Comment la reine Victoria a transformé la monarchie britannique

Lorsqu'elle accéda au trône, nombreux étaient ceux souhaitant remplacer la monarchie par une république. Mais la reine Victoria sut transformer la monarchie britannique et mener des réformes aussi ambitieuses que nécessaires.

De Erin Blakemore
Publication 6 avr. 2021, 12:17 CEST, Mise à jour 6 avr. 2021, 17:00 CEST

Portrait de la reine Victoria.

PHOTOGRAPHIE DE Hi-Story, Alamy

La reine famine. La veuve de Windsor. La grand-mère de l'Europe. Au 19e siècle, tous ces surnoms - et bien d'autres encore - furent donnés à la reine Victoria. Témoignages s'il en est de l'influence durable de son long règne de soixante-quatre ans (1837-1901) à la tête de l'Empire britannique.

Au cours de la période aujourd'hui désignée comme l'ère victorienne, elle supervisa l'expansion industrielle, sociale et territoriale de la Grande-Bretagne. Une pionnière qui transforma durablement la monarchie britannique et l'attitude générale de l'Europe envers la monarchie. On estime qu'une personne sur quatre sur Terre était un sujet de l'Empire britannique à la fin de son règne. Mais lorsque Victoria accéda au trône, la monarchie britannique était profondément impopulaire.

 

ACCESSION AU TRÔNE

Victoria est née pour ainsi dire d'une crise de succession dans la famille royale d'Angleterre. Charlotte, Princesse de Galles, seule et unique petit-fille du roi George III, aurait dû devenir reine d’Angleterre, mais elle mourut en couches en novembre 1817.

Après sa mort, les frères de Geroge IV, le père de Charlotte - qui étaient tous célibataires, sans enfants et à la réputation de vivre dans l'excès, se précipitèrent pour donner un héritier à la couronne. L'un d'eux, Edward, épousa à la hâte une princesse allemande veuve et devint le premier à avoir un héritier. Ou plutôt une héritière. Née le 24 mai 1819, Alexandrina Victoria devint par naissance première dans l'ordre de succession et l'héritière du trône d'Angleterre.

Elle eut une enfance bien morne. Le père de Victoria mourut alors qu'elle n'était encore qu'une enfant, et sa mère, ambitieuse, s'allia à l'intrigant Sir John Conroy, un membre de la maison royale qui cherchait à exercer son influence sur la future reine. Il créa le « système de Kensington », un ensemble de règles strictes et élaborées qui isolèrent la jeune princesse dans le palais de Kensington. Conçues par Conroy et sa mère pour exercer une influence pérenne sur Victoria, ces règles n'eurent d'autres effets que de rendre la jeune fille malheureuse et de nourrir chez elle un ressentiment croissant.

En 1837, Victoria eut 18 ans et accéda au trône. Devenue reine, elle bannit Conroy de sa cour et marginalisa sa mère. En 1840, elle épousa Albert de Saxe-Cobourg-Gotha, un prince allemand. C'était un véritable mariage d'amour - elle écrivit que sa nuit de noces était « un bonheur au-delà de toute croyance ». Ils eurent ensemble neuf enfants.

1854 : la Reine Victoria (1819 - 1901) et le Prince Albert (1819 - 1861), cinq ans après leur mariage.

PHOTOGRAPHIE DE Roger Fenton, Getty

 

DES PREMIÈRES ANNÉES DE RÈGNE...

Au début de son règne, Victoria fut fortement influencée par Lord Melbourne, alors Premier ministre, et Albert, qui était son conseiller politique le plus proche et que certains historiens décrivent comme ayant été « roi en tout sauf en nom ». Ensemble, ils mirent en œuvre un programme de modernisation du pays à une époque de grands bouleversements politiques. La réputation de la monarchie avait été gravement entâchée par les prédécesseurs de Victoria et nombreux étaient ceux qui souhaitaient la mise en place d'une république. En Irlande, où la Grande famine fit rage de 1845 à 1852, on fomenta une rébellion pure et simple.

Avec son époux à ses côtés, Victoria affronta les défis de son temps de front, s'efforçant de renforcer la position de la monarchie en Angleterre et dans toute l'Europe, où l'on constatait une défiance croissante envers la monarchie. Victoria élargit le rôle public du monarque, soutenant des organismes de bienfaisance, les arts et la réforme civique pour contrer l'idée que la royauté britannique n'était qu'une source de dépenses. En conséquence, la reine et sa famille nombreuse devinrent des célébrités et influencèrent la culture populaire, imposant les robes de mariée blanches et même les arbres de Noël.

En 1861, Albert mourut à l'âge de quarante-deux ans. Victoria, accablée de chagrin, plongea dans un deuil sans fin. Elle porta le noir pour le reste de sa vie et se retira de la vie publique pendant des années. Le mouvement républicain se développa pendant son isolement et elle fut vivement critiquée pour son absence de la vie publique.

 

... AU CRÉPUSCULE DE SA VIE

Victoria reprit ses fonctions publiques à la fin des années 1860. La fin de son règne fut largement consacrée à rétablir la paix en Europe et à élargir et consolider son immense empire politique. Elle devint impératrice des Indes en 1877 et plaça ses enfants et petits-enfants dans la royauté européenne, ce qui lui valut le surnom de Grand-mère de l'Europe.

Au début de son règne, la Grande-Bretagne était considérée comme une grande puissance commerciale. Sous l'ère victorienne, elle devint un grand empire et la nation la plus puissante du monde. Au cours du 19e siècle, elle s'agrandit de 10 millions de kilomètres carrés et de 400 millions de sujets. Cette expansion avait un prix : l'Angleterre fut presque constamment en guerre pendant le règne de Victoria, et le colonialisme pratiqué en son nom impliquait une subjugation brutale.

Bien qu'à nouveau populaire, la monarchie devait se réformer. Peu à peu, le pouvoir politique direct du monarque s'éroda et les Britanniques obtinrent le droit de vote, bientôt accompagné par d'autres réformes politiques du milieu à la fin des années 1800.  

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    Cette illustration datant de décembre 1848 représente la reine Victoria, le prince Albert et leurs enfants admirant un sapin de Noël. De nombreuses déclinations de cette image ont commencé à circuler, popularisant la tendance festive.

    PHOTOGRAPHIE DE Hulton Archive, Getty Images

     

    HÉRITAGE

    À sa mort en 1901, Victoria était une institution. L'Empire britannique couvrait un cinquième de la surface de la Terre et était devenu la superpuissance prééminente de son époque.

    Les tentatives de Victoria de renforcer les monarchies européennes en mariant les membres de sa famille aboutirent à une paix à court terme, mais furent à l'origine des conflits les plus destructeurs du 20e siècle. Au début de la Première Guerre mondiale en 1914, ses petits-enfants se retournèrent les uns contre les autres.

    Le colonialisme implacable de l'empire qu'elle dirigeait et la guerre dévastatrice qu'elle a, sans le vouloir, initié, jettent désormais une ombre sur le règne de Victoria.

    Elle croyait que la puissance et la prospérité britanniques prévalaient sur toute chose. Comme l'écrivit cette femme née pour régner en 1899, « Nous ne sommes pas intéressés par les possibilités de défaite. Elles n'existent pas. » 

    Cet article a initialement paru sur le site nationalgeographic.com en langue anglaise.

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