D'étranges sépultures de pêcheurs de requins ont été mises au jour au Pérou

Les archéologues ignorent encore pourquoi les restes humains vieux de 1 900 ans ont été ensevelis avec des ossements supplémentaires — l'un des hommes découverts a ainsi été enterré avec trois jambes gauches.

De Kristin Romey
Publication 23 avr. 2018, 16:55 CEST
Cette ancienne sépulture a surpris les archéologues : deux jambes gauches supplémentaires ont été enterrées le ...
Cette ancienne sépulture a surpris les archéologues : deux jambes gauches supplémentaires ont été enterrées le long du corps.
PHOTOGRAPHIE DE Gabriel Prieto

Des douzaines de sépultures pour le moins singulières ont été mises au jour sur la côte nord du Pérou. Nombre d'entre elles semblent contenir des objets métalliques précieux, des pots en céramique et, dans certains cas, des restes humains en trop grand nombre pour le nombre de cadavres.

Selon Victor Campaña, directeur actuel du projet Las Lomas Rescue Project, plus de 50 sépultures appartenant au peuple Virú ont été découvertes dans la ville de Huanchaco, à 11 kilomètres au nord de la capitale régionale de Trujillo.

Les sépultures ont été découvertes lors de fouilles récentes effectuées avant les travaux d'infrastructure d'eau et d'égouts prévus dans la petite ville balnéaire.

La culture méconnue des Virú, qui tirent leur nom de la vallée de Virú qui s'étend de la cordillère des Andes au Pacifique, a prospéré dans la région entre 100 et 750, avant que les Moche ne prennent le contrôle de la région. Les fouilles de Campaña ont révélé l'existence d'une petite colonie côtière avec les sépultures.

« C'était un petit village de pêcheurs très structuré », dit-il.

La complexité est d'autant plus révélée par la multiplication des sépultures, ajoute Campaña, notant qu'au moins 30 des 54 sépultures présentent non seulement des squelettes complets mais aussi des membres additionnels, notamment des bras et des jambes. L'un des adultes a notamment été enseveli intact, mais avec deux jambes gauches additionnelles. 

Un singe s'accroche à la poignée de ce pot Virú, mis au jour dans l'une des sépultures.
PHOTOGRAPHIE DE Gabriel Prieto

Bien qu'une analyse scientifique soit nécessaire pour déterminer l'âge et le sexe des sépultures, une étude préliminaire indique que de nombreux vestiges montrent des signes de traumatisme, y compris des marques de coupures et des blessures contondantes. Les personnes ayant subi un traumatisme sont aussi plus susceptibles d'avoir été ensevelies avec des membres supplémentaires, indique Campaña.

Les sépultures Moche, plus récentes, comportaient des individus enterrés avec des membres manquants, ou accompagnés de victimes sacrificielles dont le squelette était complet, note Gabriel Prieto, directeur scientifique d'un projet similaire à Huanchaco. Cependant, la pratique consistant à enterrer les morts avec des parties de corps supplémentaires est « vraiment propre aux Virú », dit-il.

Une pratique funéraire similaire a été constatée au début des années 2000 - à un niveau bien inférieur que sur le site de Virú - sur le site d'El Castillo Santa, situé au sud Trujillo.

Les archéologues ne peuvent que spéculer quant à cette macabre mise en scène. L'une des hypothèses est que les membres supplémentaires ont pu servir d'offrandes pour accompagner les défunts dans l'autre vie. Des analyses complémentaires en laboratoire détermineront s'il y avait un lien existant de quelque sorte que ce soit entre les individus enterrés et les propriétaires des membres supplémentaires.

 

UNE TRADITION DE PÊCHEURS

Les sépultures Virú donnent aussi à voir des biens divers, incluant des céramiques décorées de visages humains et d'animaux, des bijoux, des morceaux de cuivre placés dans la bouche ou dans les mains des défunts. Parmi les découvertes les plus intéressantes de Campaña, on trouve un poisson en cuivre de 2.5 centimètres enveloppé dans une feuille d'or.

La taille des harpons correspond à la pêche de gros poissons et de requins, une pratique dont la tradition remonte aux civilisations pré-colombiennes sur la côte nord du Pérou.

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    Ce grand crochet de cuivre, avec une feuille d'or enroulée autour de la hampe, témoigne de l'héritage de la tradition de pêche dans la région.
    PHOTOGRAPHIE DE Gabriel Prieto

    En 2010, Prieto a mis au jour un temple de 3 500 ans utilisé par les pêcheurs de requins dans la région de Huanchaco. Les preuves de l'existence ancienne de caballitos de Totora, bateaux de roseaux encore utilisés par les pêcheurs de Huanchaco à ce jour, remontent à au moins quatre millénaires.

    José Ruiz Vega, maire du district de Huanchaco, se dit fier d'être à la tête de l'une des dernières villes du Pérou riche d'une ancienne tradition de pêche, inchangée depuis des milliers d'années.

    Il espère par ailleurs créer un centre archéologique qui mettra en évidence les découvertes récentes et future faites dans la région.

    « Un musée pour Huanchaco représenterait non seulement une opportunité économique, puisqu'il attirerait de nombreux touristes », a indiqué le maire, « mais aussi une institution importante pour éduquer notre peuple et lui montrer les trésors incroyables qui se trouvent littéralement sous leurs maisons. »

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