Climat : d’ici 2050, Paris aura aussi chaud que Canberra

Dans 30 ans, le changement climatique sera tel que les conditions climatiques de plus de 77 % des grandes villes du monde seront bouleversées ; il fera aussi chaud à Paris que dans le sud de l’Australie.

De Arnaud Sacleux
Les scientifiques de l'université de Zurich se sont basés sur 19 variables, appliquées à 520 grandes ...
Les scientifiques de l'université de Zurich se sont basés sur 19 variables, appliquées à 520 grandes villes mondiales ; dans plus de 77 % d'entre elles, le climat va changer radicalement. en 2050, certaines villes du nord auront les conditions climatiques actuelles de villes situées à 1 000 km plus au sud.
PHOTOGRAPHIE DE neirfy, getty images via istock

Les chercheurs de l’Université ETH de Zurich qui ont mené l'étude parue dans la revue PLOS ONE font état de la situation climatique mondiale dans 30 ans, au travers d’un scénario « optimiste ». Selon eux, si Londres est une ville où le climat est plutôt froid, celui-ci ressemblera davantage au climat actuel de Madrid. Les changements pourraient être encore plus radicaux dans les régions tropicales où les grandes villes comme Kuala Lumpur, Jakarta ou encore Singapour subiront de plus en plus d'événements météorologiques extrêmes.

 

520 VILLES ÉTUDIÉES

Les chercheurs de l’Université de Zurich ont étudié le climat de 520 grandes villes à travers le monde. « Par grandes villes, nous entendons les capitales administratives ou celles qui comptent plus d'un million d’habitants » précise Jean-François Bastin, l’un des principaux auteurs de l’étude. Dix-neuf variables bioclimatiques ont été prises en compte pour réaliser ces prévisions, comme les températures ou le taux de précipitations.

Les résultats indiquent que les températures tendent vers une saisonnalité moins importante. « Nous observons des températures maximales et minimales plus élevées pendant l'année, ainsi que des précipitations plus importantes les mois les plus humides et des précipitations plus faibles lors des mois les plus secs. » Les villes se trouvant au niveau de la zone de l’équateur subiront quant à elles plus de sécheresses et de pluie à défaut de voir augmenter leur température et l’Europe pourrait connaître des étés plus chauds de 3,5°C et des hivers plus chauds également de 4°C en moyenne.

Ces estimations s’appuient, selon les scientifiques, sur les modèles les plus « optimistes ». Un scénario qui suppose que les émissions de CO2 par exemple se seront stabilisées d’ici 30 ans, limitant le réchauffement global à 1,4°C. Qu’est-ce que cela signifie ? En 2050, les grandes villes du nord rassembleront les conditions climatiques que connaissent aujourd’hui certaines grandes villes situées 1 000 km plus au sud. « Il n’y a rien de nouveau d’un point de vue technique dans cette étude » précise Jean-François Bastin. « Nous avons voulu utiliser ces équivalences de villes pour donner un aspect un peu plus concret au changement climatique. Moi-même, quand on me dit que les conditions vont changer de l’ordre de 1 à 2 degrés, je sais que c’est grave mais j’ai du mal à me rendre compte des conséquences qui s’en suivront. »

 

REBOISER, UNE DES SOLUTIONS PLAUSIBLES

Cette étude est une nouvelle alerte sur les effets moyen terme du réchauffement climatique qui frappe notre planète et dont les conséquences vont bien au-delà de ces degrés supplémentaires ; les scientifiques ont corrélé à cela l’augmentation de l’intensité des ouragans par exemple, la disparition de nombreuses espèces, notamment polaires et bien d’autres.

Les scientifiques ont donc dressé un bilan à la fois « optimiste » de notre climat, de par le scénario qu’elle a pris en compte mais aussi et surtout pessimiste quant à la réalité et la globalité du changement climatique. Les Nations-Unies avaient d’ailleurs rédigé un rapport précisant que les engagements actuels pris dans le cadre de l’Accord de Paris ne suffiront pas à limiter le réchauffement climatique à deux degrés au-dessus du niveau préindustriel, la faute notamment aux émissions massives de CO2.

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    Il convient d’apporter et de proposer également des solutions pour espérer inverser la tendance ou, tout au plus, la stabiliser. Selon une étude récemment parue dans la revue Science, dont Jean-François Bastin est également l’un des principaux auteurs, la restauration des terres forestières à l'échelle mondiale pourrait aider à capter le carbone atmosphérique et à atténuer les effets du changement climatique. Après avoir examiné près de 80 000 photos satellite d’espaces protégés, les scientifiques à l’origine de cette étude se sont posés la question du nombre potentiel d’hectares reboisés supplémentaires qu’il pourrait exister, en dehors des forêts existantes et des terres agricoles et urbaines.

    Les écosystèmes pourraient accueillir 0,9 milliard d’hectares de forêts en plus. Une augmentation de plus de 25 % de la superficie forestière totale qui représenterait plus de 500 milliards d’arbres en plus. Une telle croissance des surfaces boisées dans le monde pourrait potentiellement, selon l’étude, réduire le réservoir de carbone atmosphérique d'environ 25 %. Pour cela, il est impératif d’agir rapidement ; d’ici 2050, 223 millions d’hectares de plus pourraient être déboisés.

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