Les conseils d'un astronaute pour vivre au mieux son confinement

Chris Cassidy est sur le point de passer six mois à bord de la Station spatiale internationale (ISS). Vivre confiné dans un petit espace ? Il sait ce que c'est !

De Michael Greshko
Publication 25 mars 2020, 10:15 CET
En août 2013, l’astronaute de la NASA Chris Cassidy regarde à travers la coupole d’observation panoramique ...
En août 2013, l’astronaute de la NASA Chris Cassidy regarde à travers la coupole d’observation panoramique de la Station spatiale internationale. Il est l'ingénieur de vol de l’Expédition 36, une mission de longue durée.
PHOTOGRAPHIE DE NASA

Bientôt, Chris Cassidy sera mis en quarantaine. Rien de plus habituel pour un astronaute de la NASA qui s’envole à destination de la Station spatiale internationale. Deux semaines de confinement sont toujours imposées aux astronautes avant leur départ pour s’assurer qu’ils ne sont pas porteurs de germes, une démarche que la NASA qualifie de « stabilisation de l’état de santé ». Pour plus de sûreté, l’agence spatiale a également fait part de son intention d’effectuer un test de dépistage au COVID-19 sur Cassidy et les membres de la mission habitée avant leur départ.

Le 9 avril, Cassidy, ancien soldat de la marine américaine, rejoindra la Station spatiale internationale à bord du Soyouz, accompagné des cosmonautes Anatoli Ivanishin et Ivan Vagner. Le trio cohabitera pendant six mois dans le cadre de l’Expédition 63, dirigée par Cassidy. Cette mission est le troisième voyage dans l’espace de Cassidy. Entre une sortie à bord d’une navette spatiale en 2009 et un séjour sur l’ISS en 2013, il compte, à son actif, 182 jours en orbite.

Lors d’un entretien téléphonique depuis Star City, en Russie, où Cassidy prépare son départ, l’astronaute évoque la mission à venir, ainsi que l’incidence d’une pandémie comme le COVID-19 sur son séjour dans le laboratoire orbital.

 

C’est la première fois que vous vous envolez pour la Station spatiale internationale depuis 2013. Qu'est-ce qui vous enchante le plus ?

J’ai hâte de revoir des visages familiers qui flottent à travers la trappe, et de serrer Drew et Jessica [les astronautes de la NASA Andrew Morgan et Jessica Meir] dans mes bras. Ces émotions que vous voyez à la télé, les sourires, les éclats de rire, tout ça, c’est bien réel. Nous sommes des amis et des collègues mais, avant tout, nous sommes des êtres humains. Nous partageons ensemble de super moments. Les premières heures, c’est ce qu’il y a de plus magique, j’ai tellement hâte de revivre ça.

C’est toujours merveilleux de regarder à travers le hublot bien sûr mais le temps de transfert est limité [avant que Morgan et Meir ne retournent sur Terre]. Je veux profiter autant que possible de leur expérience avant qu’ils ne s’envolent quelques jours plus tard.

 

Compte tenu de l’épidémie de COVID-19, je suppose qu’il est difficile à l'heure actuelle de préparer son départ. À quels défis vos collègues et vous devez faire face ?

Curieusement, rien n’a changé côté préparatifs. Pour nous, le confinement ressemble beaucoup à ce que nous avons l’habitude de faire, à la seule différence, aujourd’hui, que le reste du monde l’est aussi. C’est ça qui est étrange. La distanciation sociale n’est plus le propre de trois membres de l’équipage, elle concerne tout le monde.

L’autre défi se situe plutôt sur le plan du soutien moral et logistique. Lever l’incertitude qui entoure la présence de ceux qui assistent généralement au départ : famille, amis, personnel de soutien de la NASA. Autant de facteurs changeants que vous vivez sans doute aussi depuis sept jours.

 

En raison de la distanciation sociale, un très grand nombre de personnes sont obligées de travailler à domicile pour la première fois. La Station spatiale internationale est incontestablement l’environnement de travail à domicile le plus extrême qui soit, sur Terre et aux environs de celle-ci. Des astuces à partager ?

(rires) Je pense que le plus important est d’instaurer une certaine routine. De toute façon, nous n’avons pas le choix. C’est le centre de contrôle qui nous en impose une. J’ai également vécu ça lors de déploiements militaires. Lorsque l’activité opérationnelle connaît des périodes d’accalmie, il est important pour le groupe de conserver une espèce de routine.

Si on décide à flâner au lit jusqu’à onze heures et de ne pas se brosser les cheveux ou les dents, non seulement on aura une sale tête mais on se sentira mal aussi. On risque même d’être pris au piège dans ce cercle vicieux. Les amis, il est donc important de maintenir une petite routine quotidienne du lundi au vendredi.

 

Vous serez dans l’ISS jusqu’en octobre. Quelles pensées vous traversent l’esprit ? Comment allez-vous gérer la déconnexion totale avec la Terre ?

Tout pousse à croire que lorsque je regagnerai la Terre en octobre, la pandémie ne sera plus – je touche du bois – qu’un mauvais souvenir. Tout le monde essaiera de retrouver un train de vie normal, comme au cours des mois qui ont suivi les événements du 11 septembre. Il a fallu du temps mais finalement la vie a petit à petit repris son cours normal ou, du moins, une nouvelle normalité instaurée par les circonstances.

Cette aventure qui s'étendra sur deux saisons entières sera pour moi des plus enrichissantes. Je serai certes très occupé. Je passerai le plus clair de mon temps seul sur l’ISS et aurai, je l’espère, la chance d’accueillir à bord Doug Hurley et Bob Behnken, mes collègues de la mission SpaceX [Crew Dragon]. Je serai donc très pris et aurai de quoi m’occuper l’esprit. Je vais cependant continuer de communiquer  avec ma famille et mes amis. Je vivrai par procuration à travers eux.

Loin de moi l’idée de me déconnecter du réel en me disant que ce n’est pas mon problème. C’est le quotidien de ma famille, de mes amis et de mes collègues.

 

Cet article a initialement paru sur le site nationalgeographic.com en langue anglaise.

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