Trois requins-zèbres ont été filmés en plein accouplement : une première mondiale
Les scientifiques affirment que ces images offrent un aperçu inédit du comportement d’accouplement des requins et pourrait permettre de mieux les protéger.

Deux requins-zèbres mâles observés en train de s’accoupler avec une femelle sur un récif au large de Nouméa, en Nouvelle-Calédonie.
Peu d’espèces de requins ont déjà été filmées en train de s’accoupler. Alors, lorsque le biologiste marin Hugo Lassauce est tombé sur un trio de requins-zèbres copulant à la suite les uns des autres, il a su qu’il avait l’occasion de documenter quelque chose d’extraordinaire.
Les accouplements de requins déjà observés impliquaient des frénésies violentes où les mâles mordaient les femelles et se disputaient les meilleures positions. Mais Hugo Lassauce, chercheur à l’Université de la Sunshine Coast en Australie, a observé des interactions relativement calmes et douces entre trois requins-zèbres au large de l’île principale de la Nouvelle-Calédonie, dans le Pacifique Sud.
Cette espèce particulière de requins, également connue sous le nom de requin zèbre, n’avait jamais été filmée en train de s’accoupler auparavant, et la batterie de la GoPro du biologiste était faible, ce qui rendait la captation plus urgente encore. « J’étais tellement stressé parce que je voulais enregistrer cette scène de la meilleure manière possible. Je voulais capturer tous les détails biologiques », dit Hugo Lassauce.
Il observait la scène, le cœur battant, tandis que la femelle passait avec un mâle accroché à chaque nageoire. Les mâles se sont alors accouplés avec elle à tour de rôle, pendant 110 secondes en tout, ce qui est en réalité plutôt long pour un requin, avant de s’effondrer d’épuisement.
« La seconde où c’était terminé et où la femelle est partie à la nage, la batterie de ma GoPro est morte », se souvient Hugo Lassauce.
Cette brève liaison a offert aux scientifiques leur premier aperçu de la vie sexuelle de ces requins menacés. Dans une nouvelle étude publiée dans le Journal of Ethology, Hugo Lassauce et des scientifiques de l’Aquarium des Lagons de Nouvelle-Calédonie déclarent que les images de ce ménage à trois marin apportent des informations uniques sur le comportement reproductif de cette espèce et pourraient aider les conservationnistes qui tentent d’élever ces requins en captivité.
UN GRAND MYSTÈRE
La vie sexuelle de ces requins est un sujet que les scientifiques ont longtemps voulu comprendre. « C'était un grand mystère », reconnaît le biologiste. « Ce sont des requins que l’on peut voir sur des sites de plongée récréative où les gens plongent depuis des années, et pourtant personne ne les avait jamais filmés [en train de s’accoupler]. »
Bien qu’abondants à cet endroit, ces requins sont en danger de disparition. En raison de la surpêche et de la perte d’habitat, leur population a diminué de plus de 50 % au cours des 50 dernières années.
Hugo Lassauce affirme que les images qu’il a recueillies pourraient être utiles aux scientifiques qui tentent d’élever ces requins menacés en captivité. « Nous savons maintenant que les femelles ne s’accouplent pas seulement avec un seul mâle » ajoute-il.

Deux requins-zèbres mâles observés en train de s’accoupler avec une femelle sur un récif au large de Nouméa, en Nouvelle-Calédonie.
PROTÉGER LA PROCHAINE GÉNÉRATION
Dans l’article, les chercheurs ont également noté que l’endroit où les requins ont été observés en train de s’accoupler devrait être protégé en tant qu’habitat de reproduction essentiel.
« Si nous voulons donner à cette espèce menacée une véritable chance de se rétablir, nous devons protéger les lieux où peut naître la prochaine génération de requins », déclare Melissa Cristina Márquez, une scientifique indépendante spécialiste des requins qui n’a pas participé à la nouvelle étude.
« Comprendre ces moments privés nous aide non seulement à en apprendre davantage sur leurs stratégies reproductives, mais aussi à mettre en évidence les habitats qui nécessitent une protection », ajoute Melissa Cristina Márquez.
Bien que ces nouvelles images aient aidé les scientifiques comme Hugo Lassauce à déterminer où ces requins se reproduisent, l’endroit où ils pondent leurs œufs et où leurs jeunes passent leurs premières années reste un mystère. Cette découverte aidera les défenseurs de l’environnement à protéger les requins lorsqu’ils sont le plus vulnérables.
En attendant, Hugo Lassauce et ses collègues de l’Aquarium des Lagons continueront d’espionner ces requins dans l’espoir d’assurer leur avenir.
Cet article a initialement paru sur le site nationalgeographic.com en langue anglaise.
