Notre-Dame : la renaissance

La restauration de la cathédrale de Paris sera un hommage à ses racines médiévales – et à Viollet-le-Duc, l’architecte controversé qui a sauvé l’édifice au 19e siècle.

De Robert Kunzig, National Geographic
Photographies de Tomas van Houtryve
Publication 15 févr. 2022, 13:06 CET
Vue du ciel de la blessure ouverte dans le cœur de Notre-Dame. En avril 2019, l’incendie ...

Vue du ciel de la blessure ouverte dans le cœur de Notre-Dame. En avril 2019, l’incendie a détruit le toit et l’imposante flèche de la cathédrale. Celle-ci a transpercé les voûtes de pierre, s’est écrasée sur l’autel moderne et a laissé un trou béant.

PHOTOGRAPHIE DE Tomas van Houtryve

L’incendie de 1831 épargna la cathédrale Notre-Dame. Les émeutiers avaient grimpé sur le toit, renversé une croix de fer géante; puis ils avaient brisé des vitraux, détruit à la hache une statue de Jésus, réduit en pièces une autre de la Vierge Marie. Mais ils en voulaient surtout à l’archevêque de Paris, absent – d’où la mise à sac de son palais, situé au sud de l’église, le long de la Seine. Enfin, ils y avaient mis le feu. Le palais a aujourd’hui disparu. À sa place se dresse désormais une grue de 75 m.

Il existe un dessin de la scène de cette nuit du 14 février 1831, vue de l’autre côté de la Seine. Il est l’œuvre d’Eugène Viollet-le-Duc, l’homme qui, treize ans plus tard, allait mener pendant vingt ans une restauration de la cathédrale. Viollet-le-Duc n’avait que 17 ans lorsqu’il assista à l’attaque de la foule. Dans son croquis dessiné à la hâte au crayon, de petits bonshommes filiformes en furie prennent d’assaut le palais, jetant meubles et autres objets de valeur par les fenêtres et dans le fleuve. Derrière ce spectacle se dresse Notre-Dame, alors vieille de six siècles.

En 1980, alors qu’il est lui aussi âgé de 17 ans, Philippe Villeneuve visite une exposition consacrée à Viollet-le-Duc au Grand Palais, à Paris. Il veut devenir architecte, mais ne sait pas encore que l’on peut se spécialiser dans les monuments historiques. Aujourd’hui, il est l’un des trente-cinq architectes en chef des monuments historiques de France. Philippe Villeneuve est à la tête de chantiers de restauration à Notre-Dame depuis 2013, mais ces travaux revêtent une ampleur et une urgence sans précédent depuis l’incendie survenu au printemps 2019, qui a détruit le toit de la cathédrale. L’édifice étant aujourd’hui stabilisé, la reconstruction est sur le point de commencer.

« C’est Viollet-le-Duc qui a inventé la restauration des monuments historiques », explique l’architecte. « Avant, cela n’existait pas. Avant, les gens les réparaient, et les réparaient dans le style de leur époque. » Ou bien ils ne les réparaient pas et les démolissaient.

Dans la France du 19e siècle, le gouvernement créa d’abord des institutions pour s’attaquer systématiquement à une question qui nous concerne tous : quelle partie du passé mérite d’être préservée et transmise à la postérité ? Quel devoir avons-nous envers les créations de nos ancêtres, quelle force et quelle stabilité tirons-nous de leur présence – et quand, au contraire, deviennent-elles un poids nous empêchant de créer un monde qui nous est propre ? Cette question, chacun de nous y est confronté à sa petite échelle, dans sa vie personnelle et professionnelle. Un peu comme dans un service des monuments historiques intérieur, chacun de nous se bat pour savoir ce qu’il faut garder et jeter, à quel changement résister et auquel adhérer.Simplement, bien souvent, nous n’en avons pas vraiment conscience.

En son temps, Notre-Dame était révolutionnaire. Elle a été construite à la fin du 12e et au 13e siècle, alors que la France devenait une nation et que Paris était la plus grande ville européenne. Notre-Dame était le premier grand chef-d’œuvre d’une nouvelle architecture française, où croisées d’ogives et arcs-boutants permettent aux murs de s’élever et de s’affiner, aux fenêtres d’être considérablement agrandies et à la lumière d’entrer à flots. Les Italiens, jaloux, l’appelèrent «gothique», ce qui signifiait «barbare», mais le style français conquit l’Europe.

Au début du 19e siècle, cependant, Notre-Dame était particulièrement mal en point. Des décennies de déprédations et de négligence, commençant avant même la Révolution de 1789, l’avaient laissée dans un état de délabrement préoccupant. Victor Hugo était furieux, au point qu’il écrivit un roman entier autour de la cathédrale. Notre-Dame de Paris fut publié en 1831, un mois après l’incendie de l’archevêché. Dans toute la France, les églises saisies pendant la Révolution avaient été pillées pour leurs pierres. Avec son texte « Guerre aux démolisseurs », Victor Hugo contribua à lancer un mouvement dont le mot d’ordre était: « Assez ! ». Eugène Viollet-le-Duc s’y jeta à corps perdu.

