âgée que Landon et Bronson et avait développé des instincts de survie. Elle s’en servait pour intimider Small. Petit à petit, elle a commencé à se sentir en confiance.

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PRODIGUER DES SOINS AU TEMPS DU CORONAVIRUS

Selon Small, les wombats peuvent passer jusqu’à trois ans avec leur maman dans la nature.

« J’essaye, dans la mesure du possible, de tisser ce lien unique tout en répondant à leurs besoins individuels et en leur enseignant les compétences nécessaires pour survivre dans la nature », précise Small.

Dans son appartement situé au dernier étage d’un immeuble, la jeune soigneuse a fait de son mieux pour reproduire le milieu dans lequel évoluent les wombats. Elle a mis à leur disposition l’herbe et la terre qui contiennent les nutriments nécessaires à leur santé digestive. Elle les a disposées dans un bac avec de l’écorce que les petits wombats peuvent mâcher. Small avoue que nettoyer l’espace « pose problème ».

Nourrir les bébés apporte également son lot de difficultés. Le trio est nourri à la bouteille avec un lait spécifique qu’il est difficile de se procurer en raison de la pandémie. « J’attends une livraison de 15 kilos mais la poste est débordée. »

Les trois wombats ont bien évolué malgré les contraintes, dit Small. Ils ont des besoins différents vu que chacun a son propre caractère. « Certains seront prêts à passer à l’étape suivante bien avant d’autres », souligne-t-elle. Il faudra faire preuve d’un « comportement mature » comme recourir au combat, montrer une attitude défensive ou manifester de la peur.

Small les mettra alors dans des espaces en plein air à l’orphelinat et amorcera le sevrage de bouteille. Une fois qu’ils pèseront entre 15 et 25 kilos, à l’âge de 18 mois environ, elle les relâchera dans la nature.

 

OPÉRATION RÉADAPTATION

Malheureusement, la réadaptation n’est pas toujours couronnée de succès. Le premier wombat que Small et sa mère ont pris en charge est mort. « Il était comme un frère. Ma mère lui donnait à manger avant moi », confie-t-elle.

Dans sa chambre, Small nourrit deux wombats à la bouteille. Les jeunes animaux ont besoin d’un lait spécial qu’il est difficile d’avoir, le travail de la poste étant entravé par la pandémie.

PHOTOGRAPHIE DE Doug Gimesy

Lorsque ce premier animal recueilli est mort, Small et sa maman ont juré de ne plus jamais prendre en charge de wombats. Cela n’a pas duré longtemps. « On dit ça chaque année mais les wombats continuent d’arriver à l’orphelinat. On ne peut pas les laisser tomber. » (Ces photos de bébés paresseux rappellent le besoin de les protéger.)

« Rien ne me fait plus plaisir que de les voir heureux et en train de jouer », conclut Small. « On ne peut s’empêcher de sourire en les voyant comme ça. »

 

Cet article a initialement paru sur le site nationalgeographic.com en langue anglaise.

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