Ces photos vont vous transporter au cœur d'un mariage musulman en Europe

A Ribnovo, en Bulgarie, les mariages traditionnels en hiver des Slaves musulmans, les Pomaks, durent deux jours et impliquent le village tout entier.

De Becky Little
Publication 9 nov. 2017, 01:41 CET
Nuit de noces
Dans le sud-ouest de la Bulgarie, les Slaves musulmans, alias Pomaks, organisent les cérémonies de mariage traditionnelles en hiver. Sur cette photo, les jeunes mariés Selve Kuivashi (gauche) et Djamal Vurdal posent sur leur lit de noces dans le village de Ribnovo.
Photo Guy Martin, National Geographic

La crise des réfugiés syriens a attiré l’attention internationale sur la communauté musulmane en Europe. Elle a aussi donné lieu à une nouvelle vague d’opinions antimusulmanes. Mais comme le photographe Guy Martin le montre dans ses images de Ribnovo, en Bulgarie, les communautés musulmanes font partie intégrante du continent depuis bien longtemps.

Le village reculé de Ribnovo est l’un des deux seuls du pays à tenir des cérémonies de mariage suivant la tradition régionale slave musulmane, ou pomak. Elles ont lieu tous les hivers, saison traditionnelle des mariages.

Les mariages pomaks à Ribnovo s’étendent sur deux jours entiers, le samedi et le dimanche. Tous les weekends d’hiver, on y voit des gens danser, manger, et construire des chambres élaborées pour célébrer les jeunes mariés.

Ces chambres, explique Martin, sont préparées dès le samedi matin tôt devant la maison de la famille de la mariée. Elles doivent montrer à la famille, aux amis et aux voisins à quoi ressemblera la nouvelle vie du couple, mais aussi à leur en mettre plein la vue. Plus elle est grande et décorée, mieux c’est.

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    Salve Kiselova sort avec son maquillage terminé et ses yeux fermés, le visage recouvert de guirlandes de Noël.
    Photo Guy Martin, National Geographic

    Rapidement après, les amis et les voisins arrivent chargés de cadeaux qu’ils déposent devant la maison de la famille de la mariée. Martin ajoute que la famille de la mariée construit également un échafaudage en bois d’une hauteur de 6 mètres devant la maison, où les gens peuvent pendre « des couvertures, des tapis et des vêtements, [parfois] cousus mains, parfois achetés, pour la maison des futurs mariés ».

    La communauté joue un rôle essentiel. Martin témoigne que, par exemple, il faut « 10 à 15 personnes pour construire » l’échafaudage. Et puis, il faut monter la chambre et la démonter à la fin de la journée. « Il faut une armée de 50 à 60 personnes pour chaque mariage, » dit Martin.

    Après le spectacle matinal de la chambre, la famille de la mariée accueille la célébration du samedi après-midi. Les Pomaks mangent, accrochent de l’argent sur les jeunes mariés, et dansent la traditionnelle houra sur la place du village. Plus tard, dans la soirée, la mariée et ses amies peignent parfois leurs mains au henné. Les jeunes termineront la nuit à fumer et à discuter dans les cafés.

    Le jour suivant, on remet ça. La chambre et les cadeaux sont de sortie le matin, et la famille du marié organise une autre célébration dans l’après-midi.

    Mais le dimanche soir, la mariée ne va pas se contenter de peindre ses mains au henné. Elle va s’allonger au milieu de ses amies et parentes qui s’occuperont de délicatement décorer son visage de peinture blanche et de bijoux, tradition appelée gelina qui, selon Martin, peut prendre plusieurs heures.

    La mariée est ensuite remise sur pied. Les yeux fermés, elle se laisse guider en-dehors de la maison de ses parents. C’est symbolique, explique Martin, « parce qu’elle quitte cette maison et n’y reviendra plus pour y vivre. »

    Vêtue d'une tenue traditionnelle, une jeune femme de Ribnovo est en route pour le mariage de Letve Osmanova et Refat Rvdikov.
    Photo Guy Martin, National Geographic

    Une foule se rassemble dehors, et le couple se tient devant eux pendant parfois une heure pour recevoir les cadeaux et prendre des photos (le tout, alors que la mariée garde les yeux fermés). Un imam récite parfois une bénédiction ou une prière. La mariée commence alors sa marche cérémoniale vers la maison de la famille de son mari.

    « Le marié et la mariée, qu’ils vivent côte-à-côte ou à un kilomètre l’un de l’autre, doivent marcher (…) alors que la mariée garde les yeux fermés, » décrit Martin.

    Après l’arrivée du jeune couple, les membres de la famille du marié les accompagnent dans leur chambre. Ils mettent parfois un petit voile rouge sur le visage de la mariée, souvenir de l’époque des mariages arrangés, pour symboliser leur première rencontre.

    Après ça, tout le monde quitte (enfin !) les jeunes mariés pour trois jours complets.

    A Ribnovo, une femme pomak transporte son bébé dans la neige.
    Photo Guy Martin, National Geographic

    De nos jours, les jeunes gens de Ribnovo quittent souvent le pays pour aller chercher du travail à l’étranger, parfois sur une partie de l’année, parfois de façon plus définitive. Alors qu’il devient de plus en plus accepté de fréquenter quelqu’un avant le mariage, les mariages arrangés n’ont plus le vent en poupe. (Certains jeunes Pomaks évitent carrément la cérémonie pour une raison qui n’a rien à voir avec la tradition : le coût. Après tout, organiser un mariage communal revient à très cher.)

    Si Martin affirme que la tradition nuptiale pomak est très ancrée, il reste toutefois à voir si les jeunes de Ribnovo exposés à de nouvelles idées à l’étranger continueront à rentrer pour se marier.

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