Ainsi sauva-t-il Notre-Dame : il reconstruisit les arcs-boutants et les vitraux, remplaça les statues démolies par les révolutionnaires, en ajouta d’autres. Et lorsqu’il édifia une nouvelle flèche en bois, qui dépassait de 15 m l’originale médiévale, il y ajouta aussi des statues en cuivre plus grandes que nature des douze apôtres. Onze d’entre elles regardent vers l’extérieur ; la douzième est celle de saint Thomas, l’apôtre qui doutait. Viollet-le-Duc lui a donné son propre visage et lui fait contempler la flèche, son œuvre maîtresse. Il était athée, mais il a pourtant sauvé la reine des cathédrales françaises.

Des poutres en feu, des blocs de calcaire et 750 t de chêne et de plomb provenant de la flèche se sont écrasés à l’intérieur de Notre-Dame. Pourtant, aucune œuvre d’art d’intérêt historique n’a été endommagée, et très peu de vitraux. « Un miracle », selon la conservatrice Marie-Hélène Didier. Les chapelles latérales, comme ici Notre-Dame des Sept Douleurs, seront nettoyées, puis restaurées.

PHOTOGRAPHIE DE Tomas van Houtryve

Aujourd’hui encore, l’édifice a été sauvé. Dans son bureau, derrière la cathédrale, Philippe Villeneuve travaille face à une reproduction du dessin de la façade ouest de la cathédrale, réalisé en 1843 par Viollet-le-Duc. Depuis la nuit de l’incendie, l’intention de l’architecte est de reconstruire l’édifice tel que Viollet-le-Duc l’a laissé, avec son toit en plomb et la charpente en chêne massif qui le soutenait. « Nous restaurons le restaurateur », résume-t-il.

Un peu avant 19 heures, le soir du 15 avril 2019, alors que Philippe Villeneuve quittait en catastrophe son domicile sur la côte atlantique pour attraper le dernier TGV pour Paris, j’étais dans un taxi traversant la Seine. Le trafic était très dense. Ma femme regardait par la fenêtre. « C’est Notre-Dame qui brûle ? », me demanda-t-elle. Le halo orange vacillant au-dessus du toit nous semblait insensé. Quelques instants plus tard, nous voyions les flammes jaillir le long de la flèche en bois et l’engloutir.

En France, tout le monde se souvient de l’endroit où il se trouvait lorsque Notre-Dame a brûlé, ce soir d’avril – à cet égard, bien qu’aucun mort n’ait été à déplorer, on ne peut s’empêcher de penser au 11-Septembre, à New York. Bernard Hermann, photographe à la retraite, se trouvait dans sa mansarde sur la place du Petit-Pont, face à la cathédrale. Un de ses ouvrages, intitulé Paris, km 00, réunit des photographies prises depuis ses fenêtres. « Le drame de Notre-Dame a été pour moi la fin du monde », raconte-t-il. « J’étais sidéré. J’ai fermé les rideaux. » Jean- Michel Leniaud, historien de l’art, était à une réception au château de Versailles. Il s’est précipité à Paris et a assisté au drame. « Les gens pleuraient. Les gens priaient. Les gens s’agenouillaient dans la rue », se remémore-t-il.

Au moment où Marie-Hélène Didier, la conservatrice des monuments historiques à la direction régionale des affaires culturelles d’Île-de-France, en charge de Notre-Dame, a franchi le périmètre des pompiers, la plupart des plus précieux objets d’art avaient déjà été sortis de l’édifice et posés sur le parvis. « On aurait dit une grande brocante», se souvient-elle. Tard dans la nuit, elle a escorté certains des trésors dans un camion de la mairie jusqu’à un coffre-fort de l’Hôtel de Ville. La tunique de saint Louis s’est retrouvée sur ses genoux. À côté d’elle, son chef tenait dans ses mains la couronne d’épines du Christ.

Le président Emmanuel Macron, qui se trouvait alors à l’Élysée, s’est précipité à la cathédrale. Notre-Dame est « notre histoire, notre littérature, notre imaginaire [...] l’épicentre de notre vie », a-t-il déclaré devant les caméras de télévision. « Cette cathédrale, nous la rebâtirons tous ensemble. »

Après l’incendie, certains souhaitaient voir Notre-Dame de Paris renaître avec un nouveau look, marquant l’empreinte de notre époque – et de la catastrophe elle-même. D’autres, plus proches du monument, voulaient simplement qu’elle soit rebâtie à l’identique. Ce feu « était un accident », souligne la conservatrice Marie-Hélène Didier. « On oublie. On essaie d’oublier. »

PHOTOGRAPHIE DE Tomas van Houtryve

Dorothée Chaoui-Derieux, du Service régional de l’archéologie d’Île-de-France, a lu la nouvelle sur Twitter. Elle n’aurait jamais pu imaginer qu’elle passerait presque tous les jours des deux années suivantes dans la cathédrale vide, à passer au crible les décombres – que Notre-Dame deviendrait un site archéologique.

