Des Japonais internés aux États-Unis pendant la Seconde Guerre mondiale témoignent

Après Pearl Harbor, 120 000 Américains d’origine japonaise ont été internés dans des camps aux États-Unis. Nous avons retrouvé trois d’entre eux.

De Ann Curry
Photographies de Paul Kitagaki Jr.
En 2013, Paul Kitagaki Jr. a retrouvé trois hommes d’origine japonaise internés de force en 1943 et les a fait poser devant la maison d’Edward Tetsuji Kato, en Californie.
PHOTOGRAPHIE DE Paul Kitagaki Jr.

Je cherchais un livre à lire à la bibliothèque municipale d’Ashland (Oregon), quand, par hasard, j’ai rencontré leurs visages : sur un cliché en noir et blanc, des enfants asiatiques souriaient de façon incongrue derrière des barbelés. « Où cela a-t-il pu se passer ? », me suis-je demandée, pensant d’abord à la guerre du Viêt Nam. Et c’est alors, à 17 ans, que j’ai appris que des civils d’origine japonaise avaient été arrêtés et enfermés aux États-Unis pendant la Seconde Guerre mondiale. C’était d’autant plus surprenant que je suis moi-même la fille d’une immigrée japonaise.

Pourquoi les États-Unis ont-ils emprisonné sans procès plus de 120 000 civils, dont les deux tiers étaient des citoyens américains ? Junzo Jake Ohara, 89 ans, peine encore à y répondre : « C’était sans doute à cause des préjugés raciaux, je ne sais pas. » Il a été interné pendant trois ans. « Ils devaient avoir peur de nous. » La réponse ne réside pas seulement dans la peur et les préjugés, mais aussi dans la capacité de la politique à exacerber les deux, si l’on en croit les documents d’époque. Ceux ci révèlent un pays aux prises avec une guerre mondiale, mais aussi avec une douloureuse lutte interne concernant ses idéaux – une lutte qui trouve un écho dans l’actuel débat sur l’immigration.

En 1980, le Congrès a chargé la Commission sur la réinstallation et l’internement de civils en temps de guerre d’enquêter sur la décision du gouvernement américain d’enfermer des personnes d’origine japonaise pendant la Seconde Guerre mondiale. La commission a décortiqué des documents officiels et recueilli plus de 750 dépositions. Conclusion : la xénophobie à l’encontre des personnes d’ascendance japonaise existait bien avant l’attaque japonaise sur Pearl Harbor, le 7 décembre 1941.

En 1943, au « centre de réinstallation » de Heart Mountain, les scouts Junzo Jake Ohara, 14 ans, Takeshi Motoyasu, 14 ans, et Edward Tetsuji Kato, 16 ans, saluent le drapeau américain.
PHOTOGRAPHIE DE Pat Coffey, National Archives

Dès la fin du XIXe siècle, un nombre croissant de responsables politiques et syndicaux accusèrent les immigrés japonais de voler les emplois agricoles des Américains blancs. Le 7 mai 1900, James Duval Phelan, le maire de San Francisco, déclara : « Les Chinois et les Japonais ne sont pas des citoyens authentiques. Ils n’ont pas l’étoffe de citoyens américains. » Un éditorial du San Francisco Chronicle assurait : « Notre premier devoir est de réserver l’Amérique aux Américains et aux races blanches que nous pouvons assimiler et dont les enfants auront le niveau de vie américain. »

L’immigration depuis le Japon fut d’abord limitée. Puis, la Californie interdit aux Japonais de posséder des terres, et à toute personne d’ascendance japonaise d’épouser un Blanc. En 1924, le Congrès prohiba l’immigration à tous les Asiatiques. Ceux déjà installés ne pouvaient plus devenir citoyens. Seuls leurs enfants nés aux États-Unis pouvaient obtenir la nationalité (un droit constitutionnel). Dans les années 1930, l’animosité ne fit que croître, tandis que le Japon envahissait la Mandchourie et poursuivait son expansion en Chine.

