Les marchés humides seraient le point de départ du coronavirus

Le marché aux fruits de mer de Huanan, situé à Wuhan en Chine, serait à l’origine de l’épidémie du COVID-19.

De Dina Fine Maron
Publication 17 avr. 2020, 16:59 CEST
Les marchés humides, comme celui de Macau ici en photo, abondent en Asie. Ils vendent des ...

Les marchés humides, comme celui de Macau ici en photo, abondent en Asie. Ils vendent des produits frais : légumes, fruits, poissons, viandes. La plupart de ces marchés ne vendent pas d’espèces sauvages mais il y a souvent confusion entre marché humide et marché d’animaux sauvages.

PHOTOGRAPHIE DE Anthony Kwan, Getty

L’appellation « marché humide » était presque totalement inconnue du grand public avant le début de l’année. C’est la pandémie du coronavirus qui l'a exposée au grand jour. Le marché aux fruits de mer de Huanan, situé à Wuhan en Chine serait à l’origine de l’épidémie du COVID-19.

Les marchés humides, présents aux quatre coins du monde, ressemblent aux marchés de producteurs. On y trouve des étals en plein air où les marchands exposent fruits de mer, viandes, fruits et légumes frais. Dans certains marchés humides, les animaux vivants – poulets, poissons et crustacés – sont abattus sur place puis vendus. Pour nombre de personnes en Chine, ces aliments incontournables sont consommés au quotidien.

Plus rarement, les marchés humides vendent des animaux sauvages ou leur viande. Le marché de Huanan par exemple comprenait une section espèces sauvages où se vendaient des animaux sur pied ou abattus : des serpents, des castors, des porcs-épics et des bébés crocodiles, entre autres.

Pourquoi les qualifie-t-on de marchés « humides » ? Une théorie attribue ce terme aux grandes quantités de liquides qu’on retrouve sur place : des poissons vivants se débattent dans des bacs d’eau, de la glace fond pour garder la viande au frais et les entrailles des animaux abattus souillent les sols. Une autre théorie suppose que les marchés proposent des produits périssables (donc humides) au lieu de denrées sèches et durables.

 

DIFFÉRENCES ENTRE MARCHÉ HUMIDE ET MARCHÉ D’ESPÈCES SAUVAGES

La plupart des marchés humides ne vendent pas d’espèces sauvages. Cependant, il y a souvent confusion entre les termes « marché humide » et « marché d’animaux sauvages », affirme Aron White, spécialiste de la Chine à l’Environmental Investigation Agency, une organisation à but non lucratif basée à Londres.

Les marchés d’animaux sauvages sont également présents partout dans le monde. On y vend spécifiquement des espèces sauvages comme animaux de compagnie ou pour leur viande. Les marchés peuvent être légaux, bien qu’ils vendent parfois des espèces illégales. On ignore combien de marchés d’animaux sauvages il existe en Chine ou ailleurs. Selon White, le commerce se fait en grande partie en ligne, ce qui rend le suivi encore plus difficile.

En mars dernier, le World Wildlife Fund a voulu prendre l’avis des habitants d’Asie du Sud-Est sur les marchés d’espèces sauvages. Les résultats ont été publiés le 7 avril. L’enquête, menée auprès de 5 000 personnes à Hong Kong, au Japon, au Myanmar, en Thaïlande et au Vietnam, montre que 93 % des personnes interrogées soutiennent l’action de leurs gouvernements pour éliminer les marchés illégaux et non réglementés d’espèces sauvages.

La viande d’animaux sauvages, également appelée viande de brousse, est vendue sur les marchés locaux dans plusieurs régions comme l’Inde, l’Amérique latine et l’Afrique. Le terme désigne les restes d’animaux capturés dans les forêts et les savanes en Afrique mais on l’utilise couramment pour parler de tout genre de viande provenant d’un animal sauvage.

 

LA CHINE A-T-ELLE FERMÉ SES MARCHÉS HUMIDES ?

Pendant la pandémie du coronavirus, il y a souvent confusion entre « marchés humides » et « marchés d’animaux sauvages ». Certains sénateurs américains ont demandé publiquement la fermeture des marchés humides. La Chine a même été mise au pilori sous prétexte qu’elle continuait à les autoriser.

La Chine n’a jamais ordonné la fermeture de ses marchés humides qui comprennent des denrées alimentaires à prix abordables et constituent des moyens de subsistance pour nombre de personnes.

En revanche, le pays a officiellement interdit le commerce et la consommation d’animaux sauvages le 26 janvier dernier. À partir du 1er janvier, le gouvernement a temporairement fermé le marché de Huanan, identifié comme source potentielle des premières infections au COVID-19. Le marché reste fermé à ce jour selon Xu Ling, directeur du bureau chinois de TRAFFIC, le réseau mondial de surveillance du commerce des espèces sauvages.

Début janvier, les autorités chinoises ont fermé le marché aux fruits de mer de Huanan où les premiers cas de COVID-19 se seraient manifestés. Le marché vend des produits frais et des fruits de mer, ainsi que des animaux sauvages abattus pour leur viande. Le marché n’a toujours pas rouvert ses portes.

PHOTOGRAPHIE DE Hector Retamal, AFP, Getty

Les restrictions sont progressivement levées en Chine et certains marchés humides auraient repris leurs activités mais sans animaux sauvages.

Au 14 avril 2020, la Chine n’a toujours pas interdit la vente d’espèces sauvages comme animaux de compagnie, pour la médecine traditionnelle ou encore à des fins décoratives.

 

LES RISQUES LIÉS À LA CONSOMMATION D’ANIMAUX SAUVAGES

Nombre de maladies se sont manifestées chez l’homme suite à un contact rapproché avec des animaux sauvages comme l’Ebola et le VIH

Acheter, vendre et abattre des animaux sauvages pour en consommer la viande peut favoriser la transmission d’une maladie d’origine animale à l’être humain. Les virus peuvent se propager plus rapidement si les animaux proposés sur les marchés sont malades, gardés dans des endroits insalubres ou empilés dans des cages. Les agents pathogènes viraux peuvent alors s’entremêler, s’échanger une partie de leur code génétique et parfois muter de manière à être plus transmissibles entre les espèces. Dans le cas de maladies respiratoires comme le COVID-19, commerçants et clients peuvent contracter le virus rien qu’en s’exposant aux liquides organiques de l’animal.

D’autres formes de commerce d’espèces sauvages présentent également des risques. Citons à titre d’exemple l’industrie des animaux exotiques ou l’utilisation de leurs organes pour fabriquer des remèdes traditionnels ou à des fins décoratives comme les tapis et les sculptures. Ces animaux peuvent être porteurs de virus et infecter conditionneurs et consommateurs. En août 2007 par exemple, un fabricant de tambours et son fils ont contracté la maladie du charbon dans le Connecticut après avoir importé une peau de chèvre en provenance de la Guinée qui transportait des spores de Bacillus anthracis. De plus, une personne peut tomber malade si elle a un animal de compagnie sauvage comme la tortue qui peut transporter la bactérie salmonella.

 

Wildlife Watch est un projet d'articles d'investigation commun à la National Geographic Society et à National Geographic Partners. Ce projet s'intéresse à l'exploitation et à la criminalité liées aux espèces sauvages. Retrouvez d'autres articles de Wildlife Watch à cette adresse et découvrez les missions à but non lucratif de la National Geographic Society ici. N'hésitez pas à nous envoyer vos conseils et vos idées d'articles et à nous faire part de vos impressions à l'adresse ngwildlife@natgeo.com.

Cet article a initialement paru sur le site nationalgeographic.com en langue anglaise.

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