Très vite, les chaînes de télévision ont donné la parole à des spécialistes. « Bêtement, je suis resté devant la télé, alors que je vis à Paris et que j’aurais dû y aller », regrette Philippe Gourmain, expert forestier. Avec une colère grandissante, il a entendu des commentateurs soutenir que la charpente des combles de Notre-Dame ne serait jamais reconstruite – que la France ne disposait ni des chênes, ni du savoir-faire nécessaires. Philippe Gourmain gère des forêts dans tout le pays. À 11 heures le soir même, il était en conversation téléphonique avec un ami de l’Office national des forêts, en train d’esquisser un plan qui permettrait de collecter le bois nécessaire par le biais de dons.

À peu près à la même heure, Philippe Villeneuve atteignait le parvis devant la cathédrale ; il se trouvait encore dans le train, sans réseau, quand la flèche de Viollet-le-Duc s’était effondrée. Le lendemain, en grimpant dans la tour nord pour inspecter les dégâts, il a repéré le coq en cuivre qui était perché au sommet de la flèche. En se détachant du reste de la structure, il avait atterri sur un toit à côté. Dans le quotidien Le Parisien, une  photo montrait d’ailleurs l’architecte rayonnant, serrant l’oiseau cabossé contre sa poitrine.

« Quand je suis arrivé sur le parvis, j’étais mort. Maintenant, je suis dans le coma », m’a-t-il confié. « En reconstruisant la cathédrale, je me reconstruis moi-même. J’irai mieux quand ce sera terminé. » En septembre, juste avant que la reconstruction commence, Philippe Villeneuve s’est fait tatouer la flèche sur le bras gauche.

Au cours de l'été 1998, Stephen Murray, qui est historien de l’art à l’université Columbia, m’avait emmené dans les combles de Notre-Dame. Il y faisait sombre, même en plein jour. D’en bas, depuis l’intérieur de l’église, je n’avais jamais imaginé les coulisses de ce monde – celui des bâtisseurs de cathédrales. À la croisée du transept et de la nef, j’ai levé les yeux vers la complexe ossature de bois de la flèche.

Charles Barbero, de l'association Charpentiers sans frontières, apporte la touche finale à la réplique d'une des fermes du toit de Notre-Dame. Les bénévoles l'ont façonnée en une semaine, n'utilisant que des outils comme au Moyen Âge et taillant chaque poutre dans un seul tronc de chêne. 

PHOTOGRAPHIE DE Tomas van Houtryve

L’été dernier, je me suis de nouveau trouvé au même endroit. Mais, cette fois, j’étais sur un échafaudage, regardant vers le bas dans le trou géant que la flèche a percé quand elle s’est écrasée sur les voûtes en pierre. Le sommet de la flèche a perforé la nef à un deuxième endroit ; et un troisième trou s’est formé à l’extrémité nord du transept. Alors que le feu ravageait la charpente, des fermes triangulaires de chêne, hautes de 10 m, ont chuté comme des dominos sur les voûtes et des débris sont tombés dans les trous.Sur le sol de la cathédrale, bois et pierres carbonisés s’entassaient sur un mètre de hauteur.

Quelques jours après l’incendie, Dorothée Chaoui-Derieux et ses collègues ont estimé que les décombres ne pouvaient pas être simplement déblayés. Il s’agissait d’éléments du patrimoine protégés par la loi, devant être triés par des professionnels. Le Laboratoire de recherche des monuments historiques a envoyé le gros de son équipe de trente-quatre personnes, m’a confié son directeur adjoint, Thierry Zimmer.

Les voûtes endommagées risquant encore de s’effondrer, les scientifiques ont utilisé des robots télécommandés pour recueillir les débris. Portant des masques les protégeant de la poussière de plomb, ils ont trié les matériaux et mis de côté tout ce qui pourrait servir à la reconstruction ou présenter un intérêt historique.

« Nous n’avions jamais eu tous ces objets entre les mains auparavant », a noté Thierry Zimmer. « Maintenant, si. Malheureusement. » Maigre consolation : la catastrophe aura permis une meilleure connaissance de la cathédrale et de l’époque à laquelle elle a été construite.

Il a fallu deux ans pour que les gravats soient triés et transportés dans un entrepôt près de l’aéroport Paris-Charles-de-Gaulle. Ils s’étalent sur plus de 2 500 m².