L’attaque surprise sur Pearl Harbor (3500 morts et blessés) précipita les États-Unis dans la guerre. Ce fut l’étincelle qui attisa le feu contre les personnes d’ascendance japonaise aux États-Unis. Et la colère montait à mesure que le Japon progressait dans le Pacifique. La peur s’empara des États-Unis : bientôt, le Japon allait envahir la côte ouest du pays. Selon une rumeur, des Japonais Américains d’Hawaii avaient collaboré à l’attaque de Pearl Harbor.

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    Après l’attaque de Pearl Harbor par le Japon, un décret du président Franklin D. Roosevelt contraint plus de 120 000 personnes d’ascendance japonaise à vivre dans des camps d’internement. Ci-contre, des équipes de construction travaillent au « centre de rassemblement » de Puyallup, dans l’État de Washington, que les autorités appellent Camp Harmony. BIBLIOTHÈQUE DU CONGRÈS DES É.-U.
    PHOTOGRAPHIE DE Paul Kitagaki Jr.

    Frank Knox, le secrétaire à la Marine des États-Unis, ajouta foi à la théorie conspiratrice. Le maire de Los Angeles, Fletcher Bowron, déclara : « Nous ne pouvons pas courir le risque d’un autre Pearl Harbor dans le sud de la Californie. »  Les voix discordantes furent peu nombreuses. Et, observera la commission du Congrès longtemps après, « la presse a amplifié les émotions exacerbées et irréfléchies de l’époque ».

    Le 14 février 1942, le général John L. DeWitt, chargé de la sécurité militaire pour l’ouest du pays, demanda que les personnes d’origine japonaise fussent exclues de la côte Ouest par nécessité militaire : « La race japonaise est une race ennemie et, même si de nombreux Japonais de deuxième ou troisième génération nés sur le sol des États-Unis possèdent la nationalité et se sont“américanisés", l’héritage racial demeure intact. »

    Le 19 février 1942, le président Roosevelt signa le décret accordant aux commandants militaires le pouvoir d’arrêter et d’incarcérer « certaines personnes, voire toutes » – autrement dit, celles d’origine japonaise, même ayant la citoyenneté américaine. Ralph Carr, gouverneur républicain du Colorado, fut l’un des rares à s’opposer à la mesure. Face à une foule très hostile, il déclara : « Un citoyen américain d’ascendance japonaise a les mêmes droits que tout autre citoyen. [...] Si vous vous en prenez à eux, vous devrez d’abord vous en prendre à moi. »

    En mars, les soldats américains commencèrent à frapper aux portes des maisons et à afficher des ordres d’évacuation dans des quartiers ciblés de la Californie, de l’Oregon, de l’État de Washington et de l’Arizona. Les personnes raflées n’avaient le droit de prendre que ce qu’elles pouvaient porter. Les uns vendirent à vil prix tous leurs biens à des profiteurs ; d’autres entassèrent leurs affaires dans des entrepôts improvisés, louèrent leur domicile ou trouvèrent  un gardien pour leur propriété. Mais les entrepôts pillés, les loyers impayés et les gardiens vendant ou abandonnant les affaires dont ils avaient la garde furent légion.

    George Hirano (ici, pris en photo à 86 ans, en 2012, en Californie) se souvient : « Nous étions des citoyens américains, mais le gouvernement a décrété : “Quelle que soit votre nationalité, vous avez obtenu la citoyenneté [américaine], mais vous restez japonais. Nous ne pouvons pas vous faire confiance.” »
    PHOTOGRAPHIE DE Paul Kitagaki Jr.

    Chaque famille se vit attribuer un matricule, porté sur les étiquettes accrochées aux bagages et sur les personnes. L’armée se montra si efficace qu’il fallut installer des centres de rassemblement temporaires dans des champs de foire et des hippodromes, tandis que l’on bâtissait des relocation centers (« centres de réinstallation »). L’hippodrome de Santa Anita, à Los Angeles, fut le plus vaste des centres provisoires, avec plus de 18 000 internés, forcés de vivre dans les écuries.

