Les techniques de défense les plus insolites chez les insectes

Jets d’acides, mouvements synchronisés ou encore attaques kamikazes, certains insectes ont des méthodes de défense pour le moins originales.

De Morgane Joulin
Publication 18 avr. 2024, 14:32 CEST
Le coléoptère rhinocéros à cinq cornes (Eupatorus gracilicornis) intimide ses prédateurs avec sa longue corne centrale.

Le coléoptère rhinocéros à cinq cornes (Eupatorus gracilicornis) intimide ses prédateurs avec sa longue corne centrale. 

PHOTOGRAPHIE DE Marcel Derweduwen / Alamy Banque D'Images

Pour résister aux prédateurs, la nature a parfois des idées originales. Si moult agresseurs arrivent à détourner les techniques de défenses de leurs proies, certaines d’entre elles sont tellement surprenantes qu’elles s’avèrent redoutablement efficaces. 

Loin des stratégies d’évitement comme le mimétisme ou le camouflage, ces méthodes de défense sont souvent très agressives et laissent peu de chance au prédateur d’arriver à ses fins.

 

L’ATTAQUE À L’ACIDE DU COLÉOPTÈRE BOMBARDIER

Le coléoptère bombardier (pheropsophus jessoensis) de la famille des carabidés, déploie une méthode plutôt brutale. Celui-ci a la capacité de projeter un spray chimique chaud et nocif lorsqu’il est dérangé, généralement par des fourmis. Le spray est produit à partir d'une réaction entre plusieurs composés chimiques, l’hypergolique, l'hydroquinone et le peroxyde d'hydrogène. Ils sont stockés dans deux réservoirs situés dans l’abdomen du coléoptère. La chaleur de cette réaction amène le mélange près du point d’ébullition de l’eau et produit du gaz qui entraîne une éjection. Celle-ci avoisine les cent degrés, et est projetée à plus de dix mètres par seconde. Les dégâts provoqués peuvent être mortels pour les assaillants. 

L’attaque chimique du coléoptère bombardier est également très efficace dans des situations beaucoup plus périlleuses. Avalé par le crapaud Bufo japonicus, il peut projeter le liquide dans l'estomac de son prédateur, comme l’ont étudié des chercheurs de l'université de Kobe au Japon. L'insecte est régurgité dans 43 % des cas par le crapaud, qui peut s'en sortir sans dommages plus d'une heure après l'ingestion. 

 

LE REJET PAR MOUVEMENTS SYNCHRONISÉS

Certains insectes utilisent la force collective pour se défendre. C’est par exemple le cas des abeilles géantes (Apis Dorsata Binghami) qui vivent dans le sous-continent indien et que l’on trouve aussi en Chine et en Australie. Guy Theraulaz, Chercheur au CNRS au Centre de recherches sur la cognition animale, explique que « contrairement aux abeilles que l’on trouve en Europe, ces abeilles géantes construisent leurs nids principalement à l'air libre, dans des endroits très éloignés du sol, sur les branches d’arbres les plus hautes ou sous les surplombs des falaises. Et chaque colonie se compose d'un seul rayon vertical très grand, dont la surface peut parfois atteindre un mètre carré, et l’ensemble du rayon est généralement recouvert par une masse très dense d'abeilles sur plusieurs couches. »

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    Les abeilles géantes (Apis Dorsata Binghami) construisent leurs nids principalement à l'air libre, dans des endroits très éloignés du sol, sur les branches d’arbres les plus hautes ou sous les surplombs des falaises. 

    PHOTOGRAPHIE DE Cherdchai Chaivimol / Alamy Banque D'Images

    Ces abeilles, en cas d’attaque de frelons, ont développé une technique de défense collective que l’on nomme « scintillement » ou encore « ondulation de défense ». « Lorsqu’elles détectent l’approche d’un frelon, les abeilles de la couche externe ramènent brusquement leur abdomen vers le haut et elles le secouent de manière synchronisée », explique Guy Theraulaz. Ce comportement « se propage ensuite aux ouvrières les plus proches qui adoptent également la même posture, ce qui crée une onde à la fois visuelle et sonore sur la surface du rayon, qui ressemble un peu au mouvement d’une ola comme on peut parfois les observer dans des stades. » Plus le frelon s’approche du nid, et plus les mouvements synchronisés deviennent importants et fréquents. Cela fait généralement fuir le prédateur. 

    Certaines larves de tenthrèdes (Allantus cinctus et Endelomyia aethios), souvent appelées « fausses chenilles » car elles ne donnent pas de papillons et qu’elles appartiennent à la même famille que les guêpes (Hyménoptère), utilisent un mécanisme de défense similaire aux abeilles géantes. Vivant en colonies, elles se rassemblent généralement par douzaines sur une même branche ou sur le bord d'une même feuille. Lorsqu’elles se sentent menacées, elles effectuent des mouvements défensifs avec le ventre et produisent des vibrations. 

    « Les larves peuvent également gratter la surface de la feuille sur laquelle elles se trouvent grâce à des protubérances situées sur leur segment caudal ce qui produit un son stridulatoire. Ces sons peuvent également maintenir la cohésion du groupe de larves et l’aider à découvrir des feuilles fraîches », décrit Guy Theraulaz. Du fait de leur grégarité, « les secousses d'un seul individu peuvent être imitées par d’autres, conduisant à des "vagues" de secousses au sein du groupe et des mouvements synchronisés. » La synchronisation est donc liée à des informations à la fois visuelles et acoustiques, conclut l’expert.

    La méthode de défense de cet insecte ? Le mouvement synchronisé

     

    UNE DÉFENSE EXPLOSIVE

    Dans certains cas, l’issue est sans appel pour l’insecte attaqué. Il doit alors, dans un ultime râle, se sacrifier pour le groupe en explosant ! C’est le cas de Camponotus saundersi, une espèce de fourmi que l’on trouve en Malaisie et au Brunei, dans la canopée de la forêt tropicale. Certaines ouvrières se donnent la mort en explosant, principalement pour se défendre lors de combats territoriaux contre d'autres espèces de fourmis, comme les fourmis tisserandes Oecophylla smaragdina, mais également pour éviter d'être dévorée par ces mêmes fourmis ou araignées.

    Pour entreprendre cette attaque suicide, la fourmi possède deux glandes mandibulaires surdimensionnées et remplies de poison qui s'étendent sur tout son corps. Quand la bataille tourne mal, l’ouvrière contracte vigoureusement ses muscles abdominaux afin de rompre son abdomen au pli intersegmentaire et de briser les glandes mandibulaires. Elle émet ainsi une sécrétion collante dans toutes les directions, à partir de la partie antérieure de sa tête. Cette colle, corrosive et agissant comme un irritant chimique, a la capacité d'empêcher et de bloquer tous les assaillants qui se trouvent à proximité.

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