Pendant que le sol de Notre-Dame était déblayé, les murs et les voûtes devaient être sécurisés pour éviter qu’ils ne s’effondrent. Une étude technique avait révélé que, sans la charge du toit en plomb et des poutres, les murs étaient devenus extrêmement vulnérables au vent. De 2019 jusqu’à l’été 2021, les charpentiers ont consolidé les arcs-boutants et certaines voûtes, en plaçant sous eux des cintres en bois de plusieurs tonnes, taillés sur mesure. Pendant ce temps, des cordistes démontaient le vieil échafaudage – Philippe Villeneuve s’apprêtait à rénover la flèche lorsque l’incendie a éclaté. Formant un invraisemblable enchevêtrement en passe de s’affaisser, l’ouvrage menaçait de tomber et d’endommager encore davantage l’édifice.

Ceux qui travaillent dans le domaine de la restauration le disent : c’est le projet d’une vie. La pandémie a ralenti les choses, et les procédures de sécurité liées au plomb ajoutent aux contraintes. Mais, rapporte Dorothée Chaoui-Derieux, archéologue, « nous n’étions parfois que cinq ou six dans la cathédrale ; cela ne nous arrivera plus jamais. » Pendant trois ans, Notre-Dame fourmillera d’ouvriers, avant le retour des fidèles et des touristes.

PHOTOGRAPHIE DE Tomas van Houtryve

La Covid-19 a ensuite contraint le site à fermer pendant deux mois, au printemps 2020. La poussière de plomb, omniprésente, avait déjà entraîné une fermeture pendant six semaines en 2019, après que des inspecteurs du travail avaient constaté l’insuffisance des mesures de sécurité. Depuis lors, une batterie de douches, installées entre les modules des vestiaires, a
divisé le site en deux zones : « sale » et « propre ».

Ceux qui y travaillent franchissent cette frontière plusieurs fois par jour : ils se déshabillent et enfilent des vêtements de protection pour aller sur le chantier, et inversement, chaque fois qu’ils en sortent – même pour le déjeuner.

Même Emmanuel Macron s’y est soumis. Je le sais de source sûre – par le général cinq étoiles que le président a tiré de sa retraite le lendemain de l’incendie, pour lui demander de gérer la reconstruction de la cathédrale. Jean-Louis Georgelin a été chef de l’état-major particulier du président Jacques Chirac, puis chef d’état-major des armées.

Le locataire de l’Élysée lui a confié Notre-Dame pour deux raisons, m’a-t-il ainsi expliqué : parce qu’il est un fervent catholique et qu’il a à la fois le sens politique et l’autorité nécessaires pour faire rouvrir la cathédrale d’ici à 2024. Pour cela, il faudra tout de même se frayer un chemin à travers la bureaucratie française. Le général préside en effet un établissement public administratif, qui a été créé spécifiquement pour la conservation et la restauration de Notre-Dame grâce aux 840 millions d’euros de dons.

Il reste que les projets de restauration sont normalement gérés par le ministère de la Culture. Dans ce milieu, certains considèrent ainsi que l’implication du général est, à tout le moins, étrange, et l’échéance de 2024, irréaliste. L’est-elle réellement ?, ai-je demandé à Jean-Louis Georgelin – question qu’il a balayée d’un revers de main. « Je vois que vous avez été contaminé, Monsieur, par ceux qui pensent que le président de la République n’a pas à se mêler de cette affaire », a-t-il lancé. « Vous avez été contaminé par le parti de la lenteur. » Le général est un meneur d’hommes, qui conserve en toutes circonstances sa bonne humeur et qui, en vous embrouillant avec un formalisme sarcastique, ne se départ jamais d’un large sourire entendu.

Les dommages causés à Notre-Dame, m’a expliqué Jean-Louis Georgelin, sont graves, mais circonscrits. Cela m’avait également frappé – le fait qu’une grande partie de la cathédrale semble intacte. La conservatrice Marie-Hélène Didier aussi a été surprise : « Rien n’a été détruit » – aucun trésor ni œuvre d’art de valeur. L’autel moderne de la croisée a été écrasé, mais l’emblématique Vierge à l’Enfant, une statue de pierre du 14siècle, se tient toujours à quelques mètres de là, couverte de cendres, mais intacte.

Il aura fallu plus de deux ans après l’incendie pour enlever les poutres brûlées et les débris, mais aussi pour consolider les voûtes et les contreforts. Désormais, les échafaudages emplissent l‘édifice et la restauration a enfin commencé. Première étape : nettoyer les surfaces de la poussière et des résidus toxiques dus à la fonte de la toiture en plomb.

PHOTOGRAPHIE DE Tomas van Houtryve

Au Laboratoire des monuments historiques, Claudine Loisel, spécialiste des vitraux, n’a dénombré que quelques morceaux de verre endommagés par la pointe de la flèche, sur trois petits panneaux seulement. Le reste est en bon état. Au total, l’édifice a perdu sa flèche, sa toiture, sa charpente et quelques voûtes en pierre. C’est beaucoup, mais pas trop pour être réparé d’ici à 2024, selon Jean-Louis Georgelin.

