Le colibri est le seul oiseau capable de battre des ailes… à l’envers

Depuis des décennies, le vol multidirectionnel du plus petit oiseau du monde intrigue les biologistes. Des caméras haute vitesse commencent à en percer les secrets.

De Rédaction National Geographic
Dans une végétation dense, les colibris doivent contourner les branches des arbres et les plantes grimpantes. ...
Dans une végétation dense, les colibris doivent contourner les branches des arbres et les plantes grimpantes. Marc Badger (université de Californie à Berkeley) obtient ces acrobaties en laboratoire en faisant voler les oiseaux à travers de petites ouvertures – une situation reconstituée ici par le photographe. Pour se faufiler à travers une ouverture ovale, un colibri d’Anna se tourne de côté et adapte ses coups d’ailes pour éviter tout contact avec la cloison. Pour saisir l’action en une seule image, une lumière stroboscopique a clignoté trois fois pendant une exposition de 0,4 s.
PHOTOGRAPHIE DE Robert Dudley

Une équipe de biomécaniciens américains a fait une découverte étonnante : le colibri, cet oiseau pas plus gros qu’une amande, est capable de battre des ailes à l’envers.

Pendant longtemps, il a été difficile d’observer l’animal, qui peut peser moins de 2 g. Trop rapide, trop petit. Mais les scientifiques de l'université de Caroline du Nord ont trouvé la solution. Ils ont utilisé un ingénieux système de caméra à haute vitesse, qui filme 1 000 images par seconde, couplé à une technique d’imagerie à rayons X. Et ce qu’ils ont observé est fascinant : non seulement le colibri bat des ailes de haut en bas, comme les autres oiseaux, mais il lui arrive aussi d’effectuer le mouvement inverse, de bas en haut, accompagné d’une légère rotation. L’intérêt de cette technique, qui s’apparente plus au vol des insectes qu’à celui des autres volatiles ? Elle lui permet de voler vers l’arrière. Un plus par rapport aux grands oiseaux. Les pigeons, par exemple, ne peuvent brasser l'air que du haut vers le bas, le rejetant derrière eux, ce qui les contraint à se déplacer uniquement vers l'avant. Autre avantage : la rotation effectuée par ses ailes donne aussi au colibri la possibilité d’effectuer des vols stationnaires. Des chercheurs de l’université de Californie à Berkeley ont filmé l’oiseau puis l’ont observé au ralenti. Résultat : lorsqu’il fait du surplace, ses ailes se tournent à plus de 90° dans un sens puis repartent en sens inverse. Ce mouvement quasi symétrique produit de la portance aussi bien pendant les battements ascendants que descendants, ce qui lui permet de rester stable.

La morphologie particulière de ses ailes, les mouvements spécifiques qui en découlent, associés à un nombre exceptionnel de battements par seconde – jusqu’à 100 fois – expliquent son extrême rapidité. Une expérience menée en soufflerie par une équipe de l'université de Californie à Riverside montre que l'animal se déplace, en moyenne, à 56 km/h. Certains mâles enregistrent même des pointes à 97 km/h ! S'ils battent ces records c'est qu’ils effectuent des piqués acrobatiques pour impressionner les femelles, lors des parades nuptiales.

Mais quel est le secret du colibri pour éviter les obstacles à une telle vitesse ? Des facultés cérébrales extraordinaires. Dans son milieu naturel du continent américain, l'oiseau se déplace dans une végétation dense constituée d'arbres et de plantes grimpantes, qu’il doit contourner. Des scientifiques de l’université de Colombie-Britannique ont montré que ses capacités cérébrales lui permettent d’évaluer la hauteur des objets, même à grande vitesse. Proportionnellement à sa taille, son cerveau est l’un des plus gros du règne animal : il représente 4,2 % de son poids total.

Vidéo : le vol du colibri au ralenti

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