Demon Slayer : sur les traces du yokai qui a inspiré le roi des démons

De ses origines mystérieuses à son statut de symbole de l'autorité et du pouvoir, le Nurarihyon incarne notre éternelle fascination pour le surnaturel.

De Anne Taylor
Publication 29 mars 2024, 17:23 CET

Souvent représenté sous les traits d'un vieillard à la tête en forme de gourde et vêtu d'une kesa traditionnelle, le Nurarihyon est une créature surnaturelle, ou yokai, qui alimente les légendes modernes depuis le 18e siècle.

PHOTOGRAPHIE DE Pictures from History, CPA Media Pte Ltd, Alamy Stock Photo

Depuis sa création en 2016, le manga japonais Demon Slayer: Kimetsu no Yaiba s'est rapidement imposé comme l'une des franchises les plus populaires du genre. L'histoire suit un adolescent, Tanjiro Kamado, devenu pourfendeur de démons après le massacre de sa famille et la transformation de sa petite sœur, Nezuko, en démon.

Au fil de la série, Tanjiro et ses compagnons vont croiser le fer avec une multitude de monstrueuses créatures, dont la plupart ressemblent aux oni, les démons du folklore japonais. Au centre de ces adversaires se trouve Muzan Kibutsuji, l'énigmatique roi des démons qui reflète la puissance, l'influence, la ruse et les capacités métamorphiques du yokai Nurarihyon, un être surnaturel légendaire.

« Dans le royaume des esprits, les yokai se situent entre les kami (divinités Shinto) et les oni », nous explique John Pavel Kehlen, professeur de littérature asiatique au sein de la Soka University of America. « Ils ne vivent ni au paradis ni en enfer, mais sont retenus dans le monde des humains par un lien indéfectible, qu'il s'agisse de colère, d'obsession amoureuse, de désir ou de la simple volonté de tourmenter les mortels. »

Malgré ses obscures origines, le personnage du Nurarihyon a influencé une foule de mangas et d'animés depuis le début du 21e siècle. Il apparaît notamment dans GeGeGe no KitarōNura : Le Seigneur des Yōkaï et Hôzuki le stoïque ; le quasi-démon joue également un rôle central dans des romans graphiques comme Nurarihyon no Mago et The Haunted Bookstore: Gateway to a Parallel Universe

Que ce soit en inspirant ces personnages et leurs histoires ou en façonnant une esthétique visuelle et un contexte culturel, découvrez comment cette créature de légende continue de fasciner les esprits.

 

MYSTÉRIEUSES ORIGINES

Souvent représentée sous les traits d'un vieillard à la tête ronde et proéminente, l'image du Nurarihyon apparaît pour la première fois durant l'époque d'Edo du Japon dans deux séries de rouleaux intitulées Hyakkai Zukan et Gazu Hyakki Yagyō (en français, La Parade nocturne illustrée des cent démons), respectivement créés par Sawaki Sūshi et Toriyama Sekien.

Selon Michael Dylan Foster, professeur de langues et de civilisations d'Asie du Sud-Est au sein de l'université de Californie à Davis, le Nurarihyon apparaît généralement dans le folklore comme un yokai inoffensif qui s'introduit dans les maisons en l'absence de ses occupants pour prendre le thé ou profiter d'autres commodités. 

Au fil du temps, il a acquis la réputation d'être sournois et trompeur, usant de ses talents de métamorphe et de manipulateur pour se jouer des humains et des autres yokai. D'après Zack Davisson, auteur et spécialiste du folklore japonais, ce changement de personnalité proviendrait d'un conte de Koshoku Haidokusen à propos d'un homme marié qui tombe amoureux d'une prostituée. Dans ce récit, Nurarihyon est présenté comme une « créature sans visage qui incarne la fourberie. » 

Cette histoire a fait l'objet de théories suggérant une corrélation avec les créatures marines légendaires de la mer intérieure de Seto dans la préfecture d'Okayama, plus connues sous le nom d'umi bozu. Ces orbes, dont la taille avoisine celle d'une tête humaine, s'amusent à attirer les pêcheurs pour mieux leur échapper en plongeant dès qu'ils arrivent à leur portée pour refaire surface quelques mètres plus loin, l'air rieur. Ce comportement pourrait renvoyer à la nature énigmatique du Nurarihyon. 

Davisson ajoute que la représentation faite du Nurarihyon par Mizuki Shigeru dans l'animé GeGeGe no Kitarō a largement contribué à l'image du yokai reprise dans la culture populaire moderne. La série présente le Nurarihyon comme le chef suprême de toutes les créatures surnaturelles et le meneur de la parade nocturne des yokai.

Selon Foster, également auteur du livre The Book of Yokai: Mysterious Creatures of Japanese Folklore, le folkloriste Fujisawa Morihiko aurait accompagné une image du Nurarihyon dans son livre de la mention « yōkai no oyadama », que l'on pourrait traduire par meneur, chef ou patron des yokai. 

Si le Nurarihyon n'a pas perdu sa place dans le monde moderne, c'est peut-être en raison de la nature unique du yokai, suggère Foster. 

« C'est peut-être le mystère folklorique qui entoure le Nurarihyon, son allure intrigante et l'absence de caractéristiques fixes, qui lui ont permis de devenir une sorte de figure mutante pouvant être développée de différentes façons dans les médias de la culture populaire », conclut-il.

Cet article a initialement paru sur le site nationalgeographic.com en langue anglaise.

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