À la différence de la plupart de mes interlocuteurs, il assistait parfois à la messe de Notre-Dame, avant l’incendie. En cette terrible soirée, le général était chez lui, à Paris. Il regardait la télévision et pleurait, « comme tout le monde ». Il a entendu des gens dire qu’ils ne vivraient pas assez longtemps pour voir Notre-Dame restaurée. C’est pourquoi la promesse du président à la nation était nécessaire, m’a-t-il confié – et, si Emmanuel Macron n’avait pas fixé un délai de cinq ans, les architectes et le milieu de l’art auraient fait durer les travaux pendant quinze ans.

« Quant à l’architecte en chef des monuments historiques [...], je lui ai déjà expliqué plusieurs fois, et je le referai : qu’il ferme sa gueule. » Jean-Louis Georgelin parlait en ces termes de Philippe Villeneuve, devant une commission de l’Assemblée nationale, en novembre 2019. Un clash entre les deux hommes était probablement inévitable. Le premier n’a pas l’habitude de s’en laisser conter quand il est aux commandes. Or, en tant qu’architecte en chef, le second a toujours bénéficié d’une grande latitude d’action. Georgelin porte des costumes ; Villeneuve est un intellectuel, portant jeans, veste fripée et lunettes rondes. Et il a de bonnes raisons de ressentir intensément la situation à Notre-Dame.

Car ce n’est pas la première fois qu’il est confronté à une telle catastrophe. « Ma carrière est marquée par le feu », m’a-t-il fait remarquer. En 1998, le jour de sa promotion au poste d’architecte en chef des monuments historiques, Philippe Villeneuve apprenait qu’une église médiévale de son département, la Charente-Maritime, avait pris feu après avoir été frappée par la foudre. Le jour de l’incendie de Notre- Dame, il travaillait à son autre principal projet, l’hôtel de ville de La Rochelle, datant du 15siècle – aussi dévasté par le feu alors qu’il était, là encore, en charge du chantier de restauration. C’était en 2013, peu avant qu’il ne soit choisi pour Notre-Dame de Paris.

Aucune preuve de lien entre ces incendies et les travaux de restauration n’a été établie. La préfecture de police n’a pas communiqué les résultats de son enquête sur Notre-Dame, mais un court-circuit semble être la cause la plus probable de ce départ de feu. Pourtant, Philippe Villeneuve porte le fardeau de devoir racheter la faute que constitue pour lui cette tragédie.

« Il s’est montré à la hauteur de la situation », reconnaît Jacques Moulin, l’architecte en chef qui restaure la basilique voisine de Saint-Denis. « Il a su se transcender. C’est une capacité rare. » Mais cela l’a poussé à adopter des positions aux antipodes de celles du chef de l’État.

Aujourd’hui, des échafaudages et une grue géante défient les aspirations célestes de la cathédrale. Une palissade de métal surmontée de barbelés entoure le site.
Mais Notre-Dame s’est déjà remise d’une violente destruction : en 1831, Eugène Viollet-le-Duc a ainsi vu une foule la prendre d’assaut. Plus tard, l’architecte a dirigé les travaux de sa première restauration et ainsi préservé le monument tel qu’on le connaît aujourd’hui.

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Après l'incendie, Emmanuel Macron a publiquement encouragé un projet innovant à Notre-Dame, un « geste architectural contemporain ». « Nous devons faire confiance aux bâtisseurs d’aujourd’hui, a-t-il déclaré, et nous devons nous faire confiance. » Des propositions de toits en verre, de flèches de cristal et de colonnes de lumière ont afflué du monde entier. Un cabinet d’architectes a même suggéré de remplacer le toit par une piscine en plein air.

Mais, pour Philippe Villeneuve, il n’était pas question de participer à la construction d’une flèche moderne. C’est à ce moment-là que Jean-Louis Georgelin a tenté, un peu maladroitement, de le faire taire. Mais l’aspect fantaisiste de la plupart des projets a conforté la position de l’architecte tout le monde s’accordait à dire que la cathédrale ne devait pas devenir une piscine aérienne. À l’été 2020, le général, le président et la Commission nationale du patrimoine avaient tous approuvé le projet de Philippe Villeneuve. Notre-Dame devait être restaurée de « façon la plus conforme à son dernier état [...] connu » – celui dans lequel Viollet-le-Duc l’avait laissée.

C’était le triomphe de l’orthodoxie : reconstruire selon le dernier état connu est ce que font généralement les restaurateurs français. La  charte de Venise, adoptée en 1964 lors d’une conférence internationale de spécialistes, codifie cette approche. Ainsi, l’objectif de la restauration historique n’est pas d’obtenir le plus beau bâtiment, mais le plus «authentique», celui qui conserve toutes ses strates historiques. La démarche peut sembler académique, mais elle est aussi émotionnelle. Reconstruire à l’identique, surtout après une catastrophe, est « un acte symbolique puissant ; c’est un acte cathartique », estime l’historien Jean-Michel Leniaud.

