Les lieux incontournables à photographier
Publication 10 mars 2022, 06:29 CET

Aujourd’hui encore, l’Antarctique nous dépasse. C’est déjà un symbole, ancré dans notre imagination par les histoires d’explorations héroïques et d’échecs tragiques du siècle dernier. L’Antarctique nous subjugue à distance, il donne une leçon d’humilité même aux plus grands baroudeurs. Il est bien plus vaste dans la réalité que dans notre imagination.
Relégué à l’oubli tout en bas des mappemondes dans nos salles de classes, le peu de connaissance que nous en avons nous prépare mal à l’apparition éblouissante des hautes chaînes de montagnes déchirant le grand ciel bleu, des sublimes icebergs et des glaciers turquoise, ainsi qu’à l’abondance inconcevable de la vie. En effet, ce sont les colonies de nidifications sans fin des manchots, toujours drôles et complètement indifférents à la présence des visiteurs humains, qui font de l’Antarctique un monde profondément unique.
Parfait cliché : À part les manchots, n’importe quelle vue qui rend hommage à l’échelle hors norme et aux grandeurs de l’Antarctique.
Photo Jim RichardsonPleine de grâce, de beauté et assurant un enchantement permanent, Venise est aussi l’incarnation du désir tragique et dévorant pour la richesse, le pouvoir et les ambitions sordides. Que toutes ces contradictions cohabitent dans un environnement aussi somptueux en font, et ce à juste titre, une destination synonyme d’expérience du monde.
L’expression « Voir Venise et mourir » place la ville en ultime position de toutes les listes de voyage. À l’époque victorienne, on n’avait pas vécu, on n’avait pas vraiment terminé sa jeunesse, tant qu’on n’était pas allé à Venise. Pourtant, elle dépasse tous les clichés. Elle n’est jamais clinquante et toujours remarquable. Aujourd’hui, cette île-cité à l’hégémonie perdue est un musée à part entière, un voyage dans le temps auquel on ne peut pas renoncer. Elle est absolument ravissante.
Parfait cliché : Les gondoles sur le Grand canal.
Photo Jim RichardsonPerdu pendant près de 400 ans sous la jungle envahissante des hauteurs andines, le Machu Picchu a retrouvé toute sa magie après sa redécouverte en 1911 par le célèbre explorateur Hiram Bingham, qui l’a fait entrer dans le monde moderne. Un siècle plus tard, et il est toujours aussi stupéfiant, évoquant les merveilles des rois Incas et de leur opulente retraite en altitude. C’est un prodigieux sanctuaire entouré de hautes montagnes, de vallées plongeantes et de nuages tourbillonnants. Même les lamas semblent capables d’entendre parler ses fantômes. Les maisons et les avenues de pierre, les places et les sites sacrés, tout cela nous évoque une vie bien présente mais jamais observée.
Parfait cliché : Du haut des terrasses supérieures, où Hiram Binham prit les toutes premières photos pour le magazine National Geographic.
Photo Jim RichardsonPeu d’endroits évoquent aussi bien l’intemporalité que Stonehenge. La certitude absolue que tous les ans, depuis 5 000 ans, la Terre, le Soleil et Stonehenge ont été alignés pour que les rayons de notre étoile parcourant la plaine de Salisbury s’insèrent dans les pierres levées, faisant vibrer notre sens de l’ordre cosmique. Les pierres se tiennent là, imposantes mais gracieuses, placées par un peuple habile dont on peine à se souvenir voire à imaginer. Et puis, le moment et terminé. On réalise alors que nous aussi, nous avons été alignés, ne serait-ce qu’un instant, avec le temps lui-même.
Parfait cliché : Les rayons du soleil jouant avec les pierres d’une façon ou d’une autre.
Photo Jim RichardsonLe Taj Mahal est célèbre pour sa beauté (évidemment), parce qu’il est le symbole d’un amour interminable (peut-être), et par-dessous tout, il est célèbre parce qu’il est célèbre. Même s’il n’était pas l’incarnation dans la pierre de la symétrie parfaite, ses proportions ayant été élégamment modérées par des siècles de constructions monumentales par les dirigeants moghols du centre de l’Inde, il continuerait à nous envoûter par sa place unique dans l’histoire des voyages internationaux. Depuis des siècles, il est le lieu touristique par excellence. Des millions de photos ont été prises au même endroit, devant le bassin où son image se réfléchit, toutes aussi « parfaites » que le monument de marbre lui-même. D’une certaine façon, prendre la photo constitue en soi une sorte de pèlerinage, pour voir par soi-même ce que des millions d’autres personnes ont vu.
Parfait cliché : Devant le bassin, le Taj Mahal encadré par ses minarets.
Photo Jim RichardsonAlignées et envoûtantes, les statues de l’île de Pâques, appelées "moais", éveillent notre subconscient. L’ensemble de statues, à la fois irréel et si bien connu, nous évoque le culte des ancêtres tel que les habitants de l’île, à jamais perdus dans le vaste océan Pacifique, en avait l’intention. Notre imagination chancelle à l’idée de cette solitude.
Ces Polynésiens ont fait une traversée épique du Pacifique pour rejoindre cette île, un petit caillou, et n’ont vu personne d’autre pendant près d’un millénaire. Laissés seuls face à leur imagination, les habitants de l’île ont inventé leur propre version de l’éternité. Dans l’obscurité, sous le ciel étoilé, les imposantes statues ont le pouvoir de hanter l’esprit comme peu d’autres lieux sur Terre.
Parfait cliché : Tongariki, et sa longue rangée de moai qui se profile à l’horizon.
Photo Jim RichardsonLe temple d’Angkor Wat, qui s’élève de la jungle cambodgienne, est la structure religieuse la plus grande du monde. Non loin de là se trouve un autre temple, Ta Prahm, moins imposant mais bien plus pénétrant dans l’esprit. Là-bas, les racines des figuiers étrangleurs descendent en cascade sur les murs de pierre aux gravures complexes, encadrant les portes. Murs et racines dépendent l’un de l’autre, et ne sauraient tenir l’un sans l’autre. Les racines serpentent tout autour des symboles religieux, un peu comme les synapses d’un ancien système nerveux connectant des pensées perdues gravées dans la roche.
Parfait cliché : Les portes du temple encadrées par les racines.
Photo Jim RichardsonLe Serengeti est une épiphanie pour ses visiteurs. Le monde sauvage a bel et bien encore sa place ici-bas. Dans la savane desséchée par le soleil de Tanzanie, la vie est fondamentale, la chaîne alimentaire est évidente et ne fait aucun sentiment, l’art de la survie s’applique au quotidien, et la gentillesse et la pitié sont inexistantes. Les grandes migrations rassemblent tous ses acteurs en un immense drame permanent. Les immenses panoramas sont paisibles, si l’on oublie la silhouette d’une lionne en traque cachée dans les hautes herbes. Nous sommes des intrus dont le salut vient de la reconnaissance de notre insignifiance. C’est à la fois une leçon d’humilité, et un moment de réconfort.
Parfait cliché : Des vues et des silhouettes symboliques évoquant nos émotions primitives.
Photo Jim RichardsonLes pyramides sont le monument emblématique par excellence. Leur forme triangulaire est immédiatement reconnaissable, ancrée dans notre imaginaire culturel collectif et associée à un lieu, une époque, une philosophie. Quelle forme !
Pendant près de 4 500 ans, elles ont été les merveilles les plus merveilleuses, jouant dans leur propre ligue, jamais défiées grâce à leur pure audace, de véritables modèles d’architecture. Et puis, il y a le Sphinx. Une énigme qui évoque un mystère dont on ne souhaite pas trouver la réponse. Regard plongé dans la distance, il est encore plus intrigant ainsi que si l’on en savait plus à son sujet. Il fut particulièrement envoûtant sur les vieilles images le représentant enterré jusqu’au cou dans le sable du désert égyptien. Tombeau des rois, monuments d’aspiration humaine, le tout sur le soleil ardent d’Égypte.
Parfait cliché : Explorer les nombreux alignements possibles, de loin pour rassembler les silhouettes, ou de plus près pour des connexions plus intimes.
Photo Jim RichardsonDans les hautes-terres de Papouasie-Nouvelle-Guinée, nous nous retrouvons face à face avec des aspects de notre esprit que le monde moderne s’est chargé d’enterrer en profondeur. Le peuple Huli (ainsi que de nombreux autres peuples et cultures) perpétuent des traditions qui puisent leurs racines dans le temps et l’esprit, ravivant les esprits intérieurs et (avec leurs tenues complexes et leur maquillage somptueux) les arborent fièrement lors de rassemblements. Leur transformation en apparitions du monde des esprits est stupéfiante. En observant leurs visages, on est confronté à notre nature irrésolue et fracturée. À travers toute la Papouasie-Nouvelle-Guinée, chaque groupe affiche, avec fierté, son identité et son être intérieur.
Parfait cliché : Les visages pendant les danses, les personnages ramenés à la vie.
Photo Jim Richardson