Les Maldives menacées par la montée des eaux

Véritable paradis sur Terre, les Maldives occupent une place de choix dans les catalogues touristiques du monde entier. Mais pour combien de temps encore ?

De Arnaud Sacleux
Les bungalows sur pilotis sont installés au-dessus d'un lagon vert aux Maldives.
PHOTOGRAPHIE DE Martin Valigursky, Getty Images, National Geographic

« Ne soyons pas naïfs et préparons-nous au scénario du pire. » Ces mots, prononcés par l’ancien ministre de l’environnement maldivien Mohamed Aslam, faisaient référence à l'engloutissement à venir de l'archipel. Une déclaration inquiétante pourtant fondée : les travaux du Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat tendent à prouver qu'une partie des espaces insulaires ne résisteront pas à la montée du niveau de la mer.

Les Maldives sont un archipel composé de 1 192 îles dont 200 sont habitées. En raison de leur cadre idyllique, elles sont une destination très prisée des voyageurs du monde entier ; le tourisme y représente 40 % du PIB. Seulement, pour ces îles, l’avenir est incertain. La configuration de l’archipel, notamment sa faible altitude avec 80 % de ses terres à moins d’un mètre au-dessus du niveau de la mer, et l'exiguïté de ses îlots dont 96 % ont une superficie inférieure à 1 km2, en fait une des zones les plus vulnérables à la montée des eaux. Depuis 20 ans, l'archipel vit au rythme de catastrophes climatiques. En décembre 2004, un tsunami avait fait une centaine de disparus, détruit deux îles et provoqué l'évacuation de six autres.

 

ET LE TOURISME RESPONSABLE ?

« Le problème du réchauffement climatique, ce n'est pas tant la montée des eaux que la mort des coraux » estime Thomas Leber, expert d'un bureau d'études environnementales. Les Maldives abritent près de 3 % des récifs coralliens du monde, très fragilisé par l'acidification des océans provoquée par les émissions de gaz à effet de serre et certaines pratiques de pêche.

Depuis 2008, le tourisme haut de gamme s'accompagne d'un tourisme de masse encouragé par l'État, et l'industrie touristique ne boude pas cette opportunité : les brèches ouvertes à l'explosif dans le récif corallien détruisent cet écosystème. Pourtant, pour Shiham Adam, directeur du Centre de recherche sur la mer, c’est simple : « s'il n'y a plus de coraux, il n'y a plus d'îles. »

 

« GRIMPER AUX COCOTIERS EST NOTRE SEUL RECOURS »

C’est le constat ironique d’Ahmed Abdullah Saeed, rédacteur en chef du journal maldivien Haveeru Daily. Dans l’absolu, les habitants n’ont pas de refuge en cas d’engloutissement des îles. Cependant, le gouvernement n’envisage plus l'exil de sa population en cas de montée du niveau de la mer et des solutions existent. Les bénéfices perçus grâce au tourisme sont par exemple réinjectés dans la construction d'îlots artificiels.

La location d’îles à l’Arabie Saoudite est également envisagée et devrait permettre aux maldiviens de trouver une terre d’accueil en cas de crise. Enfin, certains écologistes maldiviens espèrent l’accroissement naturel des terres immergées en s’appuyant sur une étude de 2015.

Si ces solutions sont viables à court terme, le risque de voir un jour les Maldiviens devenir réfugiés climatiques est bien réel.

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