L’ironie est que Viollet-le-Duc, qui avait assisté à l’attaque de Notre-Dame, n’avait pas fait preuve d’une telle retenue. Son objectif n’était pas de reconstruire Notre-Dame à l’identique, mais de bâtir la cathédrale idéale. Il a complètement refait certains murs intérieurs autour de la croisée, car il n’aimait pas la façon dont ils avaient été modifiés au 13e siècle. Il a démoli la sacristie du 18siècle et l’a remplacée par une sacristie néogothique. Il a rendu hommage aux architectes gothiques en essayant d’en devenir un lui-même. Et, avec la flèche, tout le monde s’accorde à penser qu’il s’est surpassé. Ce qui n’est pas le cas de toutes les libertés qu’il a prises.

Après sa mort, Eugène Viollet-le-Duc a été décrié par l’institution des Monuments historiques pendant un siècle. « Quand j’étais jeune, à l’école d’architecture, une restauration de Viollet-le-Duc, ça voulait dire un gâchis total », raconte Jacques Moulin. À Notre-Dame de Paris, Viollet-le-Duc a réalisé des peintures murales décoratives dans les vingt-quatre chapelles latérales ; dans les années 1970, les douze chapelles de la nef ont été grattées jusqu’à la pierre. Mais, à ce moment-là, la réhabilitation de la réputation du grand homme était sur le point de commencer, et l’exposition vue par le jeune Philippe Villeneuve en 1980 marque un tournant. « Viollet-le-Duc est soudain passé du statut de diabolique à celui de quasi-saint », poursuit Jacques Moulin.

Aujourd’hui, la majorité des restaurateurs français ne songeraient pas à défaire ce que Viollet-le-Duc a fait. Pour Jacques Moulin, c’est dommage. Certes, il croit en la préservation de l’histoire. Pour autant, avance-t-il, si le toit de votre cathédrale vient de brûler, ça n’a pas de sens de refaire une charpente en bois. L’argument a été entendu – et rejeté – pour Notre-Dame. La charpente et la flèche seront reconstruites en bois, mais avec plus de produits ignifuges et des brumisateurs anti-incendie. Les détails du projet sont encore en cours d’élaboration.

En 2019, le feu qui a dévoré les poutres en chêne était si chaud – sans doute environ plus de 760°C – qu'il a rongé les murs de calcaire adjacents et le haut de certaines voûtes. La géologue Lise Cadot-Leroux et le spécialiste de la conservation Jean-Didier Mertz, tous deux du Laboratoire des monuments historiques, ont suivi une formation de cordiste afin d’aller inspecter les dégâts. Jean-Didier Mertz m’a montré les carottes longues de 30 cm tirées de pierres de 60 cm d’épaisseur. La surface de certaines s’est transformée en poudre et des fissures se sont formées à l’intérieur, provoquant des décollements jusqu’à 12 cm. Mais la plupart des blocs semblent être restés assez épais pour remplir leur fonction, m’a-t-il assuré. Ses collègues et lui ont mis au point une technique permettant de boucher les fissures en y injectant une bouillie de chaux. Pour les pierres qui doivent être remplacées, les scientifiques recherchent de bons équivalents au nord de Paris – la ville s’est étendue sur les carrières médiévales se trouvant alors à sa périphérie.

La plus grande partie des 460 t de plomb contenues dans le toit et la flèche ont tout simplement fondu et coulé dans l’église, mais la chaleur était suffisamment intense pour projeter des particules de plomb avec la fumée. Le risque d’inhaler du plomb cette nuit-là, à moins de s’être trouvé à proximité immédiate de l’incendie, était «négligeable», indique cependant Jérôme Langrand, médecin et toxicologue, qui dirige le centre antipoison de Paris à l’hôpital Lariboisière-Fernand-Widal. Le véritable danger avec le plomb est qu’il sera ingéré accidentellement au fil du temps, surtout par les enfants, via la terre contaminée dans les parcs ou les aires de jeux, ou la poussière qui se dépose à l’intérieur des maisons. Alexander van Geen, chercheur à l’université Columbia, qui a parcouru Paris en prélevant des échantillons de terre dans des sacs en papier, a ainsi estimé qu’environ une tonne de plomb était tombée dans un rayon d’un kilomètre autour de la cathédrale.

Mais il n’existe aucune preuve qu’il ait causé un empoisonnement important, souligne le Dr Langrand. Il a analysé avec son équipe le sang de 1 200 enfants dans la zone concernée. Il a trouvé des concentrations supérieures au «niveau préoccupant» chez un peu plus de 1 % d’entre eux, soit à peu près autant que dans la population française en général. En outre, dans chaque cas, une enquête a révélé que les enfants étaient régulièrement exposés à d’autres sources de plomb. De nombreux balcons parisiens, par exemple, possèdent des sols en plomb.

