Au-delà des contes, voyage au cœur de la Forêt-Noire
Ceinte de montagnes et pétrie de traditions, la région de la Forêt-Noire, dans le sud-ouest de l’Allemagne, a inspiré contes et légendes durant des siècles. De nos jours, son histoire tourne autour de l’artisanat, de la créativité et du temps lui-même.

« Le secret, révèle Hannes Schmidt, réside dans la truffe de Bourgogne de la Forêt-Noire. Nous avons expérimenté pendant six mois pour trouver la quantité exacte qu’il fallait ajouter. » La Boar Distillery est ouverte à la visite et aux dégustations mais les réservations peuvent être complètes un an à l’avance.
« La vallée où nous nous trouvons compte plus de mille distilleries qui produisent du schnaps – soit la plus importante concentration en Europe », nous apprend Hannes Schmidt, P-DG de la Boar Distillery.
Il se tient dans la distillerie plusieurs fois centenaire de Bad Peterstal-Griesbach, en pleine Forêt-Noire, et explique que l’entreprise est passée du schnaps au gin il y a dix ans à peu près.
Nichée sur les pentes de la vallée de la Rench, la distillerie produit des lots limités avec de l’eau issue de sa propre source. Et ce n’est pas n’importe quel gin. Avec les dix-neuf plantes locales qui y infusent, c’est l’un des plus récompensés au monde.
« De nos jours, c’est différent. Nous avons un milieu artistique contemporain riche. » On retrouve les créations du Black Cosmos Project dans toute la région, et notamment à Kloster Hirsau, musée installé dans une abbaye médiéval dans le village d’Hirsau.
« Il est important pour notre culture de savoir d’où nous venons et où nous allons. C’est ce que représente ce mouvement », explique Uwe Baumann, créateur du Cosmos Black Project, projet réunissant des artistes de la région pour réinterpréter les traditions de la Forêt-Noire. L’idée était de jouer avec des symboles traditionnels comme la pendule à coucou et le bollenhut, et de faire en sorte qu’ils résonnent avec notre époque.
C’est ici que la fabrication de pendules à coucou s’est développée au milieu du 18e siècle et qu’ont été réunis tous les éléments nécessaires à leur bon fonctionnement : du bois de la région pour former les maisons, puis le mécanisme, et enfin les soufflets auxquels on doit ce son caractéristique de coucou.
Au sud de Gutach se trouve Schonach, ville calme qui a de quoi prétendre à la gloire : c’est là qu’est né la pendule à coucou.
Les villes de Kirnbach, Gutach et Reichenbach abritent une tradition devenue un symbole de la région de la Forêt-Noire. Le bollenhut est un chapeau de paille et de plâtre qu’on orne de quatorze pompons en laine. Depuis le 18e siècle, on fait porter ce chapeau rouge aux femmes célibataires pour indiquer qu’elles sont à la recherche de prétendants (le rouge étant associé à la jeunesse).
« Il faut deux kilogrammes de laine et une semaine environ pour fabriquer un bollenhut », explique Gabriele Aberle, une des deux dernières fabricantes de bollenhuts à Gutach. Il en existe différentes versions correspondant à différents stades de la vie : pour son mariage, on arbore une couronne de perles et de miroirs multicolores (pour repousser le diable) ; après la cérémonie, on met un bollenhut avec des pompons noirs. De nos jours encore, on porte ces chapeaux à l’occasion de mariages et de fêtes, mais pour cela il faut habiter l’un des trois villages.
Depuis trois décennies, Freddy Boch, propriétaire de l’hôtel Engel, fait des gâteaux en suivant la recette de son grand-père. Tous les deux ans, il organise le Black Forest Cake Festival, où un jury de confiseurs juge plus de 250 gâteaux du monde entier. Avec d’autres chefs de la région, Freddy Bock anime également des ateliers de fabrication de gâteaux de la Forêt-Noire.