Coup de projecteur sur le mouton le plus cher du monde

Au Sénégal, le mouton ladoum peut coûter des dizaines de milliers d’euros. Mesurant jusqu’à 120 cm au garrot, il est utilisé comme animal de compagnie et confère un statut de haut rang à son propriétaire.

De Douglas Main
Publication 13 sept. 2024, 10:53 CEST
Assane Dieye, propriétaire d’un troupeau de ladoums, pose avec son bélier portant le nom de Ballon ...

Assane Dieye, propriétaire d’un troupeau de ladoums, pose avec son bélier portant le nom de Ballon d’Or. Les portraits ont été pris par Sylvain Cherkaoui dans son studio mobile.

PHOTOGRAPHIE DE Sylvain Cherkaoui, Panos Pictures, Redux

Les moutons sont généralement élevés pour leur laine, parfois pour leur viande. Mais au Sénégal, certains de ces animaux sont considérés comme des animaux de compagnie de luxe et participent même à des concours de beauté.

Le photographe Sylvain Cherkaoui a appris l’existence de ces fameux moutons de race ladoum au début de la pandémie de COVID-19 alors qu’il se terrait chez lui, à Dakar. Des panneaux publicitaires mettaient en jeu ces animaux : « Achetez une voiture et nous vous donnerons un mouton ! »

Fatoumata Doumbia prend la pose avec son ladoum, Mass, un bélier d’un peu plus de deux ans qui mesure 110 cm au garrot. Les dimensions imposantes de cette race sont en partie responsables de son succès.

PHOTOGRAPHIE DE Sylvain Cherkaoui, Panos Pictures, Redux

Habibou Diop avec un agneau de 19 mois dénommé Bideo Bou Bess.

PHOTOGRAPHIE DE Sylvain Cherkaoui, Panos Pictures, Redux

Madame Wane Fatou Binetou Diop et son frère Moustapha Diop posent avec leur bélier, Mapate Junior, âgé de deux ans et demi.

PHOTOGRAPHIE DE Sylvain Cherkaoui, Panos Pictures, Redux

Les animaux représentés dans ces publicités étaient majestueux et imposants, contrairement aux petits moutons ternes que l’on trouve habituellement au Sénégal. Ces moutons-ci sont souvent sacrifiés par la population majoritairement musulmane du pays le jour de l’Aïd al-Adha.

Cherkaoui a commencé à se documenter sur le ladoum, race hybride obtenue par le croisement d’un touabire mauritanien et d’un bali-bali malien dans les années 1970. Connus pour leur bel aspect, leur taille, leur museau proéminent et leurs cornes recourbées, les ladoums peuvent peser jusqu’à 175 kg et mesurer près de 120 cm. Élevés par un nombre restreint d'éleveurs, ces animaux sont très prisés : certains Sénégalais sont prêts à dépenser 10 000 €, parfois beaucoup plus, pour un seul animal, le record étant pour l’instant établi à 75 000 €, explique Cherkaoui.

« Je dis souvent que le ladoum est la Rolex des moutons : posséder un ladoum, ça fait riche, ça fait luxe », explique-t-il par courriel.

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    Le prix de chaque animal (ci-dessus, un bélier de deux ans, Sherif) dépend de différents facteurs comme la forme et la symétrie des cornes.

    PHOTOGRAPHIE DE Sylvain Cherkaoui, Panos Pictures, Redux

    Sherif se tient près de son propriétaire Seydi Gadiaga, qui détient le troupeau Keur Mame Seydi. Les ladoums sont le fruit d’un croisement entre une race de Mauritanie et une race du Mali.

    PHOTOGRAPHIE DE Sylvain Cherkaoui, Panos Pictures, Redux

    Madame Sow Fatoumata Ka pose avec Amath, un bélier de deux ans. Contrairement aux autres moutons, ces animaux sont rarement sacrifiés lors de la fête musulmane de l'Aïd al-Adha en raison de leur valeur et de l’attachement que leur porte leur propriétaire.

    PHOTOGRAPHIE DE Sylvain Cherkaoui, Panos Pictures, Redux

    Le prix peut varier en fonction de « la taille et du poids de l’animal, de la forme et de la symétrie de ses cornes, de son profil plus ou moins busqué, et de la taille et de la symétrie de ses testicules », ajoute-t-il. Les béliers ont souvent plus de valeur que les brebis, bien que les deux sexes soient évidemment importants pour faire de l’élevage, une activité qui peut se révéler très lucrative.

    De nombreux propriétaires de ladoum inscrivent leurs animaux dans des concours de beauté ovine, diffusés chaque année à la télévision sénégalaises. Le gagnant remporte de la nourriture et de l’argent tandis que son mouton gagne en prestige — pratique s'il cherche à le vendre.

    « Les critères de beauté [varient] en fonction de l’apparence du mouton ayant remporté le dernier concours. »

    Intrigué par le phénomène du ladoum, Cherkaoui a effectué une série de portraits pour mettre ces animaux et leurs propriétaires à l’honneur.

    « Lorsque j’ai parlé à ces gens de mon projet d’exposition et du fait que je comptais mettre leurs ladoums sous les feux des projecteurs, ils se sont sentis fiers et valorisés », explique-t-il.

    Sylvain Cherkaoui est un photographe français installé à Dakar qui se consacre aux actualités d’Afrique de l’Ouest. Visitez son site internet pour plus d’informations.

    Cet article a initialement paru sur le site nationalgeographic.com en langue anglaise.

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