Archéologie : un peigne de 1000 ans raconte les débuts de l'alphabet viking

Un peigne vieux de 1 000 ans portant l'inscription du mot "peigne" récemment découvert au Danemark pourrait être un précieux indice sur l'origine de l'alphabet viking.

De Sarah Gibbens
Un acteur participe à la recréation d'une scène de bataille viking, en Pologne.
Un acteur participe à la recréation d'une scène de bataille viking, en Pologne.
PHOTOGRAPHIE DE David Guttenfelder, National Geographic Creative

Personne n'a sans doute été aussi exalté par la découverte d'un peigne que l'archéologue danois Søren Sindbæk. Lui et son équipe d'archéologues de l'université d'Aarhus en ont récemment sorti un de terre dans l'un des sites vikings les plus connus du monde, la ville de Ribe au Danemark.

Encore plus exaltant, la découverte d'inscriptions sur le peigne, portant le mot "peigne" d'un côté et "se peigner" de l'autre.

Pour quiconque n'étant pas un archéologue de carrière ou un passionné de l'histoire des Vikings, cette découverte peut sembler triviale, mais elle est en réalité fondamentale pour comprendre un peu mieux la formation de l'alphabet viking et donc la place prépondérante qu'ont un jour occupé les Vikings en Europe.

Pour comprendre pourquoi le peigne revêt tant d'importance pour la communauté scientifique, il faut remonter à la fin du 8e siècle, période critique dans l'ère viking. À l'aube de la domination viking, qui commença un peu avant l'an 800, les langues locales avaient déjà connu des centaines d'années d'évolution.

 

Puis assez soudainement, l'alphabet a changé. L'alphabet runique, alphabet utilisé pour l'écriture de langues germaniques par des peuples parlant ces langues, tels les Scandinaves, les Frisons et les Anglo-Saxons, s'est uniformisé pour mieux correspondre à l'évolution langagière.

Les nouvelles lignes, longues et verticales, étaient faciles à graver dans le bois ou la pierre, comme le rappelle Søren Sindbæk.

« Nous ne savons pas pourquoi et quand le changement s'est produit, » dit-il du nouvel alphabet alors utilisé. « Cela ne semble pas graduel. » Le nouvel alphabet a donc vraisemblablement été créé par une personne ou une institution puis a été disséminé. Mais pourquoi, quand et par qui ? Les archéologues demeurent réservés sur ces questions.

 

COMME UNE TRAINÉE DE POUDRE

Une fois le nouvel alphabet runique adopté, les régions d'Europe sous contrôle Viking ont toutes utilisé une méthode d'écriture uniforme, facilitant ainsi le commerce et les échanges.

Que le peigne porte l'inscription de sa désignation en alphabet runique indique une adoption rapide du dit alphabet, toujours selon Søren Sindbæk. « Il y a un mécanisme de redondance, » dit-il en désignant les lettres inscrites sur le peigne. « On affublait les objets les plus communs de leur désignation en toutes lettres. »

Henrik Williams de l'université d'Uppsala, en Suède, a lui aussi beaucoup étudié l'alphabet runique. Son point de vue sur l'inscription gravée sur le peigne diffère de celle de Sindbæk. Il pense que cela pouvait être à destination des personnes atteintes de troubles mentaux comme la démence ou à destination des enfants apprenant à lire.

« Il n'y avait alors pas d'école, l'apprentissage de la lecture et de l'écriture à un enfant pouvait être fait par l'inscription des noms des objets de la vie de tous les jours précisément sur ceux-ci, » explique-t-il. « Toutes ces explications ne sont que des hypothèses, mais chaque découverte est une nouvelle pièce du puzzle. »

 

D'AUTRES ARTEFACTS

En plus du peigne, l'équipe de chercheurs de l'université d'Aarhus a mis au jour un plateau fait d'ivoire et de bois. Lui aussi porte des inscriptions runiques, mais l'objet était trop fragmenté pour former une suite de mots intelligible. L'équipe d'excavation émet l'hypothèse que l'inscription lisible puisse désigner un nom viking assez commun : Tobi. Les matériaux et la gravure indiquent que le plateau a été attaché à une boite ou un cercueil dans le respect d'un rite funéraire.

Les objets marqués de l'alphabet runique comptent parmi les multiples artefacts mis au jour à Ribe, la plus ancienne ville de Scandinavie et premier camp viking connu. Deux autres artefacts, un outil en fer et un crâne portant l'inscription d'Odin, dieu principal de la mythologie nordique, avaient été ainsi excavés l'année dernière sur le même site. 

Des moules de fabrication mis au jour l'an dernier sur le site correspondent à des objets en métal découverts un peu partout en Europe. Pour Sindbæk, cela signifie que Ribe jouait un rôle central dans l'expansion du modèle viking.

Les excavations sont toujours en cours, dans le cadre d'un projet d'un an visant à en savoir davantage sur la ville antique.

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