Avoir un animal de compagnie permettrait de vieillir en meilleure santé mentale et physique

Le lien entre l’Homme à l’animal est plus fort qu’on ne le croit, et pourrait même avoir des effets thérapeutiques.

De Morgane Joulin
Publication 16 févr. 2024, 17:20 CET
Les EHPAD ou assimilés représentent le quart des établissements pratiquant la Médiation Animale, selon la Fondation ...

Les EHPAD ou assimilés représentent le quart des établissements pratiquant la Médiation Animale, selon la Fondation Adrienne et Pierre Sommer.

PHOTOGRAPHIE DE Elena Sivitskaia / Alamy Banque D'Images

Près de six Français sur dix déclarent posséder un chien ou un chat, selon un sondage Ipsos de juin 2023. Parmi eux, 68 % les considèrent même comme un membre de la famille à part entière. Le lien entre les maîtres et leur fidèle compagnon s’est largement renforcé ces dernières décennies.

La notion de possession responsable gagne aussi du terrain, et 60 % des Français pensent que les personnes qui ne respectent pas les droits des animaux devraient être condamnées à des peines de prison. Deux ans après la loi Dombreval, visant à lutter contre la maltraitance animale et à conforter le lien entre les animaux et les Hommes, la notion de bien-être animal gagne de plus en plus l'esprit des Français. 

Plus qu’une simple compagnie agréable, il est montré que leur présence peut agir favorablement sur la santé de leurs maîtres. Ainsi, les résultats d’une étude chinoise publiée en décembre 2023, montrent que posséder un animal de compagnie permettrait de mieux vieillir lorsqu'on vit seul. Un peu moins de 8 000 personnes de cinquante ans et plus vivant seules ont été suivies, qu’elles vivent ou non avec un animal de compagnie. Sur cette population, on a constaté un ralentissement du déclin de la mémoire verbale et de la fluidité verbale chez les personnes possédant un animal de compagnie, mais pas chez celles vivant seules ou même avec d'autres personnes. 

En somme, posséder et s’occuper d’un animal de compagnie permettrait de conserver plus longtemps une bonne fluence verbale, à savoir la capacité à délivrer des informations et à faire des phrases dans un temps imparti. Les résultats de cette étude ne sont « pas étonnants » pour Marine Grandgeorge, maître de conférences en éthologie à l’Université de Rennes. Elle considère que les animaux « apportent énormément de choses sur la santé physique et émotionnelle. »

 

LA MÉDIATION ANIMALE             

Il devient de plus en plus courant de faire intervenir des animaux pour prévenir, voire soulager de certains maux chez les humains. C’est ce que l’on appelle la médiation animale, autrefois appelée zoothérapie ou thérapie assistée par l’animal (TAA).

L’association bordelaise Résilienfrance définit cette pratique comme une « relation d’aide à visée préventive ou thérapeutique dans laquelle un professionnel qualifié […] introduit un animal d’accordage auprès d’un bénéficiaire. Cette relation vise la compréhension et la recherche des interactions accordées dans un cadre défini. »

Plus qu’une simple compagnie agréable, il a été démontré que la présence d'un animal de compagnie peut agir favorablement sur la santé mentale et physique de ses maîtres.

PHOTOGRAPHIE DE Jozef Polc / Alamy Banque D'Images

Cette technique est loin d’être récente. La première mention d’une expérience scientifique portant sur la relation entre l’Homme et l’animal remonte à 1792, dans l’institution pour malades psychiatriques de York Retreat, en Angleterre. Le pédopsychiatre Boris Levinson est le premier à conceptualiser la médiation animale. Dans son livre Pet-Oriented Child Psychotherapyen français « Psychothérapie de l'enfant axée sur l'animal de compagnie », il explique qu’au contact de son chien « Jingles », il a constaté des progrès chez un jeune patient autiste. Il en a déduit que l’animal était un catalyseur social. 

En France, la médiation animale a été introduite par le vétérinaire Ange Condoret. En 1978, après plusieurs années d’expériences, il définit une nouvelle méthode nouvelle intitulée intervention animale modulée précoce (IAMP), qui a la particularité d’être adaptée pour les enfants.

« On a énormément de preuves qui montrent des apports de la présence animalière, médiée par un professionnel », assure Marine Grandgeorge. « Les animaux apportent énormément de choses sur la santé physique et émotionnelle de l’Homme. »

« On sait que la présence d'un animal va réduire le taux de cortisol, à savoir l’hormone associée au stress », explique Marine Grandgeorge. C’est selon elle une des preuves que posséder un animal de compagnie « déstresse sur le long terme. » Autre hormone mobilisée chez l’humain en présence d’animaux de compagnie, l’ocytocine, à savoir l’hormone de l'attachement et de l’amour. « Il y a des études qui montrent que regarder un chien dans les yeux va permettre de sécréter de l'ocytocine, à la fois chez le maître et chez son chien », indique l’éthologue. 

Marine Grandgeorge estime que le contact et les caresses « semblent permettre une plus grande sécrétion d'ocytocine. » La raison étant que « le toucher est très important dans la sécrétion de cette hormone. » 

Les bienfaits de la médiation animale ont notamment été observés sur des patients atteints du trouble du spectre de l’autisme (TSA). Selon Marine Grandgeorge, cela s’explique en partie par le « caractère non jugeant » de l’animal. Elle ajoute qu’« il y a des preuves scientifiques que cela leur permet d’améliorer leurs compétences d’interactions sociales, leur reconnaissance des émotions et leur capacité à être plus dans l'interaction. »

De fait, « lorsqu’une personne TSA voit un visage humain, elle ne regarde pas les yeux. Elle cherche d’abord des indices de communication sur la zone basse du visage, comme la bouche ou le nez. » Marine Grandgeorge et ses équipes ont montré que « sur des visages d’animaux, la personne TSA regarde les yeux. » Les chercheurs supposent alors que ces personnes « sont capables d’aller chercher des informations dans les yeux des animaux. » Ce faisant, « elles acquièrent des compétences de compréhension des émotions, des indices communicationnels chez l’animal, et sont capables de les transférer à d’autres être humain », explique l’ethnologue.

Plusieurs associations de Médiation Animale proposent aujourd’hui d’aider des patients dans leur quotidien. C’est par exemple le cas du dispositif Handi'chiens, qui vise à former et à remettre gratuitement des chiens d’assistance pour assister leurs maîtres dans les tâches de la vie quotidienne. Les patients qui en bénéficient se trouvent en général en situation de handicap mental ou physique, mais avec une bonne acuité visuelle. Ils ne sont donc pas à confondre avec les chiens guides, qui aident les personnes atteintes de cécité à se repérer dans l’espace. 

Toutefois, le point noir de cette pratique est qu’il n’existe aucun diplôme de médiateur animal reconnu par l’État. « Il n’y a pas de législation en France sur cette pratique […] ce qui peut entraîner des dérives dans certains cas », déplore Marine Grandgeorge. 

Pour autant, la médiation animale est « de plus en plus répandue sur le territoire français et à l'international », et elle dispense depuis une quinzaine d’année « de nombreuses preuves d'efficacité […] aussi bien sur des très jeunes publics, sur des personnes âgées, sur des publics fragilisés avec des handicaps physiques ou même des publics de prison », conclut Marine Grandgeorge. 

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