    Les internés passèrent des mois dans les centres de rassemblement, avant d’être déplacés, le plus souvent en train, vers dix camps situés dans des montagnes ou des déserts reculés, ainsi que dans d’autres régions à l’intérieur du pays. Une « migration de masse » destinée à « créer des communautés » dans des territoires déserts « pleins de possibilités » : c’est ce que présente un film produit à l’époque par le gouvernement. « Nous nous protégeons sans violer les principes de la décence chrétienne », dit le commentaire.

    La commission d’enquête du Congrès décrira des conditions de vie « rudes », avec « des hivers rigoureux » et des étés « insupportablement chauds et humides ». Les prisonniers habitaient dans des baraquements « lugubres », bâtis à la hâte, avec du papier goudronné pour toute isolation et une seule pièce par famille, dans des camps entourés de « clôtures en fil de fer barbelé ». La police militaire assurait la surveillance depuis des miradors munis de mitraillettes et de projecteurs. Quiconque faisait mine de franchir les limites du camp était abattu.

    George Hirano a 18 ans et vient d’être mobilisé quand il pose aux côtés de sa mère, Hisa Hirano, et de son père, Yasubei Hirano. Sa mère tient une photo de son fils aîné, Shigera Hirano, sergent dans le 442e régiment d’infanterie de l’armée des États-Unis. La famille a d’abord été détenue pendant trois mois dans le centre de rassemblement de Salinas, puis a passé le reste de la Seconde Guerre mondiale au centre de réinstallation de Poston. Construit sur une réserve indienne (malgré les objections des autorités tribales), ce camp a compté jusqu’à 18 000 internés. George Hirano a terminé la formation de base de l’armée, mais a contracté la rougeole avant d’être déployé avec sa compagnie. Après la guerre, il est retourné à Watsonville, en Californie, où il est devenu exploitant agricole. Il est décédé en 2013.
    PHOTOGRAPHIE DE Paul Kitagaki Jr.

    La victoire des États-Unis lors de la bataille de Midway, en juin 1942, réduisit les craintes d’une attaque japonaise sur le continent américain. Les camps ne fermèrent pas pour autant. Quelques Japonais Américains jugés loyaux furent libérés, mais la plupart des internés y demeurèrent, les mois devenant des années. Plus de 5 000 enfants naquirent en détention, et près de 2 000 personnes y moururent.

    Certains ne se laissèrent pas faire. Le jeune Fred Korematsu refusa de respecter les ordres. Il resta à San Leandro (Californie) après que l’armée eut déclaré l’endroit « zone militaire », interdite à toute personne d’ascendance japonaise. Condamné par un tribunal, Korematsu fit appel jusque devant la Cour suprême des États-Unis. Le juge Frank Murphy écrivit que traiter les personnes d’ascendance japonaise différemment de celles ayant des origines en Italie ou en Allemagne, pays également en guerre avec les États-Unis, relevait de la « légalisation du racisme ».

    La Cour confirma toutefois la condamnation de Korematsu par six voix contre trois, se rangeant à l’avis du gouvernement. Les juges ignoraient que, selon un rapport des services de renseignement de la Marine, les Japonais-Américains ne représentaient pas de menace militaire, et rien n’indiquait qu’ils étaient déloyaux, se livraient à l’espionnage ou envoyaient des signaux à des sous-marins – comme l’affirmait le gouvernement. Les juges n’avaient pas connaissance de ce rapport car, a reconnu le gouvernement en 2011, l’avocat général des États-Unis le leur avait dissimulé.

    Dorothy Hiura, 93 ans, pose devant sa maison de San Jose, en 2017. Elle n’a jamais évoqué l’incarcération avec son fils et sa fille : « Je n’ai jamais senti que c’était quelque chose qu’ils avaient besoin de savoir. » Dorothy pensait que ses enfants finiraient par comprendre. Mais ce ne fut pas le cas. Sa fille, Barbara Hiura, entendait parfois Dorothy parler du camp avec ses amis. « Je me demandais : un camp de guides ? un camp de scouts ? Je n’en savais rien, se souvient Barbara. Mais [mes parents] voulaient que nous devenions américains. Ils ne voulaient pas que nous soyons confrontés au racisme ou à la haine. »
    PHOTOGRAPHIE DE Paul Kitagaki Jr.

