G.I.Jane, héroïnes de guerre

Les femmes jouent un rôle plus actif dans les forces armées, servant en première ligne des conflits, ou comme soldats de la paix dans les points chauds du globe.

De Lynsey Addario
Les soldats du corps des marines des États-Unis (USMC) doivent pouvoir se porter les uns les ...
Les soldats du corps des marines des États-Unis (USMC) doivent pouvoir se porter les uns les autres si nécessaire. La caporale Gabrielle Green a l’un de ses compagnons d’armes sur les épaules, à Camp Lejeune (Caroline du Nord).
PHOTOGRAPHIE DE Lynsey Addario

Dans une ville du désert, dans le centre-est de la Syrie, deux prisonniers sont assis par terre. Ils se sont rendus à l’Unité de protection du peuple (YPG, une milice principalement kurde), alors qu’elle chassait les combattants de Daech de Baghouz, leur dernier bastion en Syrie. Les prisonniers attendent d’être transportés dans un camp de détention qui compte déjà des dizaines de milliers de partisans et comparses de Daech. Des gardes les surveillent, avec un air triomphant. 

Cent mètres plus loin, des combattantes kurdes, AK-47 à l’épaule, font de même avec des femmes et des enfants – sans doute ceux des deux prisonniers. Les soldates de l’Unité de protection des femmes (YPJ) bavardent, certaines tirent de longues bouffées de leur cigarette (Daech interdisait le tabac aux femmes). D’autres ajustent leurs cheveux, en utilisant leur téléphone portable comme miroir (sous Daech, une femme découvrant ses cheveux et son visage aurait été fouettée). (À lire aussi : Qui sont les Kurdes, ce peuple partagé entre quatre pays ?)

La matinée traîne en longueur. Quelques combattantes s’approchent des prisonniers, presque avec désinvolture. Puis, lentement et délibérément, elles forment un cercle étroit autour des deux hommes, et les regardent droit dans les yeux. Il n’y a pas si longtemps, dans cette ville, une femme aurait pu être exécutée pour un tel comportement. Mais Daech est vaincu, et ces femmes qui se sont battues pour la Syrie kurde revendiquent l’égalité de traitement avec leurs camarades masculins. Tous sont ensemble en première ligne, savourant la victoire. Depuis le désert de Syrie et les prairies du Soudan du Sud jusqu’à la forêt tropicale ravagée par la guerre de l’ouest de la Colombie, de plus en plus de femmes sont en première ligne dans les conflits. Bien que les uniformes et les circonstances diffèrent, elles invoquent des raisons analogues pour expliquer leur engagement dans des forces armées.

 

"Tu te traînes ! C’est inadmissible !". Hollie Mulvihill, 26 ans, sergente-cheffe de l’USMC et instructrice à Parris Island, aboie ses remontrances sur Melissa Rodriguez Flores, 18 ans. Le corps d’armée forme toutes ses recrues féminines à Parris. Leur préparation est conçue pour être identique à celle des hommes.
PHOTOGRAPHIE DE Lynsey Addario

Elles veulent servir leur pays. Elles veulent montrer leur confiance en elles, leur compétence et leur force, donner l’exemple à leurs enfants, tout en se prouvant quelque chose à elles-mêmes. Certaines évoquent un objectif plus vaste que celui de leurs homologues masculins : elles veulent améliorer la vie des femmes et des jeunes filles – dans leur pays, dans leur région du monde et sur la planète.

Au moins seize pays industrialisés permettent aux femmes de jouer un rôle en première ligne, qu’elles prennent part directement ou non aux combats. Du reste, en ces temps d’attaques terroristes et d’affrontements ethniques, les femmes qui servent dans les forces armées, où que ce soit dans le monde, « peuvent se retrouver au combat, car le champ de bataille n’est pas linéaire, explique la lieutenante-colonelle des marines Misty Posey, qui commande les recrues féminines à Parris Island (Caroline du Sud). Que vous soyez dans l’administration ou dans le ravitaillement, vous pouvez être appelée à combattre. » Habituées au stéréotype du « sexe faible », les recrues arrivent souvent en se demandant si elles seront à la hauteur de la tâche. « Les femmes apprennent la faiblesse, dit Posey. Nous pouvons aussi la leur désapprendre. » 

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    Josephine Muhawenimana, une Rwandaise mère de deux enfants, a d’abord rejoint les rangs des policiers parce qu’elle admire « leur force et […] le fait qu’ils inspirent les autres ». Elle est maintenant sergente-cheffe au sein d’une mission de maintien de la paix des Nations unies au Soudan du Sud, un pays meurtri par la guerre civile et les conflits ethniques. Muhawenimana a réchappé du génocide rwandais de 1994. Elle espère que les casques bleus pourront prévenir un bain de sang similaire au Soudan du Sud. Les femmes de ce pays semblent fières du travail qu’elle accomplit, observe-t-elle : des mères l’ont remerciée pour avoir montré à leurs filles qu’il existe une autre solution que le mariage, alors que celles-ci sortent à peine de la puberté.

    En Colombie, une combattante appelée la Comandante Yesenia fait partie depuis vingt ans de l’Armée de libération nationale (ELN), une guérilla de gauche luttant contre le gouvernement. Elle a accouché d’une fille dans la forêt. Elle dit se battre en faveur de l’égalité pour les pauvres, les peuples autochtones et les femmes : « Chacun apporte sa pierre à l’édifice. D’une façon ou d’une autre, nous nous battons tous. » Dans le désert syrien, Nuda Zagros, une combattante de l’YPJ, imagine l’avenir : « Nous souhaiterions aller partout où les femmes sont oppressées. Nous voulons nous battre pour l’égalité. Nous ne voulons pas être supérieures et nous ne voulons pas avoir de supérieurs. Nous sommes tous semblables. »

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