Portant des masques pour les protéger de la poussière de plomb, des cordistes se préparent à utiliser du plâtre pour fixer les pierres détachées dans les voûtes, le long du trou central laissé par la flèche. Le feu, qui a atteint 760 °C, a rongé les sommets de certaines voûtes et les murs de calcaire de 60 cm d’épaisseur au-dessus d’elles, décollant plusieurs dizaines de centimètres de pierre et créant des fissures internes.

PHOTOGRAPHIE DE Tomas van Houtryve

En février 2021, un comité consultatif scientifique auprès du ministère de la Santé, dont Jérôme Langrand était membre, a recommandé à la France d’interdire le plomb dans les nouvelles toitures et de trouver des alternatives à son utilisation dans la restauration historique. Le conseil municipal de Paris a alors voté pour exiger que Notre-Dame ne soit pas recouverte d’une toiture en plomb.

Rien de tout cela n’a entamé la détermination de Philippe Villeneuve. Pour être mis en danger par un toit en plomb sur Notre-Dame, a-t-il insisté avec Jean-Louis Georgelin, les enfants devraient grimper dessus et le lécher.

« Le plomb est un élément essentiel dans la construction», soutient l’architecte. Certes, le toit de la cathédrale de Chartres est en cuivre, mais le cuivre verdit, et les toits de Paris sont gris. La plupart sont en zinc, mais seul le plomb pourrait reproduire la flèche et l’ornementation sculptée de la toiture de Notre-Dame, explique Philippe Villeneuve. Le plomb recouvre déjà des monuments comme le Panthéon et les Invalides. Pourquoi la cathédrale devrait-elle être la seule victime de « la folie de ces intégristes du plomb » ? D’autant que l’eau de pluie s’écoulant du nouveau toit sera récupérée et filtrée.

L’architecte prévoit aussi de reconstruire la charpente en bois à l’identique. Elle comportait deux parties distinctes. Quand Viollet-le-Duc a reconstruit la flèche, il a remplacé la charpente du transept, et pas selon les méthodes du Moyen Âge : les poutres ont été coupées dans des scieries industrielles. Philippe Villeneuve procèdera de même. L’hiver dernier, l’expert forestier Philippe Gourmain a coordonné la donation de 1 200 chênes provenant de la France entière. Les plus grands et les plus anciens avaient été plantés juste avant la Révolution par des forestiers royaux qui entendaient assurer ainsi l’approvisionnement des navires de la Marine en mâts. Ces arbres serviront pour la base de la flèche.

Les charpentes des combles de la nef et du chœur étaient différentes : elles étaient pour la plupart d’origine – du 13e siècle. En septembre 2020, l’association Charpentiers sans frontières a reconstruit l’une des fermes triangulaires situées à l’avant de la nef, pour montrer la faisabilité de la reconstruction de la charpente comme au Moyen Âge. François Calame, ethnologue et charpentier, fondateur de l’association, m’a emmené voir cette charpente là où elle est désormais exposée, à savoir dans les jardins du château de Crèvecœur, en Normandie. Elle se compose d’une douzaine de poutres, chacune taillée à la main à partir d’un seul chêne, et n’excédant pas 30 cm de diamètre.

Au Moyen Âge, les charpentiers travaillaient le bois quand il était vert, comme le font aujourd’hui Charpentiers sans frontières. Ils suivaient le sens des fibres, en gardant le cœur au centre. Ce qui a donné à certaines poutres une légère courbure, mais les a rendues plus solides. Les fermes de Notre-Dame sont restées intactes plus de huit cents ans avant que la chance tourne.

François Calame sort du coffre de sa voiture son outil préféré : une doloire, large hache à lame évasée, en forme de trompette. Il donne quelques coups habiles sur une bûche, puis me laisse essayer. La hache, prévient-il, est assez tranchante pour infliger des blessures graves si l’on vise mal – ce qui n’était pas à exclure. Mes premiers coups ricochent contre le bois avec un bruit inquiétant. Selon l’expert, la restauration historique devrait viser à restaurer les savoir-faire oubliés, autant que les bâtiments – et pas seulement pour le bénéfice des charpentiers. La raison pour laquelle la charpente de Notre-Dame a laissé une telle impression sur ceux qui l’ont vue, pense-t-il, est que les maîtres artisans qui l’ont créée ont voulu nous transmettre un message par-delà les siècles.

« La charpente avait 800 ans. Elle n’est plus là. Mais si nous la retravaillons comme elle a été travaillée, selon la même technique et avec les mêmes matériaux, le message peut passer », note François Calame. « Vous pourrez le ressentir. »

Philippe Villeneuve a été impressionné par la démonstration de Charpentiers sans frontières. Pour gagner du temps, m’a-t-il dit, des scieries tailleront les troncs pour la nef et le chœur, mais les poutres seront finies à la main avec des doloires, explique-t-il. La reconstruction de la flèche passera cependant avant tout. Pour construire sa flèche de l’intérieur, Viollet-le-Duc avait dû percer un trou dans les voûtes. Villeneuve a une longueur d’avance : le trou est déjà là.