    En juin 2018, la Cour suprême a finalement cassé sa propre décision de 1944. Son président, John G. Roberts Jr., a écrit qu’enfermer des citoyens américains dans des « camps de concentration, en se fondant uniquement et ouvertement » sur l’origine ethnique, « est objectivement illégal et ne relève pas de l’autorité du président ». Une décision tombée au moment même où cette même Cour suprême validait le décret anti-immigration de Donald Trump.

    Une fois engagée dans la guerre, l’armée américaine comprit qu’il lui faudrait davantage de soldats. Une unité constituée en quasi-totalité de Japonais-Américains, le 100e bataillon d’infanterie, fut envoyée en Europe. Roosevelt réclama des volontaires pour une seconde unité similaire : le 442e régiment d’infanterie. À Hawaii, plus de 10 000 Japonais Américains répondirent à l’appel.

    Dans les camps, des centaines de prisonniers refusèrent de s’engager tant que les membres de leur famille ne seraient pas libérés. Pour d’autres, l’engagement était l’occasion de prouver leur loyauté. Un millier de jeunes internés dans les camps se portèrent volontaires. Engagé dans le 442e régiment à Hawaii, Daniel Inouye, devenu par la suite sénateur, se souviendra, des années plus tard : « En plus de combattre l’ennemi, nous avions tous un objectif : celui de racheter notre nom, de faire respecter notre honneur. Il n’était quasiment pas envisageable d’échouer. Il nous fallait réussir. » Et ils réussirent.

    Dorothy Takii rayonne, accrochée à la voiture familiale, en pénétrant dans l’hippodrome de Santa Anita, un centre de détention temporaire, en 1942. Alors étudiante en première année, elle ne tardera pas à comprendre que la vie au centre ne serait pas l’aventure espérée. Sa famille sera envoyée au centre de réinstallation de Jerome (Arkansas). Libérée en 1943, Dorothy s’installera à Chicago, où elle rencontrera son mari. Dans les années 1950, le couple déménagera à San Jose, en Californie.
    PHOTOGRAPHIE DE Paul Kitagaki Jr.

    En sept campagnes d’envergure, le 442e régiment totalisa 9 486 victimes, dont 600 tués. C’est l’unité de combat la plus décorée, par rapport à sa taille, de l’histoire des États-Unis. Le 15 juin 1944, le 100e bataillon fusionna avec le 442e. Ensemble, les deux unités combattirent en Italie, puis en France, dans les Vosges. Après la guerre, le président Truman saluera le 442e à Washington, mais les préjugés seront plus longs à vaincre.

    Les Japonais Américains continueront des années durant à subir agressivité, racisme et discrimination – bien qu’on n’ait jamais trouvé la moindre preuve de déloyauté ou de méfait imputable à un Américain d’origine japonaise durant la Seconde Guerre mondiale.

    En 1988, le président Reagan signera une loi accordant 20 000 dollars d’indemnisation à chacun des 60 000 survivants des camps. Junzo Jake Ohara, aujourd’hui âgé de 89 ans, raconte que son père ne s’est jamais vraiment remis des efforts déployés pour reconstruire sa vie, ni de la honte d’avoir été considéré comme déloyal. On a sous-estimé les dégâts émotionnels de l’internement, analyse Satsuki Ina, née en captivité et devenue thérapeute en traumatologie, spécialisée dans le vécu des Américains d’origine japonaise : « Le public voit cela comme une réinstallation. Le vocabulaire a été modifié pour donner l’impression que le gouvernement s’occupait de nous. Mais il s’agissait bien d’une arrestation. Je vois des gens qui étaient de jeunes adultes quand ils ont été incarcérés, et qui, une fois âgés, tentent de comprendre ce qui leur est arrivé. »

    Sur la façade de l’épicerie de la famille Masuda, à Oakland (Californie), photographiée en 1942, un panneau proclame la loyauté envers les États-Unis. Mais un sentiment anti-japonais balayait le pays.
    PHOTOGRAPHIE DE Paul Kitagaki Jr.

