Vingt-huit jours sous la mer en images
Laurent Ballesta et trois autres explorateurs ont passé un mois dans un minuscule caisson en Méditerranée. À chaque plongée, ils ont observé une vie marine étonnante – et des traces de notre impact.

Chaque jour, une cloche à plongeur descendait l’équipe de l’auteur au fond de la mer depuis sa station pressurisée montée sur une barge flottante. Au large de Cassis (Bouches- du-Rhône), à 68 m de fond, une mostelle de roche inspecte un récif érigé par des algues coralligènes.
Au large de Marseille, des crevettes narvals évoluent dans des forêts de corail noir (nom qu’il doit à son squelette noir, malgré ses tissus vivants blancs). Les crevettes mesurent environ 10 cm et émettent des signaux via leurs antennes.
Sur la barge, Laurent Ballesta (au premier plan) et ses compagnons partageaient 5 m2 de confinement. Ils accédaient à la cloche à plongeur – et à la liberté des profondeurs – via le module servant de salle de bains.
Cédric Gentil, membre de l’équipe de soutien, flotte tête en bas sous la barge, à côté de l’écoutille de la cloche à plongeur. En gardant la pression à l’intérieur de l’habitacle et de la cloche au même niveau que celle des fonds marins, l’équipe a évité les longs paliers de décompression entre les plongées.
Lors de la toute première plongée, devant Marseille, Ballesta a assisté à un spectacle rare : deux calmars veinés (Loligo forbesii) engagés dans une délicate danse nuptiale. Placé sous la femelle, le mâle attend le moment décisif.
Près de la Promenade des Anglais, à Nice, une rascasse blanche attend, enfouie dans la vase, de se jeter sur une proie. Ce poisson qui mesure en général moins de 1 m de long est très répandu en Méditerranée.
Au large de Cassis, cette crevette des gorgones semble bien mal camouflée, mais peut-être n’est-elle pas dans son milieu habituel. Déjà observée dans d’autres couleurs, Balssia gasti se confond avec son corail hôte par mimétisme.
Prise au large de l’île de Port-Cros, cette vue de face d’une baudroie révèle sa corpulence et son art du camouflage. En plein milieu de son affreux museau se dresse le long leurre qui lui sert à attirer ses proies.
Dans l’Atlantique Nord et en Méditerranée, les nageurs fuient à la vue de Pelagia noctiluca. Des cellules urticantes recouvrent le corps et les tentacules de cette méduse aussi appelée « piqueur-mauve ». Ici, au large de La Ciotat, la piqûre d’un corail noir a paralysé cette pélagie.
Une rascasse rouge se nourrit de crevettes narvals sur un récif, au large de Marseille. Faits d’algues rouges et d’autres espèces, les récifs coralligènes sont des hauts lieux de la biodiversité de la Méditerranée profonde.
la bécasse de mer mesure environ 15 cm de long. Elle a de grands yeux pour voir dans les eaux profondes et un long museau pour aspirer des crevettes ou des escargots. Elle vit dans les fonds vaseux du monde entier.
Une porcelaine pourpre se cache dans un gorgonaire. Les forêts de gorgonaires servent d’habitat à d’autres espèces. Le réchauffement des eaux et une algue invasive, Nematochrysopsis marina, les menacent.
Le saint-pierre, autre habitant des fonds marins, se nourrit en gobant de petits poissons, des seiches ou des crevettes. Il est lui-même un mets très apprécié dans les restaurants de la Côte d’Azur, dont beaucoup portent son nom.
À de telles profondeurs, l’équipe a souvent observé de plus gros animaux. Le poisson-lune, ou môle (Mola mola), est l’un des plus lourds poissons osseux. Celui-ci mesure environ 2 m de long. L’espèce migre souvent vers la surface la nuit, mais passe l’essentiel de la journée dans les grands fonds, sans doute parce qu’elle y trouve plus de proies.