Maurice de Sully, l’évêque de Paris qui fit construire Notre-Dame en 1163, était fils de paysans. La flèche montait vers le ciel, mais les aspirations de Sully étaient également terrestres : il entendait montrer sa puissance à ses rivaux, ainsi qu’au roi. La tour de l’archevêché ressemblait au rempart d’un château. La façade ouest de la cathédrale était encore plus imposante.

Le photographe Tomas van Houtryve a saisi les grotesques, également appelées chimères, du 19e siècle avec les techniques de l'époque : sous un drap, avec des plaques de verre et une chambre photographique en bois. 

PHOTOGRAPHIE DE Tomas van Houtryve

« Dans la cité médiévale, elle était dominante, écrasante », explique Bernard Fonquernie qui, en tant qu’architecte en chef, a restauré la façade dans les années 1990, éliminant des décennies de gaz d’échappement et de fientes de pigeons. Je vivais alors en France ; je me rappelle donc très bien cette renaissance, l’éclat des murs une fois l’échafaudage démonté.

La construction de la cathédrale a été financée principalement par des dons de simples gens, explique le professeur d’histoire de l’art Dany Sandron, de la Sorbonne. Leur expérience de l’édifice n’était pas celle des fidèles d’aujourd’hui. Circulant dans la nef sans chaises, ils ne pouvaient voir et entendaient à peine les offices célébrés par les chanoines résidents, huit fois par jour, dans le chœur derrière un mur. Dans les chapelles latérales, les aumôniers célébraient à voix basse quelque 120 messes par jour, mais elles n’étaient pas vraiment destinées aux vivants, plutôt aux morts fortunés qui avaient financé des messes à perpétuité dans l’espoir de sauver leur âme du purgatoire. Pourtant, les simples gens affluaient à Notre-Dame. Ils dormaient parfois à même le sol devant un autel, rêvant de guérisons miraculeuses. La foi catholique était alors vitale pour la plupart des Français. Ce n’est plus le cas.

« Notre-Dame n’est pas un musée », insiste Patrick Chauvet, recteur de la cathédrale. Avant l’incendie, environ 3 000 personnes venaient à la messe le dimanche, mais de 10 à 12 millions de touristes la visitaient chaque année, dont beaucoup ne savaient pas grand-chose du christianisme. « Comment peuvent-ils être touchés par la grâce de ce lieu ? », s’interroge-t-il. « Comment la beauté de ce lieu peut-elle au moins les interroger sur le sens de leur vie ? »

L’idée, dit-il, consiste à réinventer la visite. Lorsque la cathédrale rouvrira ses portes, les visiteurs seront invités à suivre un nouveau par- cours, qui passera par les chapelles latérales réaménagées. Du nord au sud, de l’obscurité à la lumière, ils découvriront l’Ancien Testament, puis le Nouveau, de façon à « entrer progressivement dans le mystère de Dieu », m’a ainsi expliqué Patrick Chauvet.

Cela réussira-t-il ? Grâce à l’énorme budget de restauration, la cathédrale devrait au moins avoir fière allure à sa réouverture. Des travaux qui auraient dû s’étaler sur des décennies sont programmés pour les trois prochaines années. Tout l’intérieur de l’église, chapelles et peintures comprises, ainsi que la plupart des vitraux, sera nettoyé – une renaissance éclatante. Si, comme le pense le général Georgelin, « la beauté de l’art gothique est l’une des meilleures preuves de l’existence de Dieu », alors, en France, Dieu aura perdu une bataille, mais pas la guerre. L’incendie n’aura pas été vain.

Ce soir d’avril 2019, ma femme et moi étions avec des amis proches, pour qui c’était le tout premier voyage à Paris. Après avoir dîné sur la rive droite, nous avons décidé de retourner à pied là où nous logions, sur la rive gauche. Les berges de la Seine étaient pleines de monde regardant brûler Notre-Dame. En traversant l’île Saint-Louis, nous avons enjambé un tuyau que les pompiers venaient de dérouler pour pomper l’eau du fleuve. Sur le pont de la Tournelle, nous nous sommes arrêtés près d’un chœur improvisé, qui entonnait à mi-voix des hymnes à la Vierge. J’avais admiré ce point de vue, le long de la Seine vers l’abside de Notre-Dame, des dizaines de fois. Je ne pouvais imaginer le voir disparaître à jamais.

« C’était magnifique. Il faut insister sur la beauté du feu », m’a confié Jean-Marie Leniaud. « Mais, passé ce moment de beauté, tout était affreux. Tout n’était que ruine. Au premier regard, il n’y avait que la noirceur, l’obscurité, la mort. » Jusqu’à ce que la cathédrale revienne à la vie. Ce qu’elle fera, immanquablement.

Cet article a initialement été publié dans le numéro 269 du magazine National Geographic. S'abonner au magazine

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