    « Nous avons donné le joli nom de “centres de réinstallation” à ces lieux désertiques, mais ça n’en fait pas moins des camps de concentration », trancha Harold Ickes, secrétaire américain de l’Intérieur, en 1946. Les matricules inscrits sur des étiquettes pour identifier les familles incarcérées aux États-Unis étaient si humiliants qu’un grand nombre d’anciens internés en souffrent encore, assure Satsuki Ina : « Devenir un matricule signifie ne plus être connu. Beaucoup ont ressenti cette perte d’identité et de sens quand l’Amérique nous a tourné le dos. » Satsuki Ina confie avoir été très émue, récemment, en apprenant que le gouvernement américain séparait des enfants de leurs parents, dans le cadre des mesures anti-immigration de Trump.

    Lors des débats nationaux portant sur la politique aux frontières et sur la décision de la Cour suprême de valider l’interdiction d’entrée aux ressortissants de certains pays, décrétée par Donald Trump, nombre d’anciens détenus japonais-américains et leurs enfants, dont ceux de Fred Korematsu, ont pris position contre la politique du gouvernement. « Cela peut se reproduire, craint Kiyoshi Katsumoto, 82 ans. Nous, en tant que citoyens, devons vraiment comprendre ce qu’est ce pays.

    Il a été fondé sur la conviction qu’il accueillerait toutes les populations, en s’appuyant sur la liberté et le droit, et que nous pouvions réussir grâce à notre travail acharné. Il faut être bien informé pour avoir un pays comme ça. On peut facilement se laisser mener par des démagogues. » Paul Kitagaki Jr., dont des photos illustrent cet article, a découvert dans les Archives nationales des États-Unis des clichés de membres de sa famille réalisés par Dorothea Lange. Celle-ci avait pris des centaines de photos empathiques dans le cadre d’un reportage sur la « réinstallation » commandé par le gouvernement. Kitagaki s’est alors mis en quête d’autres anciens détenus, qu’il photographie à présent pour témoigner de leur résilience et de leur courage. « C’est une histoire américaine, dit-il. C’est ce que des Américains ont fait à d’autres Américains. »

    Karen Hashimoto (au centre), dont le grand-père a fondé le magasin, avait 3 mois quand elle a été internée à Gila River (Arizona). Ses cousins Gerry Naruo et Ted Tanisawa sont nés après la fermeture des camps. Pour les Japonais-Américains, il était important de rappeler à tous qu’ils étaient Américains, alors même que les États-Unis incarcéraient des personnes d’origine japonaise, dont des citoyens américains. En 2016, Gerry Naruo, 67 ans, Karen Hashimoto, 73 ans, et Ted Tanisawa, 70 ans, ont été photographiés là où se trouvait l’épicerie familiale. Gerry Naruo, ingénieur à la retraite, raconte que le nombre de personnes détenues dans les camps était « ahurissant ».
    PHOTOGRAPHIE DE Paul Kitagaki Jr.

    Cette histoire m’aide à mieux comprendre ma propre mère, bien qu’elle soit venue du Japon aux États-Unis après la guerre. Je comprends pourquoi elle était tant gênée de parler anglais en public, pourquoi elle tenait tant à hisser le drapeau américain devant la maison quand elle a obtenu la citoyenneté, pourquoi elle ratait rarement le défilé du 4 juillet. Elle admirait les idéaux des États-Unis et me disait, avec son fort accent : « Anna, toi, fille américaine. Pas parler japonais. Parler anglais comme autres gens. » 

    Ma mère voulait ce que veulent les autres immigrés : être acceptée par les gens de ce pays, qu’elle avait adopté. Elle ignorait les épithètes racistes qu’elle essuyait de temps à autre, persuadée que les choses s’arrangeraient pour elle et ses enfants. Je pense qu’elle souhaiterait que ces photos rappellent que les Américains peuvent ressembler à n’importe lequel d’entre nous.

     

    Cet article a été publié dans le numéro 229 du magazine National Geographic, daté d'octobre 2018.

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