Au Népal, l'exil des femmes menstruées
Au Népal, une croyance traditionnelle oblige les filles et femmes de fuir leurs foyers pendant leurs règles, jugées impures. Elles sont forcées d'aller dans des huttes qu'elles partagent.

Anjali Kumari Khang a 12 ans. "Je ne suis pas contente. Je ne veux pas me marier. J'espère que mon mari aura un travail dans un autre pays. Comme ça je pourrai revenir chez ma mère et rester aussi longtemps que je voudrais".
Le mariage des enfants est généralisé dans le nord est du Népal. Les jeunes filles sont vues comme des fardeaux, des bouches supplémentaires à nourrir et sont souvent mariées trop tôt. Une croyance populaire veut que si une jeune fille se marie avant d'avoir ses premières règles, sa famille proche accédera au paradis.
Village d'Einerwa, district Saptari district, Népal.
PHOTOGRAPHIE DE Poulomi BasuRanga Joshi, 42 ans, partage sa cabane avec Minu, 14 ans, qui est là pour la première fois. "Parfois, je reçois de la nourriture, parfois j'ai faim mais doit rester ici", dit Joshi. "Mes enfants sont encore petits, donc ils ne peuvent pas vraiment se gérer. Mon mari travaille en Inde six mois par an. Quand il est à la maison, il m'apporte de la nourriture. Les hommes ne comprennent pas ce qu'est la menstruation. Comment le pourraient-ils ?"
PHOTOGRAPHIE DE Poulomi Basu"La première fois que je suis allée dans un chaupadi, j'ai eu peur des serpents", dit Mangu Bika, 14 ans, qui partage une cabane menstruelle avec Chandra Tiruva, 34 ans. "Maintenant, je n'ai plus peur des hommes ou d'être kidnappée. J'ai juste peur de ce qu'il m'arrivera après le mariage. Je veux grandir et être professeur parce que j'aime aller à l'école. Lorsque nous allons à l'école, nous nous asseyons tous ensemble et il n'y a pas de discrimination à l'égard des femmes qui ont leurs règles."
PHOTOGRAPHIE DE Poulomi BasuLa pratique du Chapaudi, qui comprend la subsistance d'un régime alimentaire basique de riz et de lentilles, empêche Tula d'aller à l'école puisqu'elle se doit de gagner de l'argent pour sa famille. Elle envisage de quitter l'école.
PHOTOGRAPHIE DE Poulomi BasuUne cabane chaupadi partagée par Pabitra Pariyar, 14 ans, et Dharma Nepali Pariyar, 25 ans, dans le district de Surkhet au Népal. "C'est pour Dieu", dit Dharma. "Dieu crée des humains et se fâchera si nous n'obéissons pas aux règles. Nos frères aussi seront en colère. "
PHOTOGRAPHIE DE Poulomi BasuUma, 14 ans, n'a rien dit à personne quand elle a eu ses règles pour la première fois par crainte d'être envoyée en exil, raconte Basu. Quand elle n'était plus capable de cacher les saignements, elle a été punie et a dû aller dormir au sommet des bottes de foin dans la grange.
PHOTOGRAPHIE DE Poulomi BasuDe gros nuages lourds surplombent le paysage rural du district de Surkhet au Népal.
PHOTOGRAPHIE DE Poulomi Basu"Quand les gens viennent nous voir au Chaupadi, j'ai honte", raconte Thyra Khuri Bishwa Karma, 16 ans, à Basu.
PHOTOGRAPHIE DE Poulomi BasuDevi Ram Dhamala, 59 ans, est guérisseur. "Les guérisseurs insultent et frappent les jeunes filles malades pour les soigner, pendant leurs règles ou durant leur cycle, croyant qu'elles sont possédées par l'esprit maléfique", dit Basu.
PHOTOGRAPHIE DE Poulomi BasuShiv Pujan, 30 ans, dans cadre photo tenu par sa femme Mamata, 17 ans, dans un village du district de Saptari au Népal. Pujan a été électrocuté et est mort pendant son travail en Inde. Les veuves comme Mamata sont exclues de la société. "Perdre son mari signifie que la femme souffre des péchés commis dans une vie passée", explique Basu.
PHOTOGRAPHIE DE Poulomi BasuPaysage entourant le village de Tatopani.
PHOTOGRAPHIE DE Poulomi BasuMangu Bika, 14 ans, partage une cabane avec Chandra Tiruva, 34 ans, et l'enfant de Tiruva, Madan, 2 ans. "C'est la croyance traditionnelle qui dit que notre kul devtaa (dieu de la maison) sera en colère, alors j'ai été envoyée ici", a déclaré Tiruva Basu. "Je n'aime pas être ici. Ma belle-mère me force. Que puis-je faire ? Elle s'occupe de mes trois autres enfants pendant ce temps. Mais ma belle-mère force aussi mon enfant de deux ans à venir ici parce qu'il dort avec moi."
PHOTOGRAPHIE DE Poulomi BasuSaraswati, âgé de 16 ans, a eu des saignements post-partum après la naissance de son bébé. Elle et son nouveau-né ont été envoyés en exil pendant 15 jours, au cours desquels elle est tombée malade. Le photographe a fait en sorte que Saraswati soit transportée à l'hôpital le plus proche, à plusieurs heures de route.
PHOTOGRAPHIE DE Poulomi BasuAu cours du festival annuel Rishi Panchami à Katmandou, au Népal, les femmes se lavent des péchés commis pendant la menstruation.
PHOTOGRAPHIE DE Poulomi Basu