Des embryons in vitro pour sauver les rhinocéros blancs du Nord

Pour sauver l’espèce quasi-disparue, les chercheurs ont réussi à créer des embryons de rhinocéros in vitro et espèrent faire naître un nouveau-né d’ici trois ans.

De Juliette Heuzebroc
Sudan, le dernier rhinocéros blanc du nord mâle, interagissant ici avec un rhinocéros blanc du sud.
Sudan, le dernier rhinocéros blanc du nord mâle, interagissant ici avec un rhinocéros blanc du sud.
PHOTOGRAPHIE DE Ami Vitale, Création National Geographic

Les rhinocéros blancs du Nord ont quasiment disparu. Décimée pendant des décennies par le braconnage, la sous-espèce n’est aujourd’hui plus représentée que par deux spécimens femelles, abritées dans la réserve d’Ol Pejeta, au Kenya. Les derniers spécimens à l’état sauvage ont été tués il y a plus de dix ans.

Face à l’urgence de la situation, des experts en reproduction animale ont décidé de procéder par procréation assistée pour laisser une chance à l’espèce de se perpétuer, bien qu’il n’y ait plus aucun mâle encore vivant à ce jour. Pour cela, les scientifiques ont prélevé 80 ovocytes sur des femelles rhinocéros blancs du Sud vivant dans différents zoos européens. Cette sous-espèce est également en danger d’extinction puisqu’il ne reste plus que 20 000 spécimens à l’état sauvage dans le sud du continent.

Les 80 ovocytes ont ensuite été fécondés en laboratoire par du sperme congelé de rhinocéros mâles blancs du Sud et du Nord. Au total, la fécondation a donné lieu à sept embryons dont trois ont été congelés : deux issus d’un mélange Nord-Sud et un Sud-Sud. S’il s’agit d’une première avancée, jusqu’ici il n’a donc pas été possible de créer un embryon pur issu à 100 % de spécimens du nord mais uniquement d’embryons hybrides.

Peut-on sauver les rhinocéros en vendant leurs cornes ?

Les chercheurs souhaiteraient pouvoir implanter les embryons dans une femelle porteuse du Sud. Par ailleurs, pour réussir à récréer un embryon dit « pur » du Nord, les scientifiques espèrent pouvoir prélever des ovocytes sur les deux femelles kenyanes. Respectivement nées en 1989 et 2000, la mise au jour d’un bébé doit se faire dans de rapides délais puisqu’elles sont les seules à encore pouvoir enseigner les comportements sociaux de la sous-espèce à un nouveau-né.

« Notre but est d'avoir d'ici trois ans la naissance du premier petit rhinocéros blanc du Nord », assure Thomas Hildebrandt, de l'Institut Leibniz de recherche zoologique et animale de Berlin.

Pour cela, il manque encore les autorisations de prélèvements des autorités kenyanes. Les équipes se préparent cependant à l’éventualité d’un non-aboutissement et cherchent donc une solution alternative. Des tentatives de productions de gamètes de l’espèce en laboratoire, c’est-à-dire d’ovocytes et de sperme, sont donc en cours.

Plusieurs scientifiques expriment tout de même leurs doutes quant au résultat potentiel de l’ensemble de ces recherches : réussir à mettre au jour des bébés rhinocéros blancs du Nord ne garantit en rien leur bonne santé ni la possibilité de recréer une population en troupeaux.

 

Retrouvez Juliette Heuzebroc